Accès au contenu
Lire, Ecouter, Voir

"Bientôt nous aurons faim"

"Bientôt nous aurons faim" de Gérard Le Puill est un réquisitoire contre
la politique agricole actuelle, élaborée à Bruxelles comme à Paris. Les
technocrates de la Commission européenne sont qualifiés de « fous furieux » tandis
que Bruno Le Maire y est la cible de quelques quolibets fort savoureux.
2734--Bientot_nous_aurons_faim.jpg
L’ex-ministre de l’Agriculture, Michel Barnier n’est pas non plus épargné. Gérard Le Puill déplore sa capitulation lors de la présidence française de l’Union européenne en 2008, notamment sur l’abandon des quotas laitiers d’ici à 2015. L’auteur, tellement remonté contre ce qu’il juge comme « une faillite » en oublie, toutefois, de mentionner le rééquilibrage des aides impulsé par ce même Michel Barnier… En termes de politique économique conduite par le gouvernement, Gérard Le Puill dénonce également la Loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 qui a davantage pressuré les prix payés aux producteurs. A l’échelle mondiale, notre essayiste n’est pas moins véhément contre les agrocarburants, responsables, selon lui, de la faim dans le monde, ainsi que sur les OGM, bien que séduisants...
Si la critique est acide, elle n’en reste pas moins constructive : loin de se parer de l’armure d’un chevalier de l’apocalypse, Gérard Le Puill propose des solutions, susceptibles, selon lui, de respecter le travail et la dignité des agriculteurs, les consommateurs et l’environnement.  Pour lui, le nœud du problème se situe au niveau des sols dont il faut restaurer l’état. D’abord de manière agronomique en s’orientant vers une agriculture « écologiquement intensive », chère à Michel Griffon : limiter les apports au strict nécessaire tout en utilisant au maximum la capacité du soleil pour fabriquer de la biomasse ; abandonner le labour. D’un point de vue politique, conditionner le versement des DPU de 2014 à 2020 à une rotation des cultures « intégrant une montée en charge des cultures de protéagineux et d’oléagineux » ce qui contribuera à régénérer les sols. Par ailleurs face à la flambée des cours des céréales, « une bonne réforme de la Pac suppose la mise en place de stocks céréaliers de sécurité (pour) éviter la volatilité des prix et la ruine des éleveurs ». Bref, Gérard Le Puill propose des solutions très concrètes –ce n’est pas si courant !– et son livre regorge d’autres propositions. Mais ne déflorons pas trop…
Gérard Le Puill, "Bientôt nous aurons faim", aux éditions Pascal Galodé éditeurs, 2011, 291 pages, 20 euros.