Avec cette sécheresse, la vraie « rupture » dès décembre ?
Atypique à plus d’un titre ! Faire une énième réunion sécheresse un 25 octobre alors que le froid hivernal commençait à souffler, décidemment, 2018 restera longtemps dans les mémoires. Une nouvelle fois, les agriculteurs ont alerté élus et pouvoirs publics sur les conséquences actuelles et futurs. L’inquiétude est perceptible. Et les solutions concrètes pour nourrir les cheptels ne vont pas être simple à trouver, ne cachait pas Joël Limouzin, président du CNGRA, le Comité national de gestion des risques agricoles. Car la France semble avoir pris du retard par rapport aux Pays du… Nord, qui bien que non habitués à ces phénomènes climatiques ont – eux - tout de suite pris la mesure de la catastrophe annoncée.

Une réunion sécheresse alors que les prémices de l'hiver pointaient en ce 25 octobre ? C’est le triste constat que dressait d’emblée Joffrey Beaudot pour accueillir la cinquantaine d’agriculteurs venus au Breuil pour alerter élus et pouvoirs publics. Avec une pensée toute particulière pour « les jeunes installés qui non pas de stocks » fourragers, ni une solidité économique mieux établie. Mais, il n’y a pas que les jeunes installés qui vont souffrir économiquement. Le président de la section bovine, Christian Bajard précisait que la « rémunération par les prix » des producteurs, annoncée par les Etats généraux de l’alimentation et réclamée de longue date par la profession, n’est toujours pas effective. Avant cette sécheresse, les trésoreries étaient et sont encore plus exsangues pour une large majorité d’exploitations du département et d’ailleurs.
50 millions de têtes impactées
Membre du bureau de la FNSEA, Joël Limouzin ne le sait que trop bien lui qui fait actuellement le tour des zones sinistrées par la sécheresse dans toute la France, puisqu’il préside le CNGRA. Après avoir refait une chronologie des faits, il « regrettait que le Ministère n’est pas pris en compte de nos demandes début août » car les pays du Nord de l’Europe « ont anticipé » avec des aides (Allemagne, Irlande…) pour aller chercher des fourrages « en Espagne ou en France, avant nous ». D’autres pays ont « abattu » leurs animaux. A ce propos, le président d’Interbev, Jean-Pierre Fleury rajoutait que sur la disponibilité fourragère en Europe, « ça ne va pas le faire ». Sur un cheptel européen de 90 millions de têtes, 50 millions sont encore concernés par la sécheresse actuelle. Une véritable « course pour trouver de la matière première » est donc bel et bien engagée en Europe. « Le sujet, c’est sauver l’élevage français, rien d’autre », martèle-t-il. Visiblement conscientes des enjeux, la députée et sénatrice, Josiane Corneloup et Marie Mercier se montraient volontaires pour porter les demandes aux plus hauts sommets de l’Etat. Elles se montraient justement choquées d’apprendre que des pays, comme l’Allemagne, privilégient « l’alimentation » de leurs méthaniseurs plutôt que celle des cheptels !
Rupture en décembre-janvier
D’autant plus aberrant qu’avec la précocité des récoltes, les céréaliers et betteraviers n’ont pas été sollicités à temps pour mettre de côté fourrages ou substituts. Résultat, les prix s’envolent actuellement. « Il faut moraliser le marché », invitait Joël Limouzin en recensant toutes les ressources disponibles dans chaque département (coopératives, fabricants d’aliments, usines…). « Il va falloir jouer serrer, ensemble pour passer le cap » car pour nombre de responsables, la « rupture se profile en décembre-janvier », faute de suffisamment de stocks pour passer l'hiver. Pour éviter la décapitalisation ou les ventes anticipées à prix bradés, il faudra donc tenir jusqu’au printemps. Pour cela, des accompagnements financiers sont nécessaires. Le plan de 10 millions d’€ - Etat, région Bourgogne Franche-Comté et départements – est en cela cité un exemple.
130 jours d’alimentation en plus
Mais à lui seul, il ne suffira pas. Alors que le nouveau Ministre de l’Agriculture n’avait pas encore fait d'annonces (lire encadré), Joël Limouzin expliquait les problèmes restant à lever sur le dossier de la reconnaissance calamité, notamment en terme de critères. « Ici, vous avez eu une bonne récolte au printemps mais plus rien après. On est donc à la limite sur les 30 % de pertes de fourrage ». Sauf que les affouragements ont débuté au 15 juillet et non cessés depuis. L’autre limite est de garder « les critères normaux » pour être « cohérent » par rapport à d’autres situations. La FDSEA compte donc faire valoir les « 130 jours supplémentaires d’alimentation ». Sur l’exploitation de Pascal et Eric Guillemin ici au Breuil, le déficit fourrager pour finir de passer l'hiver pourrait s'élever à 45.000 € en fourrage et 7.250 € en plus d’alimentation, sans compter la facture d’eau à venir et « le manque de kilos, de croissance » des animaux. Les deux frères redoutent aussi des mauvaises surprises lors des vêlages
Si le CNGRA se réunira dès décembre, Joël Limouzin sait pertinemment que « l’argent ne viendra pas avant la fin du printemps prochain ». D’où des demandes pressentes - « sans reporter le boulet » des dettes et emprunts - faites par la profession auprès des banques et de la MSA pour tenir jusqu’à cette date. Et ce, tout en « ne cassant pas le système assurantiel ». Bref, l’équation est compliquée.
Surtout, lorsque des contrôles Pac viennent retarder également les avances, regrettait Luc Jeannin, secrétaire-général de la FDSEA qui travaille avec la DDT pour débloquer ces situations. Des aides Pac qui ont été « immédiatement prélevées » par les banques, dénonçait Fabrice Voillot, éleveur et Maire de Charbonnat.
Ne laisser personne sur le bord
Si le DDT de Saône-et-Loire ne se prononçait pas sur ce dernier point, Christian Dussarat redisait « pressurer ses équipes » pour présenter le zonage départemental pour le dossier calamité avant mi-novembre. « On sort avec des situations hétérogènes, de très graves à moins graves. Cela nous conduit à plusieurs itérations pour définir les bons périmètres ». D’autant que les services de l’Etat ne savent pas vraiment sur quelles images satellites s’appuyer pour. « Nous avons trois images différentes. Le système est imprécis ». Et des éleveurs présents de rajouter également que la diversification prônée par l’Etat – « pour être moins vulnérable » – provoque bien souvent l’exclusion du dispositif au contraire.
« On ne laissera personne sur le bord de la route », réagissait Joël Limouzin qui veut aussi remettre sur la table la question de l’eau et la « concurrence » pour cette ressource vitale. « Il faut arrêter les conneries et pouvoir la stocker. Il n’y a pas de problème de biodiversité, les agriculteurs sont d’ailleurs les premiers à la maintenir », prône cet éleveur de Vendée. Et de ne pas rejeter uniquement la faute sur les « anti-tout projet » mais appelant aussi les acteurs locaux à s’entendre pour monter des projets locaux de retenues collinaires notamment. « Nous y sommes arrivés en Vendée et après la période touristique, au 1er septembre, nous avions encore 56 % de réserve dans la plaine ». Des débats qui ne manqueront pas d’être évoqués lors des prochaines Assisses de l’Eau qui vont bientôt s’ouvrir.
Avec cette sécheresse, la vraie « rupture » dès décembre ?

Une réunion sécheresse alors que les prémices de l'hiver pointaient en ce 25 octobre ? C’est le triste constat que dressait d’emblée Joffrey Beaudot pour accueillir la cinquantaine d’agriculteurs venus au Breuil pour alerter élus et pouvoirs publics. Avec une pensée toute particulière pour « les jeunes installés qui non pas de stocks » fourragers, ni une solidité économique mieux établie. Mais, il n’y a pas que les jeunes installés qui vont souffrir économiquement. Le président de la section bovine, Christian Bajard précisait que la « rémunération par les prix » des producteurs, annoncée par les Etats généraux de l’alimentation et réclamée de longue date par la profession, n’est toujours pas effective. Avant cette sécheresse, les trésoreries étaient et sont encore plus exsangues pour une large majorité d’exploitations du département et d’ailleurs.
50 millions de têtes impactées
Membre du bureau de la FNSEA, Joël Limouzin ne le sait que trop bien lui qui fait actuellement le tour des zones sinistrées par la sécheresse dans toute la France, puisqu’il préside le CNGRA. Après avoir refait une chronologie des faits, il « regrettait que le Ministère n’est pas pris en compte de nos demandes début août » car les pays du Nord de l’Europe « ont anticipé » avec des aides (Allemagne, Irlande…) pour aller chercher des fourrages « en Espagne ou en France, avant nous ». D’autres pays ont « abattu » leurs animaux. A ce propos, le président d’Interbev, Jean-Pierre Fleury rajoutait que sur la disponibilité fourragère en Europe, « ça ne va pas le faire ». Sur un cheptel européen de 90 millions de têtes, 50 millions sont encore concernés par la sécheresse actuelle. Une véritable « course pour trouver de la matière première » est donc bel et bien engagée en Europe. « Le sujet, c’est sauver l’élevage français, rien d’autre », martèle-t-il. Visiblement conscientes des enjeux, la députée et sénatrice, Josiane Corneloup et Marie Mercier se montraient volontaires pour porter les demandes aux plus hauts sommets de l’Etat. Elles se montraient justement choquées d’apprendre que des pays, comme l’Allemagne, privilégient « l’alimentation » de leurs méthaniseurs plutôt que celle des cheptels !
Rupture en décembre-janvier
D’autant plus aberrant qu’avec la précocité des récoltes, les céréaliers et betteraviers n’ont pas été sollicités à temps pour mettre de côté fourrages ou substituts. Résultat, les prix s’envolent actuellement. « Il faut moraliser le marché », invitait Joël Limouzin en recensant toutes les ressources disponibles dans chaque département (coopératives, fabricants d’aliments, usines…). « Il va falloir jouer serrer, ensemble pour passer le cap » car pour nombre de responsables, la « rupture se profile en décembre-janvier », faute de suffisamment de stocks pour passer l'hiver. Pour éviter la décapitalisation ou les ventes anticipées à prix bradés, il faudra donc tenir jusqu’au printemps. Pour cela, des accompagnements financiers sont nécessaires. Le plan de 10 millions d’€ - Etat, région Bourgogne Franche-Comté et départements – est en cela cité un exemple.
130 jours d’alimentation en plus
Mais à lui seul, il ne suffira pas. Alors que le nouveau Ministre de l’Agriculture n’avait pas encore fait d'annonces (lire encadré), Joël Limouzin expliquait les problèmes restant à lever sur le dossier de la reconnaissance calamité, notamment en terme de critères. « Ici, vous avez eu une bonne récolte au printemps mais plus rien après. On est donc à la limite sur les 30 % de pertes de fourrage ». Sauf que les affouragements ont débuté au 15 juillet et non cessés depuis. L’autre limite est de garder « les critères normaux » pour être « cohérent » par rapport à d’autres situations. La FDSEA compte donc faire valoir les « 130 jours supplémentaires d’alimentation ». Sur l’exploitation de Pascal et Eric Guillemin ici au Breuil, le déficit fourrager pour finir de passer l'hiver pourrait s'élever à 45.000 € en fourrage et 7.250 € en plus d’alimentation, sans compter la facture d’eau à venir et « le manque de kilos, de croissance » des animaux. Les deux frères redoutent aussi des mauvaises surprises lors des vêlages
Si le CNGRA se réunira dès décembre, Joël Limouzin sait pertinemment que « l’argent ne viendra pas avant la fin du printemps prochain ». D’où des demandes pressentes - « sans reporter le boulet » des dettes et emprunts - faites par la profession auprès des banques et de la MSA pour tenir jusqu’à cette date. Et ce, tout en « ne cassant pas le système assurantiel ». Bref, l’équation est compliquée.
Surtout, lorsque des contrôles Pac viennent retarder également les avances, regrettait Luc Jeannin, secrétaire-général de la FDSEA qui travaille avec la DDT pour débloquer ces situations. Des aides Pac qui ont été « immédiatement prélevées » par les banques, dénonçait Fabrice Voillot, éleveur et Maire de Charbonnat.
Ne laisser personne sur le bord
Si le DDT de Saône-et-Loire ne se prononçait pas sur ce dernier point, Christian Dussarat redisait « pressurer ses équipes » pour présenter le zonage départemental pour le dossier calamité avant mi-novembre. « On sort avec des situations hétérogènes, de très graves à moins graves. Cela nous conduit à plusieurs itérations pour définir les bons périmètres ». D’autant que les services de l’Etat ne savent pas vraiment sur quelles images satellites s’appuyer pour. « Nous avons trois images différentes. Le système est imprécis ». Et des éleveurs présents de rajouter également que la diversification prônée par l’Etat – « pour être moins vulnérable » – provoque bien souvent l’exclusion du dispositif au contraire.
« On ne laissera personne sur le bord de la route », réagissait Joël Limouzin qui veut aussi remettre sur la table la question de l’eau et la « concurrence » pour cette ressource vitale. « Il faut arrêter les conneries et pouvoir la stocker. Il n’y a pas de problème de biodiversité, les agriculteurs sont d’ailleurs les premiers à la maintenir », prône cet éleveur de Vendée. Et de ne pas rejeter uniquement la faute sur les « anti-tout projet » mais appelant aussi les acteurs locaux à s’entendre pour monter des projets locaux de retenues collinaires notamment. « Nous y sommes arrivés en Vendée et après la période touristique, au 1er septembre, nous avions encore 56 % de réserve dans la plaine ». Des débats qui ne manqueront pas d’être évoqués lors des prochaines Assisses de l’Eau qui vont bientôt s’ouvrir.
Avec cette sécheresse, la vraie « rupture » dès décembre ?

Une réunion sécheresse alors que les prémices de l'hiver pointaient en ce 25 octobre ? C’est le triste constat que dressait d’emblée Joffrey Beaudot pour accueillir la cinquantaine d’agriculteurs venus au Breuil pour alerter élus et pouvoirs publics. Avec une pensée toute particulière pour « les jeunes installés qui non pas de stocks » fourragers, ni une solidité économique mieux établie. Mais, il n’y a pas que les jeunes installés qui vont souffrir économiquement. Le président de la section bovine, Christian Bajard précisait que la « rémunération par les prix » des producteurs, annoncée par les Etats généraux de l’alimentation et réclamée de longue date par la profession, n’est toujours pas effective. Avant cette sécheresse, les trésoreries étaient et sont encore plus exsangues pour une large majorité d’exploitations du département et d’ailleurs.
50 millions de têtes impactées
Membre du bureau de la FNSEA, Joël Limouzin ne le sait que trop bien lui qui fait actuellement le tour des zones sinistrées par la sécheresse dans toute la France, puisqu’il préside le CNGRA. Après avoir refait une chronologie des faits, il « regrettait que le Ministère n’est pas pris en compte de nos demandes début août » car les pays du Nord de l’Europe « ont anticipé » avec des aides (Allemagne, Irlande…) pour aller chercher des fourrages « en Espagne ou en France, avant nous ». D’autres pays ont « abattu » leurs animaux. A ce propos, le président d’Interbev, Jean-Pierre Fleury rajoutait que sur la disponibilité fourragère en Europe, « ça ne va pas le faire ». Sur un cheptel européen de 90 millions de têtes, 50 millions sont encore concernés par la sécheresse actuelle. Une véritable « course pour trouver de la matière première » est donc bel et bien engagée en Europe. « Le sujet, c’est sauver l’élevage français, rien d’autre », martèle-t-il. Visiblement conscientes des enjeux, la députée et sénatrice, Josiane Corneloup et Marie Mercier se montraient volontaires pour porter les demandes aux plus hauts sommets de l’Etat. Elles se montraient justement choquées d’apprendre que des pays, comme l’Allemagne, privilégient « l’alimentation » de leurs méthaniseurs plutôt que celle des cheptels !
Rupture en décembre-janvier
D’autant plus aberrant qu’avec la précocité des récoltes, les céréaliers et betteraviers n’ont pas été sollicités à temps pour mettre de côté fourrages ou substituts. Résultat, les prix s’envolent actuellement. « Il faut moraliser le marché », invitait Joël Limouzin en recensant toutes les ressources disponibles dans chaque département (coopératives, fabricants d’aliments, usines…). « Il va falloir jouer serrer, ensemble pour passer le cap » car pour nombre de responsables, la « rupture se profile en décembre-janvier », faute de suffisamment de stocks pour passer l'hiver. Pour éviter la décapitalisation ou les ventes anticipées à prix bradés, il faudra donc tenir jusqu’au printemps. Pour cela, des accompagnements financiers sont nécessaires. Le plan de 10 millions d’€ - Etat, région Bourgogne Franche-Comté et départements – est en cela cité un exemple.
130 jours d’alimentation en plus
Mais à lui seul, il ne suffira pas. Alors que le nouveau Ministre de l’Agriculture n’avait pas encore fait d'annonces (lire encadré), Joël Limouzin expliquait les problèmes restant à lever sur le dossier de la reconnaissance calamité, notamment en terme de critères. « Ici, vous avez eu une bonne récolte au printemps mais plus rien après. On est donc à la limite sur les 30 % de pertes de fourrage ». Sauf que les affouragements ont débuté au 15 juillet et non cessés depuis. L’autre limite est de garder « les critères normaux » pour être « cohérent » par rapport à d’autres situations. La FDSEA compte donc faire valoir les « 130 jours supplémentaires d’alimentation ». Sur l’exploitation de Pascal et Eric Guillemin ici au Breuil, le déficit fourrager pour finir de passer l'hiver pourrait s'élever à 45.000 € en fourrage et 7.250 € en plus d’alimentation, sans compter la facture d’eau à venir et « le manque de kilos, de croissance » des animaux. Les deux frères redoutent aussi des mauvaises surprises lors des vêlages
Si le CNGRA se réunira dès décembre, Joël Limouzin sait pertinemment que « l’argent ne viendra pas avant la fin du printemps prochain ». D’où des demandes pressentes - « sans reporter le boulet » des dettes et emprunts - faites par la profession auprès des banques et de la MSA pour tenir jusqu’à cette date. Et ce, tout en « ne cassant pas le système assurantiel ». Bref, l’équation est compliquée.
Surtout, lorsque des contrôles Pac viennent retarder également les avances, regrettait Luc Jeannin, secrétaire-général de la FDSEA qui travaille avec la DDT pour débloquer ces situations. Des aides Pac qui ont été « immédiatement prélevées » par les banques, dénonçait Fabrice Voillot, éleveur et Maire de Charbonnat.
Ne laisser personne sur le bord
Si le DDT de Saône-et-Loire ne se prononçait pas sur ce dernier point, Christian Dussarat redisait « pressurer ses équipes » pour présenter le zonage départemental pour le dossier calamité avant mi-novembre. « On sort avec des situations hétérogènes, de très graves à moins graves. Cela nous conduit à plusieurs itérations pour définir les bons périmètres ». D’autant que les services de l’Etat ne savent pas vraiment sur quelles images satellites s’appuyer pour. « Nous avons trois images différentes. Le système est imprécis ». Et des éleveurs présents de rajouter également que la diversification prônée par l’Etat – « pour être moins vulnérable » – provoque bien souvent l’exclusion du dispositif au contraire.
« On ne laissera personne sur le bord de la route », réagissait Joël Limouzin qui veut aussi remettre sur la table la question de l’eau et la « concurrence » pour cette ressource vitale. « Il faut arrêter les conneries et pouvoir la stocker. Il n’y a pas de problème de biodiversité, les agriculteurs sont d’ailleurs les premiers à la maintenir », prône cet éleveur de Vendée. Et de ne pas rejeter uniquement la faute sur les « anti-tout projet » mais appelant aussi les acteurs locaux à s’entendre pour monter des projets locaux de retenues collinaires notamment. « Nous y sommes arrivés en Vendée et après la période touristique, au 1er septembre, nous avions encore 56 % de réserve dans la plaine ». Des débats qui ne manqueront pas d’être évoqués lors des prochaines Assisses de l’Eau qui vont bientôt s’ouvrir.
Avec cette sécheresse, la vraie « rupture » dès décembre ?

Une réunion sécheresse alors que les prémices de l'hiver pointaient en ce 25 octobre ? C’est le triste constat que dressait d’emblée Joffrey Beaudot pour accueillir la cinquantaine d’agriculteurs venus au Breuil pour alerter élus et pouvoirs publics. Avec une pensée toute particulière pour « les jeunes installés qui non pas de stocks » fourragers, ni une solidité économique mieux établie. Mais, il n’y a pas que les jeunes installés qui vont souffrir économiquement. Le président de la section bovine, Christian Bajard précisait que la « rémunération par les prix » des producteurs, annoncée par les Etats généraux de l’alimentation et réclamée de longue date par la profession, n’est toujours pas effective. Avant cette sécheresse, les trésoreries étaient et sont encore plus exsangues pour une large majorité d’exploitations du département et d’ailleurs.
50 millions de têtes impactées
Membre du bureau de la FNSEA, Joël Limouzin ne le sait que trop bien lui qui fait actuellement le tour des zones sinistrées par la sécheresse dans toute la France, puisqu’il préside le CNGRA. Après avoir refait une chronologie des faits, il « regrettait que le Ministère n’est pas pris en compte de nos demandes début août » car les pays du Nord de l’Europe « ont anticipé » avec des aides (Allemagne, Irlande…) pour aller chercher des fourrages « en Espagne ou en France, avant nous ». D’autres pays ont « abattu » leurs animaux. A ce propos, le président d’Interbev, Jean-Pierre Fleury rajoutait que sur la disponibilité fourragère en Europe, « ça ne va pas le faire ». Sur un cheptel européen de 90 millions de têtes, 50 millions sont encore concernés par la sécheresse actuelle. Une véritable « course pour trouver de la matière première » est donc bel et bien engagée en Europe. « Le sujet, c’est sauver l’élevage français, rien d’autre », martèle-t-il. Visiblement conscientes des enjeux, la députée et sénatrice, Josiane Corneloup et Marie Mercier se montraient volontaires pour porter les demandes aux plus hauts sommets de l’Etat. Elles se montraient justement choquées d’apprendre que des pays, comme l’Allemagne, privilégient « l’alimentation » de leurs méthaniseurs plutôt que celle des cheptels !
Rupture en décembre-janvier
D’autant plus aberrant qu’avec la précocité des récoltes, les céréaliers et betteraviers n’ont pas été sollicités à temps pour mettre de côté fourrages ou substituts. Résultat, les prix s’envolent actuellement. « Il faut moraliser le marché », invitait Joël Limouzin en recensant toutes les ressources disponibles dans chaque département (coopératives, fabricants d’aliments, usines…). « Il va falloir jouer serrer, ensemble pour passer le cap » car pour nombre de responsables, la « rupture se profile en décembre-janvier », faute de suffisamment de stocks pour passer l'hiver. Pour éviter la décapitalisation ou les ventes anticipées à prix bradés, il faudra donc tenir jusqu’au printemps. Pour cela, des accompagnements financiers sont nécessaires. Le plan de 10 millions d’€ - Etat, région Bourgogne Franche-Comté et départements – est en cela cité un exemple.
130 jours d’alimentation en plus
Mais à lui seul, il ne suffira pas. Alors que le nouveau Ministre de l’Agriculture n’avait pas encore fait d'annonces (lire encadré), Joël Limouzin expliquait les problèmes restant à lever sur le dossier de la reconnaissance calamité, notamment en terme de critères. « Ici, vous avez eu une bonne récolte au printemps mais plus rien après. On est donc à la limite sur les 30 % de pertes de fourrage ». Sauf que les affouragements ont débuté au 15 juillet et non cessés depuis. L’autre limite est de garder « les critères normaux » pour être « cohérent » par rapport à d’autres situations. La FDSEA compte donc faire valoir les « 130 jours supplémentaires d’alimentation ». Sur l’exploitation de Pascal et Eric Guillemin ici au Breuil, le déficit fourrager pour finir de passer l'hiver pourrait s'élever à 45.000 € en fourrage et 7.250 € en plus d’alimentation, sans compter la facture d’eau à venir et « le manque de kilos, de croissance » des animaux. Les deux frères redoutent aussi des mauvaises surprises lors des vêlages
Si le CNGRA se réunira dès décembre, Joël Limouzin sait pertinemment que « l’argent ne viendra pas avant la fin du printemps prochain ». D’où des demandes pressentes - « sans reporter le boulet » des dettes et emprunts - faites par la profession auprès des banques et de la MSA pour tenir jusqu’à cette date. Et ce, tout en « ne cassant pas le système assurantiel ». Bref, l’équation est compliquée.
Surtout, lorsque des contrôles Pac viennent retarder également les avances, regrettait Luc Jeannin, secrétaire-général de la FDSEA qui travaille avec la DDT pour débloquer ces situations. Des aides Pac qui ont été « immédiatement prélevées » par les banques, dénonçait Fabrice Voillot, éleveur et Maire de Charbonnat.
Ne laisser personne sur le bord
Si le DDT de Saône-et-Loire ne se prononçait pas sur ce dernier point, Christian Dussarat redisait « pressurer ses équipes » pour présenter le zonage départemental pour le dossier calamité avant mi-novembre. « On sort avec des situations hétérogènes, de très graves à moins graves. Cela nous conduit à plusieurs itérations pour définir les bons périmètres ». D’autant que les services de l’Etat ne savent pas vraiment sur quelles images satellites s’appuyer pour. « Nous avons trois images différentes. Le système est imprécis ». Et des éleveurs présents de rajouter également que la diversification prônée par l’Etat – « pour être moins vulnérable » – provoque bien souvent l’exclusion du dispositif au contraire.
« On ne laissera personne sur le bord de la route », réagissait Joël Limouzin qui veut aussi remettre sur la table la question de l’eau et la « concurrence » pour cette ressource vitale. « Il faut arrêter les conneries et pouvoir la stocker. Il n’y a pas de problème de biodiversité, les agriculteurs sont d’ailleurs les premiers à la maintenir », prône cet éleveur de Vendée. Et de ne pas rejeter uniquement la faute sur les « anti-tout projet » mais appelant aussi les acteurs locaux à s’entendre pour monter des projets locaux de retenues collinaires notamment. « Nous y sommes arrivés en Vendée et après la période touristique, au 1er septembre, nous avions encore 56 % de réserve dans la plaine ». Des débats qui ne manqueront pas d’être évoqués lors des prochaines Assisses de l’Eau qui vont bientôt s’ouvrir.