Assemblée Générale FNCUMA Le collectif pour répondre aux enjeux de l’agriculture
La FNCUMA tenait son Assemblée Générale le 29 mai. Au cours d’une table ronde, différents acteurs du monde agricole se sont interrogés sur l’importance de l’approche collective dans l’agriculture, alors que le secteur est de plus en plus sollicité pour répondre aux enjeux sociétaux.
A l’occasion de son Assemblée Générale, la Fédération Nationale des Coopératives d’Utilisation de Matériel Agricole (FNCUMA) a organisé une table ronde, sur le thème : « l’organisation collective, une vraie solution d’avenir ». Comme l’a fait remarquer une personne assistant au débat, pas de point d’interrogation à la fin de l’intitulé, tant l’organisation collective en agriculture semble désormais évidente. Historiquement, les agriculteurs ont souvent eu tendance à se réunir, afin d’être en mesure de se défendre face aux difficultés de la profession. En exemple, on peut citer la naissance du Crédit Agricole, issu des difficultés des exploitants de se faire octroyer des crédits, à la fin du XIXème siècle. « Les agriculteurs ont cherché à se doter d’un encadrement plus favorable », rappelle l’enseignant-chercheur à AgroParisTech François Leger. Aujourd’hui, la question reste d’actualité, la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne cible les collectifs, avec les Etats Généraux de l’Alimentation et la loi qui en découle, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a régulièrement enjoint les agriculteurs à s’organiser pour peser dans les négociations commerciales. « Le collectif se crée pour faire grand, pour faire face, par exemple aux distributeurs, c’est une approche pragmatique mais aussi de valeur par l’intégration », exprime l’ancien commissaire européen à l’Agriculture roumain, Dacian Ciolos. L’agriculture d’un pays, est un élément essentiel et elle est de plus en plus sollicitée, non seulement pour nourrir les hommes, mais aussi pour répondre à des questions de société et d’environnement. « L’agriculture a une dimension et un impact sur la société, plus important que d’autres secteurs, c’est compliqué pour un seul homme », expose Quentin Delachapelle, président du réseau des Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (Civam).
« Le collectif ne doit pas contraindre l’individu »
Le regroupement essuie aussi certaines critiques, par exemple l’émergence de superstructures collectives. « Petit à petit elles se sont éloignées des agriculteurs pour devenir des entreprises propres, c’était inévitable », analyse François Leger. Certaines superstructures, à la base composées d’agriculteurs, se séparent peu à peu de leur origine, si bien qu’elles n’ont plus grand-chose à voir avec l’activité agricole, mais continuent cependant de percevoir certaines aides. « Il faut s’unir et tordre le coup à ces phénomènes qui se développent », défend Jérémy Decerle, le président des Jeunes Agriculteurs. « On doit redonner du sens au collectif », poursuit-il. Pour Quentin Delachapelle, il n’y a pas d’opposition entre petits et gros collectifs, simplement « les petits collectifs se développent pour d’autres raisons ; perte de pouvoir, perte de contrôle ». « Les gros collectifs verticaux sont plus limités dans leur marge de manœuvre », poursuit le président du Civam. « Jamais le collectif ne doit contraindre l’individu, il doit rester un outil pour l’épanouissement de chacun de ses membres », appuie Jean-Luc Boursier, le président de la Cuma Défis (85). C’est l’exemple donné par l’ancien ministre de l’Agriculture hongrois, Dacia Ciolos. « A l’Est cette idée a été imposée par le haut, avec la période de collectivisation, même quand ce n’était pas approprié, donc les gens l’ont enregistré comme quelque chose d’imposé qui tuait l’individu et donc était mauvais », explique-t-il. « Après le changement de régime, on a eu un rejet de cette approche, aujourd’hui on y revient, mais plus avec l’idée de coopérer avec d’autres secteurs », continue l’ancien ministre. L’ouverture à d’autres secteurs et aux questions de société est essentielle pour Jean-Luc Boursier, « sinon d’autres le feront à notre place », prévient-il. « On a pas le choix que de s’ouvrir à d’autres collectifs du monde rural pour ne pas aller dans l’impasse. Il faut que chacun des membres y trouve son compte et s’ouvre aux autres composants de la société », affirme le président de la Cuma Défis (85). Pour Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, « l’organisation collective est une solution d’avenir, mais ce n’est pas la seule ».