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États Généraux de l’Alimentation

Après les débats des États Généraux de l’Alimentation et les discours, il est temps de passer à l’action

Le journal Les Échos avait organisé une soirée décryptage des États Généraux de l’alimentation en présence d’experts et d’acteurs de la filière agricole française. S’ils se sont tous montrés satisfaits des annonces du président Macron, certains ont cependant dénoncé la lenteur de la mise en place des mesures.

Par Publié par Cédric Michelin

« Si le président a mis le prix au cœur de sa politique agricole et des États Généraux de l’Alimentation ce n’est pas un hasard », a déclaré Olivier Alain, coordinateur des États Généraux de l’Alimentation, en ouverture d’une soirée décryptage sur les États Généraux de l’Alimentation (EGA) organisée par Les Échos, le 7 novembre. « Sans aide à la production, les 500 000 entrepreneurs du monde agricole auraient des revenus négatifs, retrouver du prix a donc du sens ». Mais il a aussi rappelé que « pour permettre une meilleure rémunération, il faudra que chacun prenne ses responsabilités, que tous les acteurs de la filière s’engagent pour s’organiser, mais aussi pour une montée en gamme des produits qui permettra de mieux les vendre ». Une des grandes réussites de ces EGA a été de permettre à tous les acteurs de se retrouver autour de la table pour travailler ensemble et mettre fin à ce que certains appellent « une guerre fratricide ». François Eyraud, directeur général de Danone Produits Frais France, a redit « la complexité de la situation, nous sommes dans un système à bout de souffle et il n’existe pas de solution simple ».

Sur la contractualisation, et donc l’inversion de la construction du prix, tous les intervenants présents se sont accordés pour dire que c’était une des mesures les plus importantes annoncées par le président de la République. Guillaume Pezzali, avocat expert au cabinet FIDAL, a souligné que « cette nouvelle donne contractuelle était inédite mais pas nouvelle sur le plan juridique ».

Accélérer le processus législatif 

Serge Papin a salué cette mesure, mais a été déçu par la lenteur de l’arrivée des textes de lois, « on nous a demandé, en un mois, de se réunir pour trouver une solution à un problème qui a plus de 30 ans, celui de la rémunération des agriculteurs. Nous avons trouvé des consensus, le président de la République annonce des mesures dans son discours et ensuite on nous dit rendez-vous en juin 2018 ! ». Guillaume Pezzali a rappelé que « six à huit mois pour la construction et le vote d’un texte de loi c’est un temps court ». La présidente de la FNSEA a évoqué le fait « que certains textes, comme ceux de la loi travail, sont passés rapidement grâce aux ordonnances. Cette législation sur la contractualisation est tout aussi importante et devrait donc pouvoir bénéficier du même traitement ».

Pour attendre ce texte de loi, les acteurs de l’agroalimentaire ont finalisé, le 3 novembre dernier, un projet de charte d’engagement. Elle doit confirmer les principaux éléments de consensus issus des ateliers nationaux du premier chantier des États Généraux de l’Alimentation, notamment, sur les négociations commerciales. Pour Thierry Blandinière, président-directeur général d'In vivo, « cette charte doit être la base du texte de loi et doit être signée par tous les acteurs ». Là encore, Serge Papin dénonce la lenteur du processus « on se réunit, tout le monde est d’accord, mais on ne sait pas quand elle va être signée, on ne sait plus où on en est ! ». Christiane Lambert a aussi évoqué « son inquiétude sur la suite des évènements, on ne sait pas ce qui freine, mais pour moi la signature de cette charte doit aussi être conditionnée par le contenu de la future loi ». Concernant le relèvement du SRP (Seuil de revente à perte), autre mesure phare annoncée par le président Macron, le président directeur général d'In vivo a souligné que cela « ne suffira pas, il va certes redonner de l’oxygène au monde agricole, mais sur le fond, l’enjeu est de redonner de la compétitivité à la ferme France sur notre territoire mais aussi à l’international ».

Pour conclure cette soirée décryptage, Alphonse Delaroque, associé au cabinet KPMG, a redit que l’élément saillant de cette table ronde et de ces EGA était « le consensus sur la nécessité d’améliorer la rémunération des agriculteurs et de tous les acteurs, tout le monde souffre ». Il a également salué « les temps d’échanges rapides de ces EGA qui ont tout de même permis de trouver des solutions, comme l’inversion de la contractualisation ».