Accès au contenu
Portes ouvertes Farminove SENOZAN
Icone Bourgogne

Bientôt organisme certificateur ?

Deuxième volet du débat organisé par l’Union des producteurs de vins mâcon (UPVM), Brunot Verret a expliqué la réforme de l’agrément vue de la Bourgogne. Mis en place depuis deux années, Icone Bourgogne veut être agréé organisme d’inspection et de certification. Une évolution qui soulève nombre de questions
viti_agrement_2.jpg
Arrivé à l’époque de l’expérimentation en 2006 au comité de pilotage d’Icone (Inspection contrôle origiNE) Bourgogne –l’organisme de contrôle commun aux viticulteurs et aux négociants de Bourgogne–, Bruno Verret le copréside depuis 2008.
La filière viticole bourguignonne s’est très tôt lancée dans cette réforme de l’agrément, « pour ne pas se faire imposer un outil ». Déjà à l’époque, la tâche s’annonçait ardue car « les mentalités et les produits sont différents du nord au sud », admet Bruno Verret. Pourtant, « la ligne directrice du Cepic (Comité de pilotage d’Icone) n’a pas changé », explique ce viticulteur de l’Yonne.
Pas de changement non plus sur le plan d’inspection qui doit, depuis le départ, toujours être réalisé en concertation avec les ODG. Fait propre à la Bourgogne, ce dernier est cependant “unique” (ou proche comme les exceptions que sont chablis et les crémants de Bourgogne), puisqu’il est le même pour toutes les appellations viticoles en Bourgogne. En effet, la raison d’être d’Icone était de « simplifier le contrôle ». Sauf qu’à l’idée s’est heurtée la réalité du terrain.
Moins d’analyses
Comme en Alsace, le but des contrôles était « d’uniquement cibler les mauvais opérateurs pour libérer des contrôles, ceux qui n’avaient jamais de problème ». Jusqu’à l’an dernier, pour chaque mise en bouteille ou pour chaque transaction, il fallait faire la déclaration correspondante. La raison était qu’en sortie de cuve chez le viticulteur, « lorsqu’un professionnel achète du vin, il le fait en son âme et conscience », donc ne nécessitant « pas de contrôle sur ces transactions ». Par contre, des contrôles sont nécessaires « à la sortie négoce. Mais cela est, pour l’heure, bloqué par le code rural », regrettait Bruno Verret. 
Pourquoi tout ceci est du passé ? Même si le but reste le même, désormais, avec la suppression des déclarations de mise à la consommation, les prélèvements vont se faire en fonction des registres d’embouteillages (antériorité remontant à une année). Le préleveur d’Icone contrôlera « 10 % des lots en privilégiant la vente bouteille par rapport à la vente vrac ». Des analyses seront également à fournir pour ce contrôle interne. Seul « un lot sur dix prélevés sera analysé par Icone et selon les éléments demandés ». D’autres analyses pourront donc être « récupérées », pour éviter de revérifier certaines données (taux alcoolique…).
Une simplification qui se double aussi d’un allégement des charges pour Icone Bourgogne. Car, Bruno Verret le reconnaît : « la trésorerie d’Icone est actuellement remise en cause par la lourdeur du système ».
Plus de cohérence
Côté chiffres, en 2009, pas moins de 4.000 vins ont été dégustés, mobilisant 1.500 dégustateurs, répartis dans trois centres. « Pour plus de cohérence », une autre évolution est à l’étude. Le « préleveur d’Icone fera désormais tout un village. Les dégustations seront ensuite sur un axe plus local, avec par exemple une appellation regroupée, ne mélangeant plus régional et grands crus, comme autrefois ». La grille de lecture des dégustations est amenée à évoluer elle aussi, tout comme la sélection des dégustateurs. Après deux années pleines, cela semble nécessaire pour « éviter l’absentéisme, les manques d’implication des vignerons ou encore des jugements de qualité variables », juge le viticulteur.
Pour répondre aussi aux critiques sur les contrôles portant sur un lot déjà vendu et livré, les dégustations cibleront désormais « au maximum » les vins « en sortie de mise pour savoir s’ils sont aptes pour le marché ». Résultat induit, le système de dégustation « reculera le problème d’un an » pour les opérateurs ayant des manquements.
Le “gros” dossier actuellement au Cepic est de bien définir ces dégustations puisque l’INAO veut « un contrôle sur tout ce qui se fait sur l’appellation pour accepter la dégustation ». Une sorte de référence, avant de sanctionner. « Tout reste à définir » donc du côté des contrôles internes. La réduction est néanmoins à l’ordre du jour du comité de pilotage d’Icone, voulant ne plus excéder les 1.500 vins dégustés annuellement et ce, avec 200 dégustateurs « très bien formés ».
Cédric Michelin
 

Certification lancée ?



Abordant le “point critique”, Bruno Verret expliquait ensuite « comment est arrivé le débat de la certification à Icone Bourgogne ? ».
Contrairement à l’époque de l’expérimentation, où « lorsqu’un vin a un problème, un comité d’experts regardait la grille de traitement des manquements », aujourd’hui, « la sanction est prise par une personne en fonction du PV de sanction ». Une procédure « stricte » voulue par l’INAO, et jugée peu réactive aux mises en conformité.
La voie « qui s’ouvrait à nous » et répondait le plus aux besoins d’Icone Bourgogne était celle de la certification. Pour l’opérateur « sain » rien ne change, par contre, en cas de souci, il sera notifié du manquement par Icone Bourgogne et la sanction appartiendrait « d’être rendue par un groupe –d’une quinzaine de personnes liées au vin– représentative des viticulteurs, des négociants, des consommateurs ou techniciens... ». L’occasion pour des viticulteurs de réinvestir l’agrément, « y compris pour les sanctions ».
Pour garder son titre d’organisme d’inspection et devenir organisme de certification, Icone doit, selon les critères de l’INAO, « rester au niveau des bassins et devenir multiproduits ». Une porte ouverte pour d’autres producteurs (fromages, viande…).
Il citait alors en modèle l’exemple des crémants de Bourgogne, qui ont eux choisi cette voie de la certification, avec Certipaq, organisme hors viticulture. « En attendant d’être organisme certificateur, icone continuera d’être prestataire de service pour Certipaq justement pour les crémants ». La voie semble déjà tracée, voire lancée. La CAVB et la FNEB (négoce) ont été consultées et ont donné un avis « favorable » à la certification et à l’inspection. La certification « risque d’être enclenchée dans les semaines à venir ». Les ODG auront donc à choisir organisme certificateur et organisme d’inspection, s’ils ne veulent pas le même.

Ça se complique !


« Certification et inspection regroupées sous une même coquille certes, mais obligées d’aller dans un même sens », synthétisait Jean-Michel Aubinel. Pourtant, la « réalité de nos exploitations est d’être multi-appellations ». Résultat, un producteur pourrait se voir contrôler plusieurs fois : « 10 % certifiés pour une appellation, 10 % inspectés pour une autre ODG… », le tout avec un plan d’inspection « légèrement différent ». La simplification n’est donc pas immédiatement évidente. D’autant plus que pour le président de l’UPVM, il ne faut pas oublier le problème de la gouvernance : « les organismes de certification doivent rester sous l’expertise des professionnels viticoles ». Une prise de contrôle qui s’annonce, elle, encore plus compliquée…