Avec le prêt à usage, la simplicité s'invite au service de l'Agriculture
"Je te prête ce matériel !" ou encore "Je te prête cette parcelle pour un an !". Derrière ces phrases courantes se dissimule le contrat que le Code civil qualifie de "prêt à usage".
Les usages de ce contrat sont très divers et plusieurs applications se rencontrent dans le domaine agricole tant sur le foncier que sur le matériel. Zoom sur ce contrat aux applications souvent méconnues concernant le foncier.

"Prêt à usage", "commodat", "mise à disposition gracieuse"… On lui connaît plusieurs appellations, mais le cadre reste toujours le même pour ce contrat soumis au Code civil, et non au Code rural comme l’est le bail à ferme. Il permet à un propriétaire, appelé "prêteur" de remettre une chose à un "emprunteur" qui s’en sert, à charge pour ce dernier de la rendre après s’en être servi (article 1875 du Code civil).
Dans un cadre agricole, le prêteur, propriétaire, prête son bien (foncier, bâtiment agricole, matériels…), sans rien attendre d’autre que l’usage normal, l’entretien de la chose et sa restitution en bon état au terme prévu par la convention.
Ce contrat offre de nombreux avantages. S’il peut s’appliquer au prêt de matériel, il permet surtout de mettre à disposition du foncier ou un bâtiment en restant en dehors du statut du fermage, ou sans avoir l’obligation d’assurer l’entretien du bien. Ce contrat peut être utilisé, par exemple, pour assurer l’exploitation de parcelles dont la destination pourrait changer dans un avenir plus ou moins proche. Dans cette hypothèse, le recours au prêt à usage permet d’éviter l’indemnité d’éviction due par contre dans le cadre du bail rural en cas de résiliation pour construction.
Des avantages
Le prêt à usage offre des avantages qui peuvent inciter à son utilisation.
Ce contrat est de réalisation aisée puisqu’aucune formalité, ni aucun formalisme spécifique ne sont requis. Néanmoins, par souci de preuve, un écrit entre les deux parties est vivement conseillé (notarié, ou sous signature privée).
Ce contrat étant considéré comme précaire, il fait partie des actes réalisables par le seul usufruitier ou la majorité des deux-tiers des indivisaires. L’exploitation de biens agricoles peut ainsi être réalisé dans l’attente d’une entente sur le devenir du bien, ou du règlement de la succession.
Le contenu du contrat est totalement libre. Dans le principe, le code civil prévoit certaines règles spécifiques (transmission en cas de décès…) mais qui demeurent aménageables. Ainsi, les parties peuvent prévoir des règles particulières.
A la différence du bail rural, le prêt à usage ne confère aucun droit de préemption à l’emprunteur en cas de vente.
Le prêt à usage est caractérisé par un principe de gratuité. Le prêteur ne doit exiger aucune contrepartie de l’emprunteur (rémunération, paiement d’impôts foncier, réalisation de service particulier…) au risque de faire requalifier le contrat, en bail rural s’il porte sur des bâtiments ou des terres agricoles. C’est à l’emprunteur exploitant de déclarer les parcelles à la MSA et à la Pac.
Conserver la disponibilité de son bien, conclure le contrat même sans l’unanimité des propriétaires, organiser à bon compte l’entretien de ses biens, éviter les friches, faciliter l’exploitation d’un proche… Quelles que soient les raisons qui le motivent, le prêt à usage offre des avantages indubitables, à la seule condition d’être gratuit.
Une durée libre
La durée du prêt est libre, sans minimum ni maximum imposé. Le Code civil prévoit simplement que le prêt est consenti, à défaut de stipulation particulière, pour l’usage pour lequel le bien a été emprunté. Les parties pourront donc convenir de toute autre modalité (durée fixe de 5 ans, de 9 ans renouvelable…). Si aucun terme n’a été fixé, le prêteur est en droit de mettre fin au contrat à tout moment moyennant le respect d’un préavis d’une durée raisonnable. Les modalités de congé pour le préavis raisonnable sont simples : un congé par lettre recommandée signifiant l’intention de reprendre le bien suffit, il n’y a pas à justifier de motifs. Si le contrat a été convenu pour une durée précise, il prend automatiquement fin à l’arrivée du terme prévu et l’emprunteur doit restituer la chose.
Des inconvénients
Le principal inconvénient pour le prêteur peut être constitué par le caractère absolument gratuit du contrat. Cependant, cet inconvénient est contrebalancé par les avantages retirés du statut "précaire" que confère le prêt à usage. Pour l’emprunteur, l’inconvénient sera une stabilité bien moins importante qu’un bail rural, inconvénient qui doit donc bien être pris en compte à la signature. Cependant, comme on l’a vu, il est possible de prévoir une durée de plusieurs années à ce contrat.
Choisir le contrat et le contenu adapté parmi tous les contrats possibles est parfois délicat, le recours à un juriste peut vous aider dans ce choix.
Service juridique du Groupe FDSEA 71 ; tél. : 03.85.29.56.01.