Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
Flavescence dorée

Besoin de tous pour lutter

Fin 2012, le SRAL, la Fredon Bourgogne et la chambre d’agriculture de
Saône-et-Loire ont fait un tour des dernières informations disponibles
contre la flavescence dorée. En 2013, la lutte collective sera
obligatoire dans tout le département. La prospection pourrait, elle, bientôt être
étendue à toute la Côte-d’Or.
Par Publié par Cédric Michelin
125991--Flavescence_doree_cicadelle.jpg
A chaque réunion évoquant la flavescence dorée, le parallèle avec le phylloxera est fait. Histoire sans doute de bien prendre conscience de la gravité de la situation. La présence de cette jaunisse s’étend du Nord au Sud, de Saint-Denis-de-Vaux à Davayé. Maladie de quarantaine, l’an prochain, tout le département est placé en lutte obligatoire par arrêté préfectoral. La loi prévoit des peines (allant jusqu’au pénal). Tous les viticulteurs doivent en 2013 surveiller l’expression de symptômes de jaunisse à partir de fin août. Afin de repérer les pieds symptômatiques et de les arracher avant le 31 mars 2014. Ceci dans le but d’éliminer les foyers du phytoplasme qui provoque la mort des pieds. Pour éviter également sa dissémination, trois traitements insecticides viseront à éliminer le vecteur du phytoplasme, la cicadelle.
Fin d’année dernière à Buxy, le technicien du service Vigne & Vin de la chambre d’agriculture, Jocelyn Dureuil commençait par présenter la maladie et ses symptômes. A cette occasion, il précisait que les symptômes sont « invisibles sur les porte-greffes ». Pour bien positionner les traitements insecticides, il est impératif de bien connaître le cycle de vie des cicadelles. L’éclosion des larves se fait généralement vers le mois de mai. Les œufs sont sains à la naissance. Mais si ces derniers piquent le moindre pied malade, alors cet insecte sera contaminant au bout d’un mois. Une fois infectieuse la cicadelle a un pouvoir de contamination important (X7) à la fois à proximité (larves) ou lors de déplacements (vols adultes). Les adultes peuvent également transmettre la maladie « jusqu’à la fin de leur vie en mi-septembre ». Malheureusement pour le développement durable, la cicadelle n’a que « très peu d’ennemis naturels dans le vignoble » et le recours à la faune auxiliaire n’est pas envisageable.
Les traitements insecticides sont imposés par la réglementation au niveau européen et français (maladie de première catégorie - arrêté ministériel du 9 juillet 2003). Pour la Saône-et-Loire, trois traitements insecticides seront définis par arrêté préfectoral et donc obligatoires en 2013. Tout comme, l’arrachage de 11 ha de vignes dans des parcelles dépassant 20% de pieds positifs. Fin 2011, la découverte des foyers –sur Plottes, Ozenay et Chardonnay avec « onze parcelles positives »– a changé la donne mais surtout l’ampleur des risques.

Le Chalonnais et la Côte-d’Or sur leurs gardes



Car en réalité, la flavescence dorée n’est pas totalement nouvelle en Bourgogne. Après des cas signalés à Saint-Gengoux-le-National (2004), sur Puligny-Montrachet deux années de suite (2005-2006), à Meloisey en 2006, à Rosey en 2009, à Bissey (2010 et 2012) ou encore à Montagny-les-Buxy en 2011.
De la Fredon Bourgogne, Charles Chambin revenait sur la prospection « exhaustive » réalisée en Chalonnais l’an dernier. Ainsi, 141 échantillons ont été analysés. Le "nouveau" cas à Montagny-les-Buxy soulève moins de question que le pied positif découvert plus au Nord à Saint-Denis-de-Vaux, où l'origine de la contamination n'est pas encore connue. Les dernières informations laissent à penser que la prospection pourrait s’étendre à toute la Côte-d’Or et que certaines appellations du département voisin réfléchissent également à faire des traitements préventifs (ODG Meursault par exemple). Avec 73 prélèvements négatifs, le Beaujolais n’est pas en zone positive pour l’heure mais la région Rhône-Alpes est « prévenue » et la profession reste vigilante.

Tout le Mâconnais déjà contaminé ?



Des services de la Draaf Bourgogne, Claude Magnien en profitait pour rappeler les conséquences économiques de cette maladie sur l'outil de travail du viticulteur : « la participation des viticulteurs est importante pour faire reculer la maladie » car cela « va prendre du temps », prévenait-il. Et pour illustrer la nécessité d’une lutte sans faille, il rajoutait : « dans le Languedoc, la flavescence a même provoqué la fermeture de caves coopératives ! Je ne veux pas faire peur mais on multiplie par 10 chaque année le nombre de pieds malades, si on ne fait rien ».
Au sud de la Saône-et-Loire, la « formidable progression dans le périmètre était prévisible mais la dispersion sur les autres communes jusqu’à Davayé est plus surprenante et indique donc un risque que toutes les communes du Mâconnais soit déjà contaminées », estimait-il. Dans le « Mâconnais, comme l’arrachage des pieds n’a pu être fait, la lutte complète va vraiment commencer cette année ». Les techniciens prédisent donc « une stabilisation ou amélioration » de la situation pas avant 2014 « mais avec certainement des milliers de pieds arrachés » cette année. La grande question est maintenant de savoir combien d’hectares seront arrachés l’an prochain ? 10, 20, 30 ha de plus ? Avec des symptômes pouvant s’exprimer majoritairement entre un an et trois ans après, nul ne le sait...


Aux grands maux…



L’importance du développement de la maladie cette année, plus particulièrement en Saône-et-Loire, mobilise tous les organismes techniques qui travaillent de manière conjointe. CAVB, BIVB, FNEB, FREDON, DRAAF, Chambres d’Agricultures se sont rencontrés de nombreuses fois depuis la fin des vendanges pour mettre au point un plan d’actions. La Commission Technique du BIVB a acté la création d’une cellule Flavescence dorée qui réunit les Présidents des Commissions Techniques BIVB et CAVB, des permanents BIVB, CAVB, FNEB et de trois élus de la CAVB. Une proposition de stratégie de lutte a été soumise aux organismes par la FREDON. Un plan d’informations vers la filière est en cours de finalisation : de nombreux outils de communication vont être mis à disposition des professionnels pour répondre à leurs questions et attentes. Le 30 janvier au Lycée Viticole de Davayé, salle Jules Chauvet à partir de 9h30, la FREDON, le SRAL (DRAAF) et la Chambre d’Agriculture 71 organisent une restitution des résultats de la prospection de 2011, une information sur les conséquences en matière de lutte obligatoire et donnent les premières orientations pour 2013. (Pour en savoir plus, contactez ces organismes).




Quelles aides ?



Une chose est sûre : l’Esca provoquait déjà suffisamment de dégâts et d’arrachages réguliers et les viticulteurs n’avaient pas besoin de cela avec la faible récolte 2012 et la hausse des coûts de production. La hausse des cours ne suffira pas à compenser. Des soutiens financiers seront nécessaires pour venir en aide aux viticulteurs impactés. Le BIVB a déjà débloqué 200.000 € et un fond de mutualisation pour la Bourgogne est en cours de constitution. Le conseil général pourrait prendre en partie le coût des analyses, puisque son laboratoire départemental est habilité à les réaliser.




Plus de précisions sur la lutte insecticide



Avant tout traitement, Jocelyn Dureuil rappelait l’intérêt et la « nécessité » de traiter le matériel végétal lors de chaque plantation. « Il y a toujours un risque potentiel de contamination par les greffés soudés, avec les greffons ou les porte-greffes ». La Bourgogne avait bien acté ce fait puisque l’obligation de traiter les pieds à l’eau chaude est inscrite dans tous les cahiers des charges des AOC. Les pépinières et vignes mères sont elles soumises à une réglementation encore plus stricte.


Revenant à la lutte insecticide, cette dernière vise à maitriser les populations de cicadelles et s’appuie sur trois traitements. Le premier traitement intervient un mois après le début des éclosions des œufs. « Il ne faut surtout pas le faire trop tardivement », met en garde Claude Magnien. Ni trop tôt. Le SRAL donnera la première date –et les suivantes– dans son bulletin de santé du végétal, repris et diffusé par la chambre d’agriculture ou les distributeurs. Car, des différences existent en fonction de la campagne en ce qui concerne les dates d’éclosions : le 26 avril en 2011 et le 19 mai en 2012 par exemple. Comme les éclosions se font sur 6 à 10 semaines, un deuxième traitement est nécessaire 12 à 14 jours pour couvrir la fin d’efficacité des produits. Enfin, le troisième insecticide vise les populations adultes et intervient en général un mois après le deuxième traitement.


Une large gamme d’insecticides existe mais avec « peu de familles chimiques » à l’intérieur, « donc il faut alterner pour éviter les phénomènes de résistances », conseil Jocelyn Dureuil. Pour les viticulteurs labelisés AB, le pyrévert (pyrèthre naturel) est homologué et efficace, juge Claude Magnien, même s’il n’offre pas la « même persistance », dégradé par la lumière. Mieux vaut l’appliquer le soir et il agit essentiellement sur les larves.


Pour finir sur une note positive, « en deux campagnes de lutte parfaite, on peut espérer arriver à maitriser les choses », veut croire Claude Magnien.


Images