Bientôt, 34 générateurs anti-grêle
atmosphériques, l'Anelfa, a mis au point un dispositif collectif de
protection contre la grêle. Après de nombreux dégâts ces dernières
années, l’Arelfa Bourgogne va déployer ce dispositif pour protéger dès
2014, les Côte du Couchois, chalonnaise et de Beaune. Un dispositif qui a
valeur de test et qui pourrait être élargi à toute la Bourgogne.
Le principe de protection retenu est l'ensemencement d'iodure d'argent et de cuivre, « aspirés » par les nuages par l'intermédiaire de générateurs disposés selon un maillage resserré. Ces derniers seront disposés sur la zone de formation des orages courant du mois de mai. « Les générateurs sont en train d’être fabriqués dans l’atelier toulousain de l’Anelfa », notamment le système Testo qui permet de contrôler que chaque appareil a bien fonctionné et a bien été enclenché.
Une cotisation “grêle” de 10 €/ha
En Bourgogne, 34 générateurs seront installés pour protéger la Côte chalonnaise, Côte du Couchois et de la Côte de Beaune, dans un premier temps, soit près de 9.000 ha. Les ODG concernés ont validé la mise en place de ce dispositif (budget de 95.000 € en 2014 ; 75.000 € les années suivantes), et la contribution maximale des viticulteurs à hauteur de 10 €/ha, y compris en appellations régionales (bourgognes et crémants), explique la CAVB.
Dès à présent, des démarches vont être engagées auprès des collectivités locales pour une prise en charge de toute ou partie de cette somme. Idem auprès des assureurs même si d’ores-et-déjà il peut être intéressant de négocier individuellement auprès de son assureur, pour une prise en charge de cotisations.
Quelles efficacités ?
Invités lors des réunions prévendanges 2013 à Saint-Désert, Claude Berthet, la directrice de l’Anelfa, a détaillé les grands principes de la précipitation de grêle. La grêle provient des cumulonimbus. Dans ces nuages, les particules d’eau glacées sont maintenues par des vents ascendants assez longtemps pour leur permettre de grossir et tomber sans fondre suffisamment, voire ne pas donner de pluie du tout. Le nombre et la taille des grêlons dépendent de la présence ou non de noyaux de congélation. Si il y a carence ou peu de ces « poussières naturelles », les grêlons vont « beaucoup » grossir. Pour éviter ce cas, il faut donc multiplier le nombre de ces noyaux de congélation. L’iodure d’argent est le plus efficace et limite les risques de formation de « gros » grêlons.
1 € engagé = 24 € sauvés
Installé dans une quinzaine d’autres départements, le dispositif permet de constater une diminution de l'intensité de la grêle de l'ordre de 50 % avec une efficacité de 48 %, et une légère augmentation des précipitations.
« Pour atteindre 100 % de pluie sans grêle tombant au sol, il faudrait une répartition homogène dans les nuages, ce qui est impossible. Là, il continuera de grêler mais il grêlera moins », résumait Jean Dessens, Docteur en chimie météorologique. Sans nuisance sonore ni impact environnemental, ce dispositif s’avère donc la seule protection collective efficace. Les filets étant inadaptés à nos vignes basses et en contradiction avec le classement des climats. Les canons ou avions étant plus onéreux.
« Nous avons chiffré le rapport des bénéfices par rapport aux coûts : 1 € engagé diminue les pertes de 24 € ; chiffres variant selon les cours économiques » des appellations et millésimes évidemment, rappelait Claude Berthet.
Avoir un maillage dense
L’ensemencement proposé par l’Anelfa par des générateurs se fait depuis le sol puisque la base du nuage va « pomper ces particules ». Les générateurs mis en place chez des bénévoles, qu’il reste à recruter, sont des appareils simples à faire fonctionner : une bouteille d’air sous pression, un réservoir qui contient l’iodure d’argent et enfin une cheminée où à lieu la combustion formant ses noyaux de congélation artificiels (200 milliards de particules par seconde fabriquées). « L’important est d’avoir un maillage dense, tous les 10 km car aucun orage ne se ressemble (vitesse de déplacement, trajectoires…) ». L’Anelfa travaille avec des organismes de prédictions météorologiques qui les alertent. Entre avril et octobre, le réseau est actif et en cas d’orage à risque, les générateurs doivent être allumés trois heures avant par les volontaires (SMS, téléphones) ou ses suppléants.
Quel impact sur les raisins ?
Dès 1972, le découvreur de l’iodure d’argent, le physicien B. Vonnegut, s’est inquiété des effets possibles de cette substance sur la santé humaine. Dans les années qui suivirent, plusieurs études spécifiques ont été réalisées sur l’impact des substances glaçogènes artificielles dispersées dans l’atmosphère. Toutes ces études ont démontré l’innocuité des ensemencements en iodure d’argent sur l’environnement. En 2014 va être généralisée une solution 50 % d’iodure d’argent + 50 % d’iodure de cuivre, mélange testé et moins onéreux.
Par campagne annuelle de 20 alertes et en sachant qu’une alerte dure en moyenne 10 heures pour 10.000 ha, cela revient à 1 gramme d’iodure d’argent par 10 ha et 1 gramme d’iodure de cuivre par 10 ha. « Les quantités retrouvées sur les raisins sont infinitésimales, ne posant pas de problème pour la certification bio », conclut la directrice de l’Anelfa.