Au Domaine Lacharme à La Roche-Vineuse, les vendanges se préparent étape par étape, sans stress
Installé en octobre 2015 mais travaillant sur le domaine familial depuis (toujours) 2003, Sébastien Lacharme est aujourd’hui à la tête d’une quinzaine d’hectares de vignes autour de Mâcon, à la Roche-Vineuse. Il se prépare sans stress pour les prochaines vendanges.

Les vendanges en vue ne lui font pas peur, bien au contraire. Sébastien est confiant. La récolte se présente bien – quantitativement et sanitairement - à l’heure des toutes premières véraisons en ce 23 juillet. Que ce soit dans ses 12 ha de mâcon la roche-vineuse (rouge et blanc), dans ses 3,5 ha de bourgogne rouge, dans ses 1,5 ha de mâcon rouge (gamay) ou dans ses nouveaux pouilly-fuissé (1,5 ha). Equipé d’un tracteur Bobard Centaure, Sébastien monte dessus une tête de récolte Gregoire. Idéal pour manœuvrer dans ses tournières étroites et parfois pentues. « Avant, je vérifie toute la "petite" mécanique (vidange, remplacement des filtres GNR…) » et les mécaniciens de Faupin et Class s’occupent de la révision plus technique et complète pour une « remise à neuf » du matériel. Un entretien qui rassure. Quinze jours avant le début des vendanges, Sébastien n’a alors plus qu’à monter la tête de récolte. Il compte 1 ha à 1,5 ha récolté par jour puisqu’il avance à une vitesse de 1,5 km/h, voir 2 km/h dans les gamay qui « se ramassent bien » avec.
Mais auparavant, il lui faut préparer son cuvage. Il réaménage pour cela son hangar de 250 m2. La partie viticole passe alors en mode vendanges. Pulvérisateurs et autres matériels prennent la place des deux bennes auto-vidantes (3 tonnes) et des deux bennes à bascule, et inversement. Avec le dénivelé naturel dans le bourg de La Roche-Vineuse, la vendange descend par gravité dans les cuves bétons revêtue d’émail. Le hangar abrite également une aire de lavage - couverte donc - avec une cuve de récupération et un système tampon. « On est à l’aise pour travailler », se félicite Sébastien, qui réfléchit néanmoins à un coup de neuf pour sa cuverie. Pendant les deux semaines précédents les vendanges, Sébastien va effectuer un « gros nettoyage » du cuvage, « surtout pour les rouges » avec un rinçage pour chaque cuve en plus. Il va également monter les drains sur son pressoir pneumatique Siprem.
Dès la véraison, Jean-Charles Fabre du laboratoire Oenoconseil situé au Bois d’Oingt va commencer à faire avec lui le tour des parcelles. Mais pour définir les parcelles à vendanger en priorité, Sébastien l’affirme : « je me fie plus à l’œil. S’il y a trop de verdure, ce n’est pas la peine ». Il peut se le permettre car les analyses « vont vite » une fois le décompte final lancé. En cave, son père, Gérard et un ami à lui, se tiennent aussi prêts à accueillir les premiers raisins. Pendant les vendanges, un œnologue passe tous les jours pour faire les analyses. En levures indigènes, Sébastien ne « change pas trop son mode de conduite » avec une vinification traditionnelle bourguignonne. Il n’est d’ailleurs pas très intéressé par des cuves thermorégulées. « J’aime bien sentir l’effet millésime qui change » ses vins d’année en année. Les prises de densité s’effectuent matin et soir. Avec « bien 45 minutes » de remontage matin et soir – pas de pigeage – il cherche à extraire de belles couleurs en rouge. Il aime les couleurs foncées sur pinot noir et n’hésite pas à décuver parfois à 1010-1000 de densité selon les années. « Je laisse déposer sur les grosses lies pendant 15 jours à trois semaines en vérifiant bien qu’il n’y ait pas d’effet de réduction. Pareil sur les blancs », précise Sébastien.
Retour à la vendange manuelle
Cette année, il vendangera pour la première fois au Domaine Lacharme, des pouilly-fuissé. Des vendanges manuelles qui ne sont pas vraiment une nouveauté puisqu’avant les années 2000, le domaine vendangeait à la main. Il va recontacter la vingtaine de coupeurs et deux porteurs dont il a besoin, qu’embauchait sa belle-mère. Certainement le temps du weekend des 8 et 9 septembre. La mère de Sébastien, Brigitte, toujours au Domaine, va s’occuper elle des déclarations administratives (MSA…). Elle et la grand-mère de Sébastien, Blanche, recevront si besoin les clients qui se présenteront. « Je dis non au groupe par contre », précise Sébastien.
Dans les caves voutées et son cuvage trônent des fûts « de 2 ou 3 ans » achetés à son voisin, qui se fournit dans plusieurs tonnelleries. Parfait pour faire des vins pas « trop boisés, pour garder le fruit » mais ayant du « caractère » et une « belle longueur en bouche ». Ce dernier aime faire les choses bien et laisse le temps au temps. L’élevage va de 12 à 18 mois pour les bourgognes rouges. Selon les cuvées, le mâcon la roche-vineuse « tradition » passe 6 à 8 mois en fût. Sa sélection parcellaire, La Genière, une très vieille vigne de 80 ans donne une cuvée haut de gamme élevée 24 mois en ½ muid. Avant la mise en bouteille, il laisse reposer tranquillement. Sébastien propose actuellement à la vente des 2014, 2015 et 2016. Il ne compte pas faire appel à son prestataire pour une nouvelle mise avant le début d’année 2019.
Comptant bien développer ses ventes bouteilles (25.000), Sébastien réfléchit ses investissements au fur et à mesure. Mais sans jamais perdre le cap : « Je compte bien faire en sorte que le Domaine reste à taille humaine et familiale, en valorisant nos produits », conclut-il tout sourire. Un sourire qui se sent et s’apprécie dans ses vins.