Arvalis fait des projections en rotation colza-blé-orge avec des marges nettes réduites de 80 % !
« 2018 va être une année de bascule », prévient Arvalis qui s’attend - comme toute la profession - à voir un nombre certains de « substances » actives être « ré-éxaminées ». Autorisations ou interdictions - « avec des délais certes » - l’année prochaine inquiète donc. Ingénieur spécialiste du désherbage chez Arvalis, Ludovic Bonin a présenté à Beaune de premières hypothèses de travail au sujet de la rotation colza-blé-orge.

C’est une des rotation « majeure » de la région Bourgogne Franche-Comté : colza-blé-orge. Dès lors, Arvalis a travaillé sur différents scénarii pour tenter de prévoir différentes situations et leurs influences conjuguées. Un exercice de prospective difficile certes. « Essayons de nous projeter dans dix ans en enlevant un certain nombres de produits - comme le glyphosate - et regardons les trajectoires prises d’un scénario à l’autre, plutôt que les chiffres absolus car ils sont discutables », reconnaissait Ludovic Bonin.
Partant de cette rotation simple, son modèle théorique introduisait un premier critère : sol labouré ou non, travail superficiel ou non, semis direct ou non. Deuxième critère, la présence ou non de sols drainés. Troisième critère, la présence de plantes résistantes ou non aux produits phytosanitaires. Au final, douze scénarii ont pu être bâtis.
Ludovic Bonin n’en présentait que les cinq - « pour une meilleure compréhension des tendances » - ayant le plus de chance de correspondre aux réalités rencontrés sur le terrain dans la région.
Surcharges de travail
Ces cinq scénarii « hypothétiques » ont été rentrés dans un logiciel informatique Systerre© prenant en compte et calculant plus d’une centaine de variables. Pour avoir une exploitation "type", Ludovic Bonin est parti d’une exploitation de 150 ha avec 50 ha de colza, 50 de blé et 50 d’orge. Le tout « sans modifier, ni la protection fongicide, ni la protection insecticide » et en conservant un programme anti-dicotylédones comme ceux employés aujourd’hui régulièrement. « Je le redis, c’est discutable politiquement et réglementairement. Cela ne sera peut être pas le cas mais ne considérez pas cela, comme ce qui va arriver demain mais voilà », recontextualisait-il encore et encore. Car les tendances ont de quoi faire peur…
Globalement, « quand on regarde les charges herbicides, on se coupe alors de solutions. Cela coute moins cher logiquement. On économise 20 €/ha par rapport à l’actuel itinéraire. En revanche, on doit surcompenser avec des charges de mécanisation puisque l’on fait plus de faux semis, de binage, de passage d’herse étrille, d’écimage ou même de récolte des menu-pailles. Ce qui fait en différentiel plus 37 €/ha », débutait-il pour continuer sa logique "herbicide" interdit. Ludovic Bonin tempérait immédiatement : « on sait néanmoins que la partie charge "herbicide" opérationnelle, ce n’est rien du tout dans la somme des charges. Après, il faut compter le temps de travail. Là, on passe de 1h30 par ha à 3h07 soit pour 150 ha, 225 heures en plus ! Ne retenez pas ce chiffre mais cette somme d’heures en plus ». Une façon de dire que la faisabilité technique annuelle, en fonction des conditions climatiques, peut vite imposer des limites sur les exploitations en terme d’organisation pratique des travaux. Pour aller donc « au bout » du modèle, Ludovic Bonin a simulé les charges nettes dégagées par ha. « On passe de 318 €/ha à 282 €/ha ».
Avec des pertes de récolte
« Une petite perte pas énorme ? », interrogeait-il septique. A ce moment là, il dégainait de nouveaux critères. « Nous avons rajouté deux scénarii réalistes en plus ». Le premier envisage une perte de 10 % de rendement en colza et des pertes de 20 % en blé et en orge. En prenant comme point de départ, 33 quintaux de référence par ha en colza, 70 en blé et 75 en orge. « Dans ce cas, on tombe à 151 €/ha de marge nette, soit une perte de 50 % par rapport à la situation de départ ». Silence dans la salle…
Deuxième scénarii, « si l’on va plus loin avec des pertes de rendements plus conséquentes : -20 % en colza, -30 % en blé et -30 % en orge. Là, on tombe à 62 €/ha de marge nette. On a perdu les 4/5 de la marge du départ ».
Ainsi pour une rotation colza-blé-orge, les baisses de marges nettes par hectare iraient de 50 à 80 % en terme de tendance…
« Tout est discutable. Retenez qu’ici le matériel était optimisé », ne rassurait-il toujours pas. Une agricultrice dans la salle mettait les pieds dans le plat : « votre conclusion, c’est que la rotation colza-blé-orge dans notre région est condamnée à terme si je raccourci », et elle demandait les alternatives. Pour Luc Pelcé d'Arvalis, « le but de la présentation est de démontrer ce dont nous nous doutions tous, sans savoir vraiment chiffrer de combien ». Arvalis et d’autres Instituts testent et expérimentent « des solutions avec d’autres itinéraires (rotations, dates de semis, colza tous les 5-6 ans…) à l’échelle du système de culture», tout en précisant bien que ce n’est que « le début des travaux sur les plateformes ». Autant dire, que le compte-à-rebours a plus que commencer…
Arvalis fait des projections en rotation colza-blé-orge avec des marges nettes réduites de 80 % !

C’est une des rotation « majeure » de la région Bourgogne Franche-Comté : colza-blé-orge. Dès lors, Arvalis a travaillé sur différents scénarii pour tenter de prévoir différentes situations et leurs influences conjuguées. Un exercice de prospective difficile certes. « Essayons de nous projeter dans dix ans en enlevant un certain nombres de produits - comme le glyphosate - et regardons les trajectoires prises d’un scénario à l’autre, plutôt que les chiffres absolus car ils sont discutables », reconnaissait Ludovic Bonin.
Partant de cette rotation simple, son modèle théorique introduisait un premier critère : sol labouré ou non, travail superficiel ou non, semis direct ou non. Deuxième critère, la présence ou non de sols drainés. Troisième critère, la présence de plantes résistantes ou non aux produits phytosanitaires. Au final, douze scénarii ont pu être bâtis.
Ludovic Bonin n’en présentait que les cinq - « pour une meilleure compréhension des tendances » - ayant le plus de chance de correspondre aux réalités rencontrés sur le terrain dans la région.
Surcharges de travail
Ces cinq scénarii « hypothétiques » ont été rentrés dans un logiciel informatique Systerre© prenant en compte et calculant plus d’une centaine de variables. Pour avoir une exploitation "type", Ludovic Bonin est parti d’une exploitation de 150 ha avec 50 ha de colza, 50 de blé et 50 d’orge. Le tout « sans modifier, ni la protection fongicide, ni la protection insecticide » et en conservant un programme anti-dicotylédones comme ceux employés aujourd’hui régulièrement. « Je le redis, c’est discutable politiquement et réglementairement. Cela ne sera peut être pas le cas mais ne considérez pas cela, comme ce qui va arriver demain mais voilà », recontextualisait-il encore et encore. Car les tendances ont de quoi faire peur…
Globalement, « quand on regarde les charges herbicides, on se coupe alors de solutions. Cela coute moins cher logiquement. On économise 20 €/ha par rapport à l’actuel itinéraire. En revanche, on doit surcompenser avec des charges de mécanisation puisque l’on fait plus de faux semis, de binage, de passage d’herse étrille, d’écimage ou même de récolte des menu-pailles. Ce qui fait en différentiel plus 37 €/ha », débutait-il pour continuer sa logique "herbicide" interdit. Ludovic Bonin tempérait immédiatement : « on sait néanmoins que la partie charge "herbicide" opérationnelle, ce n’est rien du tout dans la somme des charges. Après, il faut compter le temps de travail. Là, on passe de 1h30 par ha à 3h07 soit pour 150 ha, 225 heures en plus ! Ne retenez pas ce chiffre mais cette somme d’heures en plus ». Une façon de dire que la faisabilité technique annuelle, en fonction des conditions climatiques, peut vite imposer des limites sur les exploitations en terme d’organisation pratique des travaux. Pour aller donc « au bout » du modèle, Ludovic Bonin a simulé les charges nettes dégagées par ha. « On passe de 318 €/ha à 282 €/ha ».
Avec des pertes de récolte
« Une petite perte pas énorme ? », interrogeait-il septique. A ce moment là, il dégainait de nouveaux critères. « Nous avons rajouté deux scénarii réalistes en plus ». Le premier envisage une perte de 10 % de rendement en colza et des pertes de 20 % en blé et en orge. En prenant comme point de départ, 33 quintaux de référence par ha en colza, 70 en blé et 75 en orge. « Dans ce cas, on tombe à 151 €/ha de marge nette, soit une perte de 50 % par rapport à la situation de départ ». Silence dans la salle…
Deuxième scénarii, « si l’on va plus loin avec des pertes de rendements plus conséquentes : -20 % en colza, -30 % en blé et -30 % en orge. Là, on tombe à 62 €/ha de marge nette. On a perdu les 4/5 de la marge du départ ».
Ainsi pour une rotation colza-blé-orge, les baisses de marges nettes par hectare iraient de 50 à 80 % en terme de tendance…
« Tout est discutable. Retenez qu’ici le matériel était optimisé », ne rassurait-il toujours pas. Une agricultrice dans la salle mettait les pieds dans le plat : « votre conclusion, c’est que la rotation colza-blé-orge dans notre région est condamnée à terme si je raccourci », et elle demandait les alternatives. Pour Luc Pelcé d'Arvalis, « le but de la présentation est de démontrer ce dont nous nous doutions tous, sans savoir vraiment chiffrer de combien ». Arvalis et d’autres Instituts testent et expérimentent « des solutions avec d’autres itinéraires (rotations, dates de semis, colza tous les 5-6 ans…) à l’échelle du système de culture», tout en précisant bien que ce n’est que « le début des travaux sur les plateformes ». Autant dire, que le compte-à-rebours a plus que commencer…
Arvalis fait des projections en rotation colza-blé-orge avec des marges nettes réduites de 80 % !

C’est une des rotation « majeure » de la région Bourgogne Franche-Comté : colza-blé-orge. Dès lors, Arvalis a travaillé sur différents scénarii pour tenter de prévoir différentes situations et leurs influences conjuguées. Un exercice de prospective difficile certes. « Essayons de nous projeter dans dix ans en enlevant un certain nombres de produits - comme le glyphosate - et regardons les trajectoires prises d’un scénario à l’autre, plutôt que les chiffres absolus car ils sont discutables », reconnaissait Ludovic Bonin.
Partant de cette rotation simple, son modèle théorique introduisait un premier critère : sol labouré ou non, travail superficiel ou non, semis direct ou non. Deuxième critère, la présence ou non de sols drainés. Troisième critère, la présence de plantes résistantes ou non aux produits phytosanitaires. Au final, douze scénarii ont pu être bâtis.
Ludovic Bonin n’en présentait que les cinq - « pour une meilleure compréhension des tendances » - ayant le plus de chance de correspondre aux réalités rencontrés sur le terrain dans la région.
Surcharges de travail
Ces cinq scénarii « hypothétiques » ont été rentrés dans un logiciel informatique Systerre© prenant en compte et calculant plus d’une centaine de variables. Pour avoir une exploitation "type", Ludovic Bonin est parti d’une exploitation de 150 ha avec 50 ha de colza, 50 de blé et 50 d’orge. Le tout « sans modifier, ni la protection fongicide, ni la protection insecticide » et en conservant un programme anti-dicotylédones comme ceux employés aujourd’hui régulièrement. « Je le redis, c’est discutable politiquement et réglementairement. Cela ne sera peut être pas le cas mais ne considérez pas cela, comme ce qui va arriver demain mais voilà », recontextualisait-il encore et encore. Car les tendances ont de quoi faire peur…
Globalement, « quand on regarde les charges herbicides, on se coupe alors de solutions. Cela coute moins cher logiquement. On économise 20 €/ha par rapport à l’actuel itinéraire. En revanche, on doit surcompenser avec des charges de mécanisation puisque l’on fait plus de faux semis, de binage, de passage d’herse étrille, d’écimage ou même de récolte des menu-pailles. Ce qui fait en différentiel plus 37 €/ha », débutait-il pour continuer sa logique "herbicide" interdit. Ludovic Bonin tempérait immédiatement : « on sait néanmoins que la partie charge "herbicide" opérationnelle, ce n’est rien du tout dans la somme des charges. Après, il faut compter le temps de travail. Là, on passe de 1h30 par ha à 3h07 soit pour 150 ha, 225 heures en plus ! Ne retenez pas ce chiffre mais cette somme d’heures en plus ». Une façon de dire que la faisabilité technique annuelle, en fonction des conditions climatiques, peut vite imposer des limites sur les exploitations en terme d’organisation pratique des travaux. Pour aller donc « au bout » du modèle, Ludovic Bonin a simulé les charges nettes dégagées par ha. « On passe de 318 €/ha à 282 €/ha ».
Avec des pertes de récolte
« Une petite perte pas énorme ? », interrogeait-il septique. A ce moment là, il dégainait de nouveaux critères. « Nous avons rajouté deux scénarii réalistes en plus ». Le premier envisage une perte de 10 % de rendement en colza et des pertes de 20 % en blé et en orge. En prenant comme point de départ, 33 quintaux de référence par ha en colza, 70 en blé et 75 en orge. « Dans ce cas, on tombe à 151 €/ha de marge nette, soit une perte de 50 % par rapport à la situation de départ ». Silence dans la salle…
Deuxième scénarii, « si l’on va plus loin avec des pertes de rendements plus conséquentes : -20 % en colza, -30 % en blé et -30 % en orge. Là, on tombe à 62 €/ha de marge nette. On a perdu les 4/5 de la marge du départ ».
Ainsi pour une rotation colza-blé-orge, les baisses de marges nettes par hectare iraient de 50 à 80 % en terme de tendance…
« Tout est discutable. Retenez qu’ici le matériel était optimisé », ne rassurait-il toujours pas. Une agricultrice dans la salle mettait les pieds dans le plat : « votre conclusion, c’est que la rotation colza-blé-orge dans notre région est condamnée à terme si je raccourci », et elle demandait les alternatives. Pour Luc Pelcé d'Arvalis, « le but de la présentation est de démontrer ce dont nous nous doutions tous, sans savoir vraiment chiffrer de combien ». Arvalis et d’autres Instituts testent et expérimentent « des solutions avec d’autres itinéraires (rotations, dates de semis, colza tous les 5-6 ans…) à l’échelle du système de culture», tout en précisant bien que ce n’est que « le début des travaux sur les plateformes ». Autant dire, que le compte-à-rebours a plus que commencer…