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Elevage et eau

Battre en brèche les idées reçues

En organisant des visites de découverte des paysages ruraux et de leur
biodiversité, le dimanche 16 septembre dernier, les éleveurs bovins
souhaitent rétablir quelques vérités… comme, par exemple, leur rôle
majeur dans la gestion de l’eau.
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Interbev, l’interprofession bétail et viande, organisait le 16 septembre dernier des journées portes ouvertes dans des élevages un peu partout en France. En Saône-et-Loire, celle-ci avait lieu à Saint-Firmin, aux portes du Creusot, chez Bernard Lacour (lire notre édition du 21 septembre en page 16). Une journée qui a vu la participation de plus de cinq cents visiteurs, citadins et ruraux, venir à la rencontre d’un élevage situé à quelques pas de chez eux…
Pour Interbev, ces temps d’échanges sont l’occasion de rappeler le rôle des éleveurs français d'herbivores dans la gestion des paysages, de la biodiversité ou encore de la ressource fondamentale qu’est l’eau, laquelle conditionne toute la production alimentaire.
Les attaques sur le sujet ont été nombreuses ces derniers temps, un kilogramme de viande bovine supposerait la consommation de plus de volumes pharamineux d’eau, entretenant une confusion complète entre le monde d’élevage à l’herbe tel que pratiqué dans nos régions où aucune autre forme d’agriculture n’est possible et l’élevage intensif, notamment pratiqué en Amérique du Sud sur des sols gagnés sur la forêt amazonienne…

Un rôle clé


Ces journées portes ouvertes permettent ainsi de rétablir quelques vérités. Ainsi, sachant qu'au niveau mondial, l'agriculture occupe un tiers de la surface émergée et que 70 % de l'eau utilisée en agriculture provient directement des précipitations, l'agriculture pluviale joue un rôle essentiel dans la production des aliments.
De fait, agriculteurs et éleveurs se doivent en conséquence de gérer efficacement l'eau pluviale réceptionnée sur leurs terres. Et les éleveurs d'herbivores jouent un rôle clé dans la gestion de l'eau sur leurs territoires...
En France, les champs et les prairies dédiés à l'élevage occupent un tiers du territoire national, notamment dans les zones les plus arrosées. De par leur surface, ces champs et ces prairies réceptionnent 40 % du volume annuel de précipitations.
Cette eau de pluie va pour sa plus grande partie s'infiltrer dans les sols, alimenter les nappes phréatiques ou retourner dans l'atmosphère par évaporation ou par transpiration au niveau des sols et des végétaux. Elle n'est donc que très marginalement "consommée" par l'activité d'élevage et par les terres que celle-ci exploite. Pour l'essentiel, elle ne fait qu'y transiter. Les éleveurs sont ainsi les gestionnaires d'une eau réceptionnée et transitant sur leurs exploitations et les surfaces associées.

Un rôle protecteur


Et en France, la qualité de l'eau est bonne, voire très bonne dans la plupart des régions d'élevage herbivore, et notamment dans celles où la prairie est très présente. La Saône-et-Loire peut ainsi se targuer de sa seconde place dans la qualité des eaux au niveau national… Une donnée indispensable à rappeler alors que les problématiques d’autres régions sont souvent importées chez nous sans aucun discernement tant par les médias que par nos concitoyens.
Couvrant onze millions d'hectares, les prairies permanentes utilisées par l'élevage sont réceptrices de précipitations. Peu fertilisées, peu ou pas traitées, ces prairies ont un sol riche en matière organique, elles assurent un couvert prairial permanent et, avec les haies, permettent de limiter les pertes de nitrates et l'entraînement des micro éléments par ruissellement de surface et par érosion. Leur rôle de protection de la ressource en eau - en volume et en qualité - a ainsi été largement mis en évidence.
Ce rôle protecteur des prairies vis-à-vis de la ressource en eau a été reconnu au niveau européen. Dans le cadre de la Politique agricole commune, il justifie l'obligation d'implanter des bandes enherbées en bordure des cultures pratiquées le long des cours comme condition à l'obtention d'aides financières.

En agriculture en mouvement


Outre ces spécificités favorables à une saine gestion des ressources hydriques et propres à leur activité, les éleveurs sont par ailleurs attentifs à mettre en œuvre sur leurs exploitations une large gamme de techniques visant à préserver et renforcer la qualité de l'eau et à réduire les consommations effectives. C'est par exemple le cas avec :
· La mise en œuvre de systèmes d'économie d'eau : chasse aux fuites, récupération des eaux de pluie...
· Le recyclage des eaux : utilisation des eaux de toitures des bâtiments d'élevage pour le lavage des salles de traite, filtration de ces eaux de lavage à l'aide de filtres à roseau...
· La préservation des sols et l'amélioration de la rétention d'eau : instauration d'une couverture végétale permanente sur les sols cultivés, développement de techniques de préservation des stocks de matière organique dans les sols pour qu'ils jouent un rôle tampon...
· La gestion paysagère : maintien des haies, talus et fossés, des zones humides comme la zone Znieff sur les exploitations de Saint-Firmin qui filtrent l'eau et évitent son ruissellement...
· L'efficience de la production "More crop per drop" : sélection de cultures et de variétés végétales utilisant efficacement les précipitations en fonction de leur volume et de leur répartition, et des caractéristiques du milieu géographique.
· L'amélioration de la gestion des effluents d'élevage : optimisation de l'usage des engrais organiques (fumiers, lisiers...). Depuis 15 ans, les éleveurs se sont ainsi organisés et ont aménagé leurs installations pour mieux utiliser ces engrais de ferme et ajuster leurs épandages aux besoins des cultures, ainsi de la fosse à lisier couverte à Saint-Firmin. Les achats d'engrais azotés et minéraux ont ainsi été réduits.
Possédant en moyenne une centaine d'animaux, les fermes françaises d'élevage bovin restent en outre à taille humaine. Relativement autonomes, elles produisent elles-mêmes 90 % des rations alimentaires de leurs troupeaux, principalement à base d'herbe et de fourrages.
Des vérités bonnes à rappeler à un public de plus en plus méconnaissant des réalités de l’agriculture et donc en proie à n’importe quel opinion préconçue, fut-elle importée d’on ne sait quel coin de la planète…