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Blé : l’objectif export fond sous le « rouleau compresseur » russe

FranceAgriMer a revu le 14 mars une nouvelle fois à la baisse les exportations 2017-2018 de blé tendre vers les pays tiers à 8,5 millions de tonnes (contre 9 Mt le mois dernier), admettant que « la Russie assoit sa domination sur le marché international ».

Par Publié par Cédric Michelin
Blé : l’objectif export fond sous le « rouleau compresseur » russe

Les anticipations d’export de blé ne sont « pas aussi prometteuses » qu’espéré vu le « rouleau compresseur de l’origine mer Noire », a déclaré Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre. Cela augmente d’autant les quantités disponibles en silo. Rémi Haquin, le président du conseil spécialisé pour la filière céréalière, a fait part de l’« inquiétude » des opérateurs face au risque de grève dans le transport ferroviaire, très utilisé pour l’acheminement du grain vers les ports.

D’importants volumes restent à exporter : au 12 mars, les embarquements depuis les ports français représentent 5,195 millions de tonnes de blé tendre vers les pays tiers. Un chiffre à comparer aux 8,5 millions de tonnes prévues sur 2017-2018. Cet objectif est difficile à atteindre avec la forte concurrence à l’international. Les appels d’offres sont remportés massivement par les Russes et Ukrainiens notamment, l’origine mer Noire occupant à elle seule le terrain chez des importateurs majeurs comme l’Égypte. « La suprématie russe se conforte semaine après semaine », a insisté Marc Zribi. Illustration en février, qui marque un record à 3 millions de tonnes exportées à l’international, soit trois fois plus que la moyenne mensuelle lors des cinq dernières années. Et déjà près de 600.000 tonnes sont comptabilisées sur la première semaine de mars. La Russie voit ainsi sa prévision d’export 2017-2018 grimper à 37,5 millions de tonnes de blé tendre (contre 36 Mt estimé précédemment par l’USDA). De grosses quantités doivent encore être expédiées : l’objectif n’est réalisé qu’à 76 % sur la période juillet-février. Mais la météo toujours clémente n’entraîne aucune perturbation sur le plan logistique.

Sursaut des prix

Côté prix mondiaux, c’est le « weather market » qui constitue le moteur des évolutions ces dernières semaines. La météo a provoqué un raffermissement des cours, « au plus haut depuis sept mois », selon Marc Zribi. En cause, des craintes liées à la vague de froid en Europe, la sécheresse aux États-Unis. La situation est surtout inquiétante au pays de l’Oncle Sam. Au 3 mars, seuls 12 % des blés d’hiver apparaissent en catégorie « bon à excellent » (contre 43 % l’an dernier à la même date). « Les principaux États américains producteurs de céréales d’hiver sont touchés par une sécheresse très sévère », a-t-il souligné, parlant d’une « situation fortement dégradée ».

Au contraire, tout va pour le mieux dans le bassin de la mer Noire. Le ministère russe de l’Agriculture ne signale pas de dégâts suite à la vague de froid. 94,7 % des blés d’hiver sont classés en « bon à excellent » au 28 février, 5,3 % en mauvais état (pareil à l’an dernier). En Ukraine, le centre hydrométéo n’indique pas non plus de dégâts, même pour l’oblast de Dnipropetrovsk moins protégé par la neige. Les céréales d’hiver sont jugées dans les meilleures conditions depuis quatre ans. Concernant la France, peu de dégâts liés au gel sont constatés, selon Catherine Cauchard, responsable du programme de suivi des cultures Céré’Obs.