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Les brèves de l'élevage

Bon à savoir

Chaque semaine, le tour de l'actualité économique de l'élevage en brèves.




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Jean-Paul Bigard
Pour « un débat constructif »

Au travers de sa lettre d’actualité du 12 novembre, jour de la suspension du blocage de neuf de ses abattoirs, le Syndicat national des industriels de la viande (Sniv) permet à Jean-Paul Bigard de s’exprimer. « Les affrontements que nous connaissons sont l’expression d’une crise non pas conjoncturelle mais bien plus profonde nécessitant d’importantes décisions structurelles », exprime-t-il. « Il aura fallu que des tentatives d’artificialisation des cotations rendent les acteurs de la filière à l’évidence : le marché est têtu ». Il appelle surtout à « un débat constructif », d’autant plus que « la consommation du produit que l’on défend a subi une chute de 20 % en 30 ans ». La lettre reprend d’autre part les différents engagements pris le 10 novembre et rappelle le contexte de la situation politique et économique. Ainsi les cours ne sont « ni verrouillés, ni les plus bas d’Europe » et ce « n’est pas la demande qui augmente mais l’offre ». Au niveau interprofessionnel, Jean-Paul Bigard regrette l’absence de réponses aux questions posées par le Sniv en décembre 2009 « qui posaient clairement les sujets à traiter : gouvernance, projet, méthodes ».


Engraissement des bovins
Coop de France élabore un plan de soutien

C’est autour de deux axes que repose le dispositif de soutien à l’engraissement des bovins, annoncé par Coop de France Bétail et Viande le 17 novembre, lors de son assemblée générale. « Le maintien du plan de modernisation des bâtiments d’élevage et l’octroi de crédits et conditions spécifiques ciblés sur la création et l’agrandissement de bâtiments d’engraissement des bovins » en est le premier axe, et « la mise en place d’un dispositif de soutien aux caisses de sécurisation des organisations de producteurs de la filière bovine » le second. « Une mise de fonds initiale sous forme d’un financement public » devrait être versée par l’État pour démarrer ces caisses de sécurisation. « Un système de sécurisation nationale permettant d’abonder ces caisses en cas de situation difficile prolongée » verrait le jour par la suite. Ce dispositif ne s’adresserait qu’aux élevages de 100 places minimum, après agrandissement. En parallèle, Coop de France a « initié la conception d’un outil d’appui technique sur la maîtrise du coût de production », sur lequel l’Institut de l’élevage travaille actuellement.


Yoplait
L’offre de Lactalis rejetée

Le groupe Lactalis qui avait déposé une offre de reprise de la totalité du capital de Yoplait a reçu une fin de non recevoir des actionnaires actuels : le groupe Sodiaal et le fonds d’investissement PAI Patners. Détenu à parts égales, PAI Partners avait en effet manifesté l’intention de se séparer de sa branche laitière, mais Sodiaal - s’il accepte un nouveau partenaire pour Yoplait à la place de PAI Parteners - entend rester présent dans le capital, même minoritaire. En outre Sodiaal, comme PAI Partners, juge le prix d’achat proposé par Lactalis insuffisant. Lactalis n’a pas renoncé et devrait faire une nouvelle offre.


Viande bovine européenne
La Turquie ouvre ses frontières

Le Gouvernement turc a décidé « d’ouvrir ses frontières aux bovins et à la viande bovine européenne », selon l’Institut de l’élevage. Effectivement, le pays est confronté à une baisse de l’offre nationale et à une forte hausse des prix de la viande bovine. « Depuis la mi-septembre, en plus d’un contingent de 7.500 tonnes à 25 % de droit de douanes, les entreprises turques sont autorisées à importer de la viande directement depuis les grands pays producteurs européens à des droits de douanes de 30 % au lieu de 225 % en temps normal », détaille l’Institut de l’élevage. La demande semble importante et « intéresse fortement les exportateurs européens ». Ces derniers pourront en effet bénéficier de restitutions (20 €/100kg) pour les carcasses et quartiers réfrigérés. Depuis la fin octobre donc, les frontières turques sont ouvertes aux carcasses françaises à condition d’avoir obtenu un test ESB négatif. D’autres marchés du pourtour méditerranéen comme l’Egypte « pourraient s’ouvrir à la viande bovine européenne face à la perte de compétitivité des viandes du Mercosur » (lire à ce sujet notre édition du 5 novembre en page 7). Les cours de la viande d’Amérique du Sud flirtent en effet avec les cours européens (2,80 €/kg carcasse fin octobre à Sao Paulo). Le Liban a lui fortement importé de France ces derniers temps. « Sur les 66.000 jeunes bovins exportés entre janvier et août (+31 % par rapport à 2009), ce pays en a absorbé 24.900 à lui seul, soit plus que l’Italie », note l’Institut de l’élevage.


Viande bovine
Accord de coopération avec la Chine

« Un accord pour le renforcement de la coopération bilatérale pour la recherche et le développement de la production de viande bovine » a été signé le 17 novembre entre Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, et Han Changfu, son homologue chinois. Selon le ministère de l’Agriculture, cet accord fait suite à la visite d’État du président Hu Jintao en France, du 4 au 6 novembre. C’est à l’occasion de la troisième réunion du comité mixte agricole franco-chinois, qui s’est tenue à Paris, les 16 et 17 novembre, que les deux ministres se sont rencontrés. Selon cet accord, « le Centre bovin franco-chinois de Pékin favorisera le développement des filières d’élevage en Chine ». La Chine fait en effet partie des pays émergents où la demande en viande ne cesse de progresser ces dernières années.


Viande brésilienne
Risques médicamenteux ?

En novembre, les autorités sanitaires suisses ont refusé une cargaison de viande de bœuf hachée originaire du Brésil suite à la découverte de résidus d’ivermectine, un médicament anti-parasitaire. Des lots brésiliens de viande contaminée par ce médicament auraient également été mis à jour aux États-Unis Ces deux découvertes pourraient conduire l’Union européenne à procéder à son tour à une réévaluation des mesures de maîtrise des risques à l’encontre de cette substance. Et les autres ?


Commerce international
La facture des idéologies

La stratégie en matière commerciale de la Commission européenne rendue publique par Karel De Gucht, commissaire au commerce, consiste « à vouloir à tout prix conclure les négociations commerciales en cours (OMC, Mercosur...) et à accélérer le rythme sur la libéralisation bilatérale des échanges », dénonce la FNSEA. « Le secteur agricole européen est fragile, chacun en convient, alors pourquoi le fragiliser plus encore ? ». La Commission européenne « prétend avec cette stratégie donner une chance à l’économie européenne. La libéralisation débridée serait une chance. Ah bon ? Et depuis quand ? Pour qui ? Pour quoi ? », dénonce la FNSEA pour qui « l’agriculture s’accommode mal des idéologies, il s’agit de vivant, de qualité, d’hommes et de femmes avec des compétences qui produisent ce que les consommateurs attendent ». L’agriculture est un secteur sensible qui mérite une attention et une protection particulières. « L’élevage lutte pour sa survie, pourquoi le brader au Mercosur ? », s’indigne la FNSEA qui rappelle que « les paysans savent que leur avenir passe par des prix rémunérateurs, pourquoi s’obstiner à importer toujours plus, à bas prix ? »


UE/Mercosur
« Un impact catastrophique »

Réunies au sein du Copa-Cogeca, les organisations agricoles de l’Union européenne (EU) digèrent mal que la Commission européenne fasse une priorité de la conclusion des négociations sur la libéralisation des échanges avec le Mercosur. Le 9 novembre, elles réaffirment que tout accord entre les deux parties « aurait un impact catastrophique » sur l’agriculture européenne. Les importations en provenance du Mercosur « ne respectent pas les même normes élevées que l’Union et un accord aboutirait à un fort repli du secteur agricole, mettant en péril 28 millions d’emplois dans les zones rurales ». Et le Copa-Cogeca rappelle qu’« ouvrir notre marché à des importations moins chères n’aurait pas pour résultat une économie “plus verte” ».


Viande de porc
La Russie s'ouvre au Brésil

Selon l’Institut du Porc (Ifip), « la Russie a annoncé son souhait d’améliorer l’accès des viandes brésiliennes, et notamment de porc, à son marché intérieur. Les conditions de cet accès seront précisées dans les semaines à venir par la Russie, dans le cadre des discussions actuelles sur son adhésion à l’OMC ».


Charcutiers traiteurs
Un nouveau site Internet

La Confédération nationale des charcutiers-traiteurs et traiteurs (CNCT) a mis en ligne le 15 novembre son nouveau site Internet, à l’adresse : www.charcutiers-traiteurs.com. Un "Espace jeune" en est la grande nouveauté. Formation, financement, offre de transmission-reprise, offre d’emplois, accompagnement de la transmission d’entreprise… Tout s’y trouve pour favoriser le recrutement et l’installation de nouveaux professionnels. La profession connaît une chute du nombre de ses boutiques (-300 en quatre ans), mais la masse salariale reste stable (34.000 actifs).



Viandes halal

Chiffre d’affaires en hausse



Les produits halal ont réalisé une hausse de 23 % du chiffre d’affaires dans la distribution sur les 12 derniers mois en France, affirme une récente étude publiée en novembre par le cabinet de conseil Insights SymphonyIRI Group. L’ensemble du marché halal - y compris les produits frais traditionnels (boucherie notamment) et les achats dans les circuits traditionnels - est désormais estimé à 5,5 milliards d’€. Certes, le marché des produits halal vendus en magasins, soit portant un code barre, ne représente qu’environ 0,3 % du marché des produits alimentaires (49,5 milliards d’€), mais il est révélateur de la hausse de la consommation des produits halal. Les consommateurs de viande halal achètent surtout pendant les 5 semaines du ramadan et la semaine précédente. « Durant cette période, les ventes hebdomadaires de produits halal augmentent de 60 % par rapport aux autres semaines de l’année. Les ventes sont nettement plus élevées sur les deux premières semaines », d’après l’enquête. L’étude montre que la consommation de produits halal est clairement liée à la population musulmane. La région parisienne représente par exemple « 32 % de la consommation des produits halal pour un peu moins de 36 % de population étrangère », originaire de Turquie, Algérie, Maroc, ou Tunisie.


Un abattage rituel qui agace...
Reste que les associations de protection animale s’emparent du sujet. Selon une étude de 2009 du cabinet de conseil Solis, le marché halal a en effet quasiment doublé en cinq ans et s’établit à 5,5 milliards d’€, dont 1 milliard pour la restauration rapide. En attendant, une proposition de loi visant à « limiter la production de viande provenant d’animaux abattus sans étourdissement aux strictes nécessités prévues par la réglementation européenne » a été enregistrée au Sénat le 15 septembre. Il semblerait effectivement que nombre d’abattoirs, pour sécuriser leurs ventes, n’étourdissent plus les animaux avant abattage, répondant ainsi aux marchés halal et non halal. Les associations de protection animale n’ignorent pas le sujet et huit d’entre elles avaient lancé le 10 novembre une campagne dénonçant « la souffrance des animaux et la tromperie des consommateurs ». Une campagne restée dans les tuyaux puisque l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité a recalé les visuels d’affichage, considérant qu’ils étaient « de nature à "ridiculiser ou à choquer" les adeptes des rites concernés », a dénoncé la Fondation Brigitte Bardot. Selon cette association, « jusqu’à 60 % de la viande issue d’animaux abattus selon le rite musulman et jusqu’à 70 % pour le rite israélite se retrouvent dans le circuit classique à l’insu des consommateurs ». Une information qui se recoupe avec les données de certains acteurs de la filière.