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Négociations avec le Mercosur

Bruxelles fait manifestement fi des rétiscences contre l'accord de libre-échange avec le Mercosur...

Une session de pourparlers au niveau ministériel est prévue fin janvier entre le Mercosur et la Commission européenne pour tenter de progresser sur la voie d’un accord de libre-échange. Et Bruxelles entend plus que jamais aboutir alors que la résistance s’organise…

Bruxelles fait manifestement fi des rétiscences contre l'accord de libre-échange avec le Mercosur...

Ce 30 janvier à Bruxelles, une session de pourparlers au niveau ministériel est prévue entre le Mercosur et la Commission européenne pour tenter de progresser sur la voie d’un accord de libre-échange, avec notamment en toile de fond, le problème des produits agricoles sensibles…

Les ministres des affaires étrangères des quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) devraient ainsi rencontrer les commissaires européens au commerce et à l’agriculture, Cecilia Malmström et Phil Hogan, pour tenter d’« ouvrir la voie à d’éventuelles avancées » dans les négociations de libre-échange en cours, selon les termes d’un porte-parole de la Commission européenne.

Un accord politique à ce stade est certes peu probable, l’exécutif européen étant toutefois déterminé à y parvenir début 2018 car il craint que la fenêtre d’opportunité ne se referme vite, avec les élections présidentielles au Brésil qui sont prévues en octobre 2018.

Produits sensibles…

Le niveau des concessions que pourrait accepter l’Union européenne, notamment pour l’accès à son marché des produits agricoles sensibles que sont en premier lieu la viande de bœuf et l’éthanol, dépendra de la réponse que le Mercosur apportera aux demandes de Bruxelles concernant essentiellement les marchés publics, la protection des investissements, les services, les affaires maritimes, les normes automobiles et les exportations de produits laitiers.

Par ailleurs, la protection des indications géographiques européennes s’avère problématique pour au moins quarante-deux dénominations (lire à ce sujet notre édition du 5 janvier en page 2).

Lors d’une réunion des experts commerciaux des Vingt-huit, le 12 janvier, la Pologne, l’Irlande, la Roumanie et la France ont de nouveau jugé que l’offre européenne pour la viande de bœuf et l’éthanol était suffisamment ambitieuse, tandis que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont insisté sur la nécessité de conclure les négociations en mars au plus tard pour éviter un report à fin 2019…

La pression des organisations agricoles

Pour le bœuf, l’Union européenne propose à ce stade au Mercosur un contingent tarifaire annuel de 70.000 tonnes, divisé en 35.000 tonnes de viande fraîche et 35.000 tonnes de viande congelée, avec un droit de douane de 7,5 %. Une offre jugée insuffisante par le bloc sud-américain mais dénoncée par les organisations professionnelles (Copa-Cogeca) car à même de profondément déstabiliser le marché intérieur européen.

Pour s’y opposer, les organisations agricoles mettent notamment en avant les questions sanitaires. Elles ont ainsi demandé aux services de la Commission de pouvoir consulter tous les détails des missions d’audit au Brésil et davantage d’informations sur la manière dont ce pays a remédié aux dysfonctionnements déjà identifiés…

En parallèle, huit députés européens - dont Michel Dantin (France), James Nicholson (Royaume-Uni) et Francisco Assis (Portugal) - doivent se rendre du 2 au 6 avril au Brésil dans les États du Mato Grosso et Mato Grosso do Sul pour une mission d’observation de la situation sanitaire, avant la création éventuelle d’une commission spéciale parlementaire…

Autant d’initiatives que manifestement la Commission européenne n’apprécie pas, y voyant des entraves à sa liberté de négociations… et de conclure, elle qui considère l’agriculture comme une monnaie d’échange dans le cadre des accords de libre-échange. Et qu’importe les conséquences…