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Jean-Baptiste Roy à Bresse-sur-Grosne

Autonomie et anticipation pour s’en sortir

Dans la vallée de la Grosne, Jean-Baptiste Roy a choisi de tirer parti de ses terres pour tendre vers l’autonomie de son élevage allaitant. Implantation de dérobées, culture intermédiaire, luzerne porte-graines et pâturage tournant sont quelques-uns des leviers que le jeune éleveur actionne pour sécuriser son exploitation face aux aléas.
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Lorsque Jean-Baptiste Roy s’est installé en 2007 à Bresse-sur-Grosne, son exploitation comptait 110 hectares pour un troupeau de 65 vaches charolaises. Un système déjà peu chargé - aux alentours de 1 UGB/ha - et qui l’est resté puisque, soucieux de l’autonomie de son exploitation, le jeune éleveur a choisi de reprendre 25 hectares supplémentaires sans augmenter le nombre de vaches. Une évolution « qui a redonné de l’aisance », confie Jean-Baptiste. Les gains en autonomie fourragère se sont accompagnés d’un accroissement des cultures portées de 10 à 25 hectares. Mais plutôt que de miser exclusivement sur les céréales à paille (lire encadré), l’éleveur a diversifié sa sole dans du soja et de la luzerne porte-graines. Des opportunités rendues possibles par sa coopérative Bourgogne du Sud. Jugée peu contraignante par Jean-Baptiste, la culture de soja offre une bonne tête d’assolement à l’exploitation. Laissant une marge équivalente à une céréale, la luzerne porte-graines fournit en plus une "pré-coupe" au printemps et après la récolte de la semence en été, la légumineuse donne un troisième cycle en automne. De quoi contribuer utilement aux stocks de fourrages hivernaux avec une marchandise riche en protéines.

Un été favorable aux dérobées…


C’est cette surface consacrée aux cultures qui, devant la pénurie d’herbe de l’été 2014, a permis d’implanter des dérobées.
« Le début de l’été avait été très défavorable à la pousse. Nous avions récolté moitié moins de fourrage que d’habitude. Il fallait réagir ! », se souvient Jean-Baptiste. Guidé par son technicien Thierry Maronnat, le jeune éleveur a semé, derrière de l’orge (2 juillet), 2,5 ha de mélange de dérobées d’été fourni par Bourgogne du Sud. L’un (Profix Moha) était composé de 60 % de moha et de 40 % de trèfle d’Alexandrie ; l’autre (Chlorofiltre) à 56 % d’avoine brésilienne, 36 % de vesce et 8 % de trèfle d’Alexandrie, détaille Thierry Maronnat.
Jean-Baptiste implantait également 2,3 hectares de "Pakito", un mélange de ray-grass hybride et de trèfles, semé comme couvert intermédiaire avant le soja, avec l’objectif de le récolter en fourrage au printemps. Profitant d’un « été 2014 exceptionnel pour produire de l’herbe d’automne », l’éleveur a récolté sur ses dérobées une première coupe en enrubannage dès la fin du mois d’août. Une seconde récolte a pu être vendue 30 jours plus tard à un voisin et, enfin, un pâturage de 28 "paquets" a eu lieu en octobre. Quant à la culture intermédiaire semée mi-août, Jean-Baptiste a été contraint de la faire pâturer en automne tellement la végétation était développée. Récoltée en enrubannage le 20 avril dernier, c'est-à-dire juste avant l’implantation du soja, elle a donné 7 tonnes de matière sèche avec seulement 40 unités d’urée, informe Thierry Maronnat.

Des stocks bien utiles l’été dernier


Des stocks supplémentaires qui ont été bien utiles quelques mois plus tard alors que la canicule est venue anéantir les prairies. A la différence de 2014, les foins de 2015 ont été relativement abondants, mais le coup de chaud qui a suivi a stoppé net la pousse herbagère. Contraint comme tout le monde de « taper dans ses stocks », Jean-Baptiste a pu préserver son foin de l’année en utilisant préférentiellement le produit de ses cultures dérobées et des regains. Autre enseignement de cette expérience, Jean-Baptiste Roy n’a pas eu à acheter d’aliment Sécheresse malgré la pénurie d’herbe.
Ces deux étés marqués par les aléas climatiques et donnant lieu à une première expérience fructueuse des cultures intermédiaires ont conforté Jean-Baptiste dans ses choix. « Avec trois épisodes secs et chauds en cinq ans, mieux vaut savoir profiter des années favorables pour refaire des stocks. Et quand on a un peu de culture, autant ne pas laisser de terres nues sans produire », estime le jeune éleveur. Si les conditions estivales de 2014 ont favorisé une belle pousse d’automne, en revanche juillet 2015 était défavorable à l’implantation d’un couvert en dérobée, fait remarquer Thierry Maronnat.

Pâturage tournant


La possibilité de produire du fourrage en dérobée sécurise Jean-Baptiste contre les aléas climatiques. Mais le jeune éleveur actionne d’ores et déjà d’autres leviers pour améliorer l’autonomie de son exploitation. Il veille notamment à optimiser sa production d’herbe hors cultures. Pour cela, il s’est inscrit à une formation organisée par son groupement de producteurs Feder et faisant intervenir Eric Braconnier de la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire. Plusieurs rendez-vous ont déjà eu lieu en salle, puis sur le terrain. Le dernier a eu lieu ce mois d’octobre pour dresser un bilan de l’expérience.
Au printemps dernier, Jean-Baptiste s’est ainsi lancé dans le pâturage tournant avec un premier lot de bovins. « L’objectif est d’aller chercher le potentiel maximum des prairies et pour cela connaître le cycle de l’herbe ; les précautions pour l’exploiter au mieux… », confie l’éleveur. Les premiers effets de ces enseignements se sont déjà illustrés sur l’exploitation. Fauche précoce et épandage de fumier en février ont, par exemple, provoqué un excès de trèfle dans une parcelle en seulement trois ans de temps, révèle-t-il. Convaincu qu’il lui reste des leviers pour améliorer l’efficacité économique de son système, Jean-Baptiste n’hésite pas à se former tout azimut, que ce soit auprès de ses techniciens de coopérative, du GDS 71 ou encore de la chambre d’agriculture… Histoire d’explorer toutes les marges de progrès possibles. Car visiblement, il y en a.


Des réformes finies à l’herbe sans granulé


Chez Jean-Baptiste Roy, l’alimentation du troupeau est basée sur le foin et l’enrubannage. Les vaches gestantes ou nourrices reçoivent entre 500 grammes et 1 kilo de concentré par jour, « pour faire manger les minéraux », justifie l’éleveur. Pour l’engraissement des femelles, Jean-Baptiste arrive à se passer de granulés en optant pour une finition 100 % Herbe (réformes classées "R+3" ; "U=3"). « Avec le pâturage tournant, je me demande même si je vais continuer à engraisser des vaches en hiver », s’interroge Jean-Baptiste. Quant aux broutards, complémentés au pré, ils reçoivent une ration sèche pour des ventes essentiellement de septembre à décembre. Avec le pâturage tournant, leur consommation de granulés devrait pouvoir diminuer à terme, prévoit l’éleveur.




Plaquettes de bois à la place de paille


Depuis quatre ans, Jean-Baptiste Roy utilise des plaquettes de bois en guise de litière pour ses animaux. Il s’agit de bois déchiqueté en copeaux que l’éleveur substitue à de la paille. « 4 mètres cubes de plaquettes équivalent à 1 tonne de paille », confie le jeune éleveur. Le matériau est épandu en une sous couche de 10 cm recouverte de paille. « Les plaquettes sont un très bon drainant », fait valoir Jean-Baptiste. S’inscrivant dans la recherche d’autonomie de l’exploitation, la technique vise à utiliser les bois de haie produits sur la ferme. Pour l’heure, l’éleveur laisse « pousser » ses haies pour une récolte de bois de haut jet. En attendant, il s’approvisionne en bois blanc qu’il fait broyer à un prestataire.