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Dossier social

Bruxelles tétanisée !

« Mais à quoi joue donc la Commission européenne sur le dossier social en Europe ? Alors que son objectif devrait être de lutter contre le dumping social, son immobilisme, son incapacité à agir en matière de coût du travail, entretient des situations de distorsion de concurrence totalement inacceptables, au sein même de l’Union européenne.
Pour mémoire, le Parlement français a voté - dans la loi de finances pour 2012 - un dispositif d’allègement de charges pour les salariés permanents travaillant en agriculture pour redonner un peu de la compétitivité aux exploitations agricoles. Dans un souci de transparence, il a soumis la mise en place de la mesure, laquelle devrait entrer en vigueur le 1er janvier dernier, à un avis de la Commission européenne. Une délégation parlementaire est même allée rencontrer la Commission avant l’adoption de la loi pour travailler le plus rapidement possible sur ce sujet brûlant.
Or depuis plus de 8 mois, il ne se passe rien ! Depuis plus de 8 mois, nous attendons la réponse de la Commission européenne. Celle-ci multiplie les questions au Gouvernement français, mais est incapable de donner un avis !
Pendant ce temps, le dumping social au sein de l’Union européenne se poursuit - en dépit des plaintes qui n’aboutissent pas… - et les exploitations françaises perdent chaque jour des parts de marché, car il est impossible de faire face à une concurrence bénéficiant d’un coût de travail sans commune mesure avec le coût du travail français.
Il faut le marteler : nos entreprises sont en concurrence avec des entreprises allemandes, pour lesquelles le coût du travail est inférieur de moitié au nôtre et à des entreprises espagnoles ou belges dont le coût du travail est de 40 % plus faible que le nôtre !
Dans des productions légumières ou fruitières, la main-d’œuvre est la charge la plus lourde et représente jusqu’à 70 % du coût de production des produits. Dans ces conditions, comment faire face ?
Les résultants sont éloquents. En quinze ans, notre surface cultivée en asperges a diminué de moitié, celle de l’Allemagne a augmenté de +73 % (alors même que nous étions au même niveau)… Notre surface de fraise a chuté de -39 %, celle de l’Allemagne a progressé de +64 %. Les Allemands cultivent désormais 4,7 % fois plus d’hectares de fraises que les Français !
Je veux le dire haut et fort : la Commission européenne doit agir vite. Soit elle laisse perdurer ces distorsions, continue d’autoriser l’Allemagne à ne prévoir, ni par la loi, ni par accord collectif, un quelconque minimum salarial dans le secteur agricole et, dans ce cas, elle doit laisser agir les autres Etats membres pour sauver leur économie agricole. Soit, elle prend le sujet à bras le corps et engage un vrai processus d’harmonisation sociale.
Mais rester immobile est la pire des solutions. Malheureusement, nous n’avons pas en matière sociale, un président d’un équivalent de la BCE capable, de par son initiative, de mettre quelques coups de pieds aux fesses pour faire avancer l’Europe
».
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