Au fait des questions viticoles
déplacement en Saône-et-Loire. L’occasion pour ce dernier, d’aller à la
rencontre du monde viticole pour mieux connaître ses préoccupations.
Souligner ce qui va bien
En accueillant le secrétaire d’État dans son chai et avant de lui faire part des revendications et demandes de la profession, Robert Martin choisissait de mettre en exergue plusieurs points positifs. Il soulignait l’importance des soutiens de l’OCM vitivinicole aux investissements et à la modernisation des chais, des soutiens nécessaires mais malheureusement insuffisants puisque l’enveloppe a trop vite été épuisée. Le président de l’Union viticole mettait aussi en avant les aides contenues dans le PVE, le Plan végétal à l’environnement, qui accompagne les producteurs des filières végétales –dont les viticulteurs– dans leurs travaux et investissements comme les aires de lavage et de remplissage, le matériel de travail du sol, les tondeuses inter-rangs, le matériel de traitement face à face… « Monsieur le ministre », soulignait Robert Martin, « les viticulteurs ont besoin de ces soutiens dans leurs investissements pour les aider à aller de l’avant ». Un message manifestement bien reçu par le secrétaire d’État tant il dégageait une volonté de relever les défis qui se présentent à la profession.
Des inquiétudes bien réelles
Pour autant, le syndicaliste entendait faire partager les soucis du vignoble, à commencer par les dégâts provoqués par les maladies du bois dans l’ensemble du vignoble. Des dégâts lourds, d’un point de vue économique, alors que certaines parcelles voient chaque année entre 10 et 15 % de ces ceps dépérir. Les estimations font apparaître, pour la seule Saône-et-Loire, des pertes de l’ordre de 10 millions d’€ liées à l’Esca ! L’impact est lourd, et pas seulement pour la viticulture.
En l’absence de produit de lutte adapté, les viticulteurs se tournent vers la recherche. « Nous sommes dans une situation d’urgence à prendre très au sérieux. Notre patrimoine viticole et culturel est en danger ; il dépérit sous nos yeux sans que nous puissions faire quoi que ce soit », alertait le président de l’Union viticole de Saône-et-Loire. « Ne négligez pas les budgets alloués à la recherche. Dans ce domaine, nous ne sommes pas sortis d’affaire », complétait Michel Baldassini.
Autre sujet mis en avant en présence du secrétaire d’État rattaché au ministère de l’Écologie et du Développement durable, le Plan ÉcoPhyto et ses objectifs de réduction de l’usage des produits phytosanitaires. « L’année de référence prise, 2007, ne nous est pas favorable. Nous entendons davantage travailler sur des tendances structurelles, à partir de moyennes pluriannuelles que de données issues d’une seule année », proposait Robert Martin. Et de citer en exemple deux années consécutives, climatiquement radicalement opposées, avec les conséquences inévitables en matière de nombre de traitements. « Nous sommes animés du besoin de bien faire et il n’y a pas que les règles et les réglementations qui font avancer ! » Bref, un appel à la confiance, plus qu’à la contrainte.
Des sujets européens aussi…
Enfin, le président de l’Union viticole de Saône-et-Loire plaidait, cette fois, en direction d’Arnaud Danjean en faveur du maintien des droits de plantation : « il vous faut tenir bon ! Nous tenons à maintenir un encadrement, c’est indispensable ». Un avis repris et appuyé avec force par Michel Baldassini. « Attention ! Ne vous désolidarisez pas de la Pac et négocier le maintien des droits de plantation dans la Pac, c’est décisif. Sinon, ce sujet deviendra une variable d’ajustement dans les négociations à venir », recommandait le député européen. « C’est la ligne que nous avons adoptée à la commission nationale viticole de la FNSEA », confortait Robert Martin. Autre demande forte, celle relative à la gestion des sous-produits dans le cadre de l’OCM vitivinicole : « ne laissez rien se faire sans organisation ! ».
Enfin, Michel du Roure présentait la démarche communale engagée au travers du PLU (Plan local d’urbanisme) qui a conduit à protéger la zone AOC Saint-véran de l’expansion de l’urbanisation. Quant à Gilles Denis, proviseur du lycée viticole de Davayé, il rappelait à Benoist Apparu les forces de l’enseignement agricole et la chance qu’il représente pour nombre d’enfants, comme cela est le cas pour Damien, le fils de Josiane et Robert Martin, appelé à reprendre la suite.
« Nous aimons notre métier. Nous sommes fiers de l’exercer, de pouvoir le transmettre, de faire partager et découvrir nos vins, nos savoir-faire, nos paysages, notre passion », concluait Robert Martin, devant un Benoist Apparu qui a montré, par ses questions, par ses remarques, qu’il était au fait des questions agricoles et viticoles.
Une faiblesse, mais aussi une force
Invité par Robert Martin à exposer la situation économique, Michel Baldassini soulignait le vent de reprise qui anime le vignoble bourguignon, « champion de France à l’export, avec plus de 55 % des volumes exportés en dehors de nos frontières », mieux que le Champagne ! Bien sûr, le président du BIVB soulignait ses inquiétudes face à l’évolution du vignoble voisin du Beaujolais qui a perdu en dix ans la moitié de ses volumes et qui lorgne vers le dynamisme de la Bourgogne, notamment en blanc.
« Les vins français sont compliqués, nous disent les consommateurs étrangers », lançait le secrétaire d’État, recherchant la réaction de ses interlocuteurs. « C’est une faiblesse, mais c’est aussi une force », lui rétorquait unanimes Robert Martin, Michel Baldassini et Gilles Remoriquet.