Avec l'arrivée imminente du loup en Bourgogne Franche-Comté, les éleveurs réclament le droit de protéger les troupeaux
Dans une lettre adressé aux parlementaires de Bourgogne Franche-Comté et à la présidente de la région, la FRSEA et les JA de Bourgogne Franche-Comté s’inquiètent d’une probable arrivée du loup dans nos départements. Pour anticiper, la profession leur demande d’intervenir sans tarder auprès du Premier Ministre et font nombre de propositions « partant du principe d’un droit permanent des éleveurs à protéger leurs troupeaux ».

La Région a été, pour l’instant, relativement préservée par les attaques de loups sur les troupeaux. Cependant, c’est un sujet que personne ne peut plus occulter bien qu’il préoccupe surtout les éleveurs.
En 2011, dans le Doubs, un éleveur de moutons a été touché avec trente attaques sur son troupeau et une centaine de brebis mortes. Les mesures de protection ont été longues et difficiles à mettre en place pour protéger son élevage. Il a longtemps été traumatisé par ces attaques qui ont menacé la viabilité de son exploitation.
Toujours dans le Doubs, en 2013, un loup a été photographié dans un village près de Morteau, à proximité de fermes. Le lendemain un loup rôdait à Quingey près d'une nurserie à veau.
En 2015, il y a eu, en Haute-Saône, des attaques avérées avec des victimes indemnisées et des tirs de défense.
Le loup a été vu dans le Jura et dans la Nièvre à deux reprises en début d’année. Il est présent dans les départements limitrophes (Vosges,…). La région Bourgogne Franche-Comté se situe donc sur le front de colonisation des loups qui passe des Alpes françaises à la Suisse et aux Vosges ou encore par le Massif Central.
10.000 bêtes tuées
En France, nous sommes passés de 3.000 bêtes tuées en 2004 à 10.000 en 2016. Le nombre de loups est estimé de 200 à 370 loups (données ONCFS) avec une croissance de 20 % par an.
La mise en œuvre des mesures de protection impliquant de nombreuses contraintes et un coût financier croissant ne s’est pas traduite par une réduction des attaques de loups. Les mesures de protection et d’indemnisation ont coûté plus de 25 millions d’euros en 2016 et jamais autant de troupeaux n’ont été attaqués par des loups.
Le plan loup, actuellement en vigueur, est en renégociation pour la programmation 2018/2023. Dans ce nouveau projet, les possibilités offertes aux éleveurs seront fortement réduites : tirs de prélèvement limités, conditionnalité des indemnisations, territorialisation des dérogations de tirs sous la seule tutelle du Préfet coordonnateur.
La FRSEA et les JA Bourgogne Franche-Comté ne peuvent accepter un tel scénario.
Pâturage menacé
L’élevage à l’herbe en plein air serait, à terme, condamné dans les zones aujourd’hui conquises par le loup mais aussi dans les futures zones qu’il colonisera. L’implantation progressive des loups menace la pérennité des élevages basés sur le pâturage.
Aussi, la profession réaffirme qu’il est « indispensable, en lien avec les acteurs reconnus de la filière, d’avoir un bilan objectif de la situation » visant à définir, collectivement, les « axes d’un plan national loup équilibré, juste et efficace ».
La FRSEA et les JA de Bourgogne Franche-Comté font donc de nombreuses propositions aux parlementaires et à la présidente de la Région pour qu’ils portent fermement « le principe d’un droit permanent des éleveurs à protéger leurs troupeaux » devant le Premier Ministre. S’en suit une liste concrète d’actions qui pourraient être autorisées :
- Faciliter les tirs de défense renforcée et de prélèvement en fonction de la réalité des attaques, afin que la pression baisse réellement sur l’élevage ;
- Avoir la possibilité de recourir à des tirs de défense par les éleveurs sans autorisation préalable ;
- Assurer le paiement, en temps et heure, des aides liées à la mise en place des mesures de protection ;
- Retenir l’absence de responsabilité des éleveurs lors d’accidents avec des randonneurs liés à l’usage de chiens de protection des troupeaux contre le loup ;
- Prendre en charge, par les services de l’État, l’euthanasie des animaux attaqués par les prédateurs qui ne peuvent être sauvés ;
- Ne pas obliger la conditionnalité des indemnisations par la mise en place préalable de mesures de protection ;
- Prévoir une brigade d’intervention dans toutes les régions concernées, y compris celles en voie de colonisation ;
- Avoir une complète transparence, de la part de l’État, sur le nombre effectif de loups sur le territoire national ;
- Assurer une large diffusion des résultats des analyses ADN faites sur les loups prélevés, afin de connaître leur origine ;
- Évaluer l’apport des pratiques traditionnelles d’élevage à la vitalité des territoires, à la biodiversité et les conséquences, à moyen et long terme, en matière économique et environnementale de leur modification ou disparition en raison de la prédation ;
- Arrêter de demander aux éleveurs d’assumer toute charge administrative dans la gestion du loup ;
- Avoir la possibilité de prélever des meutes entières pour faire baisser la pression de la prédation sur les troupeaux et avoir une réelle efficacité dans le temps ;
- Prendre en charge le budget de protection des troupeaux et l’indemnisation des bêtes tuées par le budget de l’Environnement, et non par celui de l’Agriculture ;
- Traduire rapidement l’engagement pris par la France de demander à l’Union européenne et à la Convention de Berne la modification du statut du loup dans lesdits textes, en tant qu’espèce strictement protégée.
Toutes ces propositions sont « vitales », à plus d’un titre pour les élevages et surtout « pour le maintien des élevages basés sur le pâturage et menacés par ce prédateur », concluent Frédéric Perrot, président de la FRSEA Bourgogne Franche-Comté et Guillaume Gauthier, président JA Bourgogne Franche-Comté.