Bernard Royet un vigneron à l’âme consensuelle
Figure emblématique de la viticulture bourguignonne depuis maintenant plus d’un demi-siècle, Bernard Royet est un précieux témoin des changements d’un métier en perpétuelle évolution.

Au départ, rien ne prédestinait Bernard Royet à évoluer dans l’univers viticole. Natif de Perrecy-lès-Forges, le voici qui déménage avec ses parents du côté du Creusot. Une cité particulièrement prospère à l’époque puisque l’on est dans l’âge d’or de l’empire Schneider. On naît Schneider, on grandit Schneider, on travaille Schneider, on vit Schneider, on respire Schneider. Difficile voire impossible d’échapper à l’emprise tutélaire d’une entreprise prônant le paternalisme. Bernard Royet devient ainsi ajusteur dessinateur, travaillant au traçage. Il choisit toutefois de quitter Schneider pour travailler avec son père, artisan maçon, dans le bâtiment. Une période qui sera toutefois entrecoupée du service militaire.
Une "bal" histoire
Mais c’est finalement par le plus grand des hasards que Bernard Royet va découvrir l’univers viticole. A l’occasion d’un bal, il rencontre à Couches celle qui allait devenir son épouse. Une femme et un lieu qu’il n’allait plus quitter, participant à ses premières vendanges dès 1965. Nous étions alors dans une toute autre société. « Que ce soit au Creusot ou dans le bassin minier, le vin était considéré comme un aliment. On faisait beaucoup de travails de force, on se dépensait énormément physiquement ». Ce qui explique les quantités parfois impressionnantes consommées par certains. Au fil du temps, Bernard Royet apprend son métier. « Nous vendions tout notre vin au négoce à cette époque ». Qu’il s’agisse de bourgogne, d’aligoté ou de passe-tout-grain. Ce n’est qu’en 1982 que Bernard Royet franchit le pas en se lançant dans la bouteille. « Il s’agissait de mieux gagner notre vie. Cela s’est fait naturellement ». Aujourd’hui, le domaine Royet commercialise 100 % de son vin en bouteilles entre aligoté, bourgogne blanc et rouge, maranges et crémant de Bourgogne. « Le crémant représente environ 40 % de nos ventes. Nous faisons nous-même notre crémant ». Une belle réussite pour cette exploitation qui dispose de 13 hectares répartis sur six communes.
En plus d’un demi-siècle passé dans les vignes, Bernard Royet a vu bien des évolutions. Le plus marquant est, à ses yeux, le changement des dates de vendanges. « Pendant près de trente ans, nous avions l’habitude de vendanger aux alentours du 15 octobre. Nous finissions parfois à la Toussaint. Aujourd’hui, nous vendangeons un mois plus tôt. Au final, nous n’avons forcément pas le même produit ». Ce qui explique un partie de l’évolution qualitative. « Désormais, chaque vigneron a aussi un oenologue à ses côtés ».
El presidente
Doué d’une incroyable faconde, doté d'un relationnel exceptionnel et ayant un sens inné du commerce, Bernard Royet est un personnage absolument à part, n’hésitant pas à s’investir ici au très populaire Tir à l’oiseau, là comme président du concours des vins de la Côte Chalonnaise et du Couchois. Un poste qu’il occupe avec brio depuis deux décennies, sa verve habituelle faisant des merveilles. Même s’il regrette la baisse du nombre d’échantillons « du fait d’un plus petit nombre de domaines, tout simplement ». Il souligne, en parallèle, la qualité qui n’a cessé d’augmenter au fil des années. Quant aux souvenirs marquants, il n’hésite pas, avec l’œil qui frise, à évoquer la présence à ses côtés des différentes Miss Bourgogne. Mais aussi d’invités prestigieux à l’image de Pierre Troisgros, Angelo Parisi, Jacques Lameloise, Laurent Romejko… « Toutes ces rencontres ont été magnifiques ». Avec, à la clé, quelques fins de journées particulièrement festives. « Nous venons de fêter la 127ème édition. Il faut faire en sorte de maintenir cette tradition née il y a près de 150 ans ».
L’homme du Couchois
Même s’il est aujourd’hui à la retraite, Bernard Royet n’en demeure pas moins un observateur attentif des évolutions du monde viticole local qui voit le nombre de domaines diminuer années après années. « Il y a aussi de moins de moins de ventes aux caveaux. Mais de plus en plus d’export et de ventes par Internet. Par ailleurs, dans certains endroits, les prix de la vigne s’envolent. Se posent et vont se poser de plus en plus les problématiques de la succession ».
Bien évidemment, impossible de parler de Bernard Royet sans évoquer la Ronde du Couchois. Un événement qui lui tient forcément à cœur et dont il est l’un des moteurs depuis le début il y a presque vingt ans de cela. « Cette année, c’était la dix-huitième édition du nom. Avec le recul, nous pouvons constater que cela a aidé à faire connaître nos vins. Les visiteurs se sont rendu compte que nous avions un très bon rapport qualitè-prix ». Décidemment, Bernard Royet n'a de cesse de faire la plus belle des promotions de son terroir.