Bruxelles veut plus que jamais être le bon élève de la libéralisation des marchés. Et qu'importe de sacrifier des pans entiers de son économie...
Bruxelles veut « renforcer le programme commercial » de l’Union européenne. Mise en œuvre provisoire le 21 septembre de l’accord avec le Canada, intégration de la viande bovine dans les pourparlers avec le Mercosur, ouverture de négociations avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande : la machine est en marche… pour le meilleur et surtout le pire !

« Je voudrais que nous renforcions encore notre programme commercial européen. L’Europe est ouverte au commerce, oui. Mais réciprocité il doit y avoir. Il faudra que nous obtenions autant que ce que nous donnons », a mis en avant le 13 septembre Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, en prononçant son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen.
« Grâce à l’aide du Parlement européen, nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial qui s’appliquera de manière provisoire à compter de la semaine prochaine. Nous avons trouvé un accord politique avec le Japon sur un nouveau partenariat économique. D’ici la fin de l’année, nous avons de bonnes chances de faire de même avec le Mexique et les pays d’Amérique du sud. Et aujourd’hui, nous proposons d’ouvrir des négociations commerciales avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande », a-t-il précisé. « Je voudrais que tous ces accords soient finalisés d’ici la fin de ce mandat, fin octobre 2019 ».
Mercosur : la viande bovine au menu
Les organisations et coopératives de l’UE (Copa-Cogeca) ont dénoncé le 13 septembre l’intention prêtée à la Commission européenne d’inclure la viande bovine dans les négociations de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Un échange révisé d’offres d’accès au marché est prévu lors des prochains pourparlers entre les deux parties, du 2 au 6 octobre à Brasilia. En mai 2016, la Commission s’était résolue à exclure ce secteur - ainsi que celui de l’éthanol - de l’offre européenne initiale. Elle envisageait alors un contingent tarifaire d’importation de 78.000 tonnes. La nouvelle concession envisagée par Bruxelles atteindrait les 85.000 tonnes équivalent carcasses (tec) selon le chiffre cité au conditionnel par l’eurodéputé Michel Dantin.
Une concession d’autant plus inquiétante que la consommation a décliné de -20 % au sein de l’UE au cours des dix dernières années, que l’impact du Brexit n’est pas encore connu et que les pays sud-américains n’ont pas des normes sanitaires aussi élevées que celles l’Union, a réagi le président du groupe de travail viande bovine du Copa-Cogeca, Jean-Pierre Fleury. « Nous ne pouvons pas continuer à utiliser ce secteur important comme monnaie d’échange pour d’autres domaines », a commenté pour sa part Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca.
Canada : entrée en vigueur provisoire
L’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (Ceta), notamment le chapitre sur les échanges, devait entrer en vigueur de façon provisoire le 21 septembre. Cette échéance a été confirmée le 13 septembre par le gouvernement français. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux affaires étrangères, et son homologue du ministère de la transition écologique, Brune Poirson, tiraient les « enseignements » d’un rapport sur « l’impact du CETA sur l’environnement, le climat et la santé », élaboré par des experts nommés en juillet et remis officiellement le 8 septembre au Premier ministre, Edouard Philippe.
Les experts craignent notamment que la « transition écologique de l’agriculture » ne soit compromise par le Ceta. Ils mettent en avant les « exigences moindres » du Canada sur les pesticides, les OGM, les activateurs de croissance (hormones et antibiotiques)… Et, au-delà des questions de santé publique, les conséquences négatives sur un « secteur de l’élevage déjà affaibli »…
S’appuyant sur ce rapport, la Fédération nationale bovine (FNB) demande « la suspension immédiate » de l’application provisoire de l’accord avec Ottawa, tandis que l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) rappelle que « le président de la République s’était engagé à faire modifier le texte si les conclusions de la commission d’experts étaient négatives »… Quant à la FNSEA, elle conditionnait « l’application provisoire prévue au 21 septembre à de nouvelles garanties, non seulement sur les produits sensibles, au premier rang desquels la viande bovine, mais aussi sur les distorsions de concurrence, qui sont inacceptables ».
Le contingent d’importation dans l’UE de bœuf canadien à droit nul devrait ainsi passer de 7.640 à 45.840 tonnes sur six ans.
Le gouvernement compte notamment porter à Bruxelles une proposition de réforme d’une directive européenne sur la qualité des carburants, pour compenser les effets jugés défavorables pour le climat d’une accentuation des transports commerciaux entre l’UE et le Canada. Ils ne se sont néanmoins pas avancés sur d’autres recommandations…
Australie et Nouvelle-Zélande : ouverture de négociations
La Commission européenne a formellement demandé le 13 septembre au Conseil de l’UE de l’autoriser à ouvrir des négociations de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Pour les pourparlers avec ces deux pays, elle formule des recommandations d’ordre général : « quotas d’importation tarifaires, périodes transitoires plus longues ou autres arrangements » pour les produits les plus sensibles, agricoles notamment, et « clause de sauvegarde bilatérale » ; traitement des obstacles sanitaires et phytosanitaires en tenant compte de « la protection de la vie humaine, animale et végétale et de la santé » ; coopération dans le domaine du bien-être animal ; « haut niveau de protection » des indications géographiques et, dans le cas de l’Australie, lien avec l’actuel accord sur le vin.
Sur le sujet, l’eurodéputé français Éric Andrieu juge que, vis-à-vis de l’Australie, « l’Union doit s’abstenir de prendre quelque engagement que ce soit » dans des secteurs tels que les viandes bovine et ovine et les sucres spéciaux. Il rappelle que « tous les contingents tarifaires qui pourraient être accordés (à ce pays) auront vocation, à l’issue du Brexit, à s’appliquer à un marché communautaire réduit », et qu’« il conviendra dès lors d’en tenir soigneusement compte dans le calibrage des offres de l’Union ». Quant au Britannique James Nicholson, il invite la Commission européenne à « garantir des conditions de concurrence équitables » dans les futurs pourparlers avec la Nouvelle-Zélande, « par exemple en instaurant pour les secteurs les plus sensibles des périodes de transition ou des quotas appropriés, ou en s’abstenant de prendre des engagements ». Les produits « vulnérables » étant notamment, précise-t-il, les produits laitiers et la viande ovine et caprine.
Bref, la Commission européenne a décidé de "profiter" de ce laps de temps pour ouvrir à tout... Pour le meilleur et surtout pour le pire !
Bruxelles veut plus que jamais être le bon élève de la libéralisation des marchés. Et qu'importe de sacrifier des pans entiers de son économie...

« Je voudrais que nous renforcions encore notre programme commercial européen. L’Europe est ouverte au commerce, oui. Mais réciprocité il doit y avoir. Il faudra que nous obtenions autant que ce que nous donnons », a mis en avant le 13 septembre Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, en prononçant son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen.
« Grâce à l’aide du Parlement européen, nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial qui s’appliquera de manière provisoire à compter de la semaine prochaine. Nous avons trouvé un accord politique avec le Japon sur un nouveau partenariat économique. D’ici la fin de l’année, nous avons de bonnes chances de faire de même avec le Mexique et les pays d’Amérique du sud. Et aujourd’hui, nous proposons d’ouvrir des négociations commerciales avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande », a-t-il précisé. « Je voudrais que tous ces accords soient finalisés d’ici la fin de ce mandat, fin octobre 2019 ».
Mercosur : la viande bovine au menu
Les organisations et coopératives de l’UE (Copa-Cogeca) ont dénoncé le 13 septembre l’intention prêtée à la Commission européenne d’inclure la viande bovine dans les négociations de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Un échange révisé d’offres d’accès au marché est prévu lors des prochains pourparlers entre les deux parties, du 2 au 6 octobre à Brasilia. En mai 2016, la Commission s’était résolue à exclure ce secteur - ainsi que celui de l’éthanol - de l’offre européenne initiale. Elle envisageait alors un contingent tarifaire d’importation de 78.000 tonnes. La nouvelle concession envisagée par Bruxelles atteindrait les 85.000 tonnes équivalent carcasses (tec) selon le chiffre cité au conditionnel par l’eurodéputé Michel Dantin.
Une concession d’autant plus inquiétante que la consommation a décliné de -20 % au sein de l’UE au cours des dix dernières années, que l’impact du Brexit n’est pas encore connu et que les pays sud-américains n’ont pas des normes sanitaires aussi élevées que celles l’Union, a réagi le président du groupe de travail viande bovine du Copa-Cogeca, Jean-Pierre Fleury. « Nous ne pouvons pas continuer à utiliser ce secteur important comme monnaie d’échange pour d’autres domaines », a commenté pour sa part Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca.
Canada : entrée en vigueur provisoire
L’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (Ceta), notamment le chapitre sur les échanges, devait entrer en vigueur de façon provisoire le 21 septembre. Cette échéance a été confirmée le 13 septembre par le gouvernement français. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux affaires étrangères, et son homologue du ministère de la transition écologique, Brune Poirson, tiraient les « enseignements » d’un rapport sur « l’impact du CETA sur l’environnement, le climat et la santé », élaboré par des experts nommés en juillet et remis officiellement le 8 septembre au Premier ministre, Edouard Philippe.
Les experts craignent notamment que la « transition écologique de l’agriculture » ne soit compromise par le Ceta. Ils mettent en avant les « exigences moindres » du Canada sur les pesticides, les OGM, les activateurs de croissance (hormones et antibiotiques)… Et, au-delà des questions de santé publique, les conséquences négatives sur un « secteur de l’élevage déjà affaibli »…
S’appuyant sur ce rapport, la Fédération nationale bovine (FNB) demande « la suspension immédiate » de l’application provisoire de l’accord avec Ottawa, tandis que l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) rappelle que « le président de la République s’était engagé à faire modifier le texte si les conclusions de la commission d’experts étaient négatives »… Quant à la FNSEA, elle conditionnait « l’application provisoire prévue au 21 septembre à de nouvelles garanties, non seulement sur les produits sensibles, au premier rang desquels la viande bovine, mais aussi sur les distorsions de concurrence, qui sont inacceptables ».
Le contingent d’importation dans l’UE de bœuf canadien à droit nul devrait ainsi passer de 7.640 à 45.840 tonnes sur six ans.
Le gouvernement compte notamment porter à Bruxelles une proposition de réforme d’une directive européenne sur la qualité des carburants, pour compenser les effets jugés défavorables pour le climat d’une accentuation des transports commerciaux entre l’UE et le Canada. Ils ne se sont néanmoins pas avancés sur d’autres recommandations…
Australie et Nouvelle-Zélande : ouverture de négociations
La Commission européenne a formellement demandé le 13 septembre au Conseil de l’UE de l’autoriser à ouvrir des négociations de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Pour les pourparlers avec ces deux pays, elle formule des recommandations d’ordre général : « quotas d’importation tarifaires, périodes transitoires plus longues ou autres arrangements » pour les produits les plus sensibles, agricoles notamment, et « clause de sauvegarde bilatérale » ; traitement des obstacles sanitaires et phytosanitaires en tenant compte de « la protection de la vie humaine, animale et végétale et de la santé » ; coopération dans le domaine du bien-être animal ; « haut niveau de protection » des indications géographiques et, dans le cas de l’Australie, lien avec l’actuel accord sur le vin.
Sur le sujet, l’eurodéputé français Éric Andrieu juge que, vis-à-vis de l’Australie, « l’Union doit s’abstenir de prendre quelque engagement que ce soit » dans des secteurs tels que les viandes bovine et ovine et les sucres spéciaux. Il rappelle que « tous les contingents tarifaires qui pourraient être accordés (à ce pays) auront vocation, à l’issue du Brexit, à s’appliquer à un marché communautaire réduit », et qu’« il conviendra dès lors d’en tenir soigneusement compte dans le calibrage des offres de l’Union ». Quant au Britannique James Nicholson, il invite la Commission européenne à « garantir des conditions de concurrence équitables » dans les futurs pourparlers avec la Nouvelle-Zélande, « par exemple en instaurant pour les secteurs les plus sensibles des périodes de transition ou des quotas appropriés, ou en s’abstenant de prendre des engagements ». Les produits « vulnérables » étant notamment, précise-t-il, les produits laitiers et la viande ovine et caprine.
Bref, la Commission européenne a décidé de "profiter" de ce laps de temps pour ouvrir à tout... Pour le meilleur et surtout pour le pire !
Bruxelles veut plus que jamais être le bon élève de la libéralisation des marchés. Et qu'importe de sacrifier des pans entiers de son économie...

« Je voudrais que nous renforcions encore notre programme commercial européen. L’Europe est ouverte au commerce, oui. Mais réciprocité il doit y avoir. Il faudra que nous obtenions autant que ce que nous donnons », a mis en avant le 13 septembre Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, en prononçant son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen.
« Grâce à l’aide du Parlement européen, nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial qui s’appliquera de manière provisoire à compter de la semaine prochaine. Nous avons trouvé un accord politique avec le Japon sur un nouveau partenariat économique. D’ici la fin de l’année, nous avons de bonnes chances de faire de même avec le Mexique et les pays d’Amérique du sud. Et aujourd’hui, nous proposons d’ouvrir des négociations commerciales avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande », a-t-il précisé. « Je voudrais que tous ces accords soient finalisés d’ici la fin de ce mandat, fin octobre 2019 ».
Mercosur : la viande bovine au menu
Les organisations et coopératives de l’UE (Copa-Cogeca) ont dénoncé le 13 septembre l’intention prêtée à la Commission européenne d’inclure la viande bovine dans les négociations de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Un échange révisé d’offres d’accès au marché est prévu lors des prochains pourparlers entre les deux parties, du 2 au 6 octobre à Brasilia. En mai 2016, la Commission s’était résolue à exclure ce secteur - ainsi que celui de l’éthanol - de l’offre européenne initiale. Elle envisageait alors un contingent tarifaire d’importation de 78.000 tonnes. La nouvelle concession envisagée par Bruxelles atteindrait les 85.000 tonnes équivalent carcasses (tec) selon le chiffre cité au conditionnel par l’eurodéputé Michel Dantin.
Une concession d’autant plus inquiétante que la consommation a décliné de -20 % au sein de l’UE au cours des dix dernières années, que l’impact du Brexit n’est pas encore connu et que les pays sud-américains n’ont pas des normes sanitaires aussi élevées que celles l’Union, a réagi le président du groupe de travail viande bovine du Copa-Cogeca, Jean-Pierre Fleury. « Nous ne pouvons pas continuer à utiliser ce secteur important comme monnaie d’échange pour d’autres domaines », a commenté pour sa part Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca.
Canada : entrée en vigueur provisoire
L’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (Ceta), notamment le chapitre sur les échanges, devait entrer en vigueur de façon provisoire le 21 septembre. Cette échéance a été confirmée le 13 septembre par le gouvernement français. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux affaires étrangères, et son homologue du ministère de la transition écologique, Brune Poirson, tiraient les « enseignements » d’un rapport sur « l’impact du CETA sur l’environnement, le climat et la santé », élaboré par des experts nommés en juillet et remis officiellement le 8 septembre au Premier ministre, Edouard Philippe.
Les experts craignent notamment que la « transition écologique de l’agriculture » ne soit compromise par le Ceta. Ils mettent en avant les « exigences moindres » du Canada sur les pesticides, les OGM, les activateurs de croissance (hormones et antibiotiques)… Et, au-delà des questions de santé publique, les conséquences négatives sur un « secteur de l’élevage déjà affaibli »…
S’appuyant sur ce rapport, la Fédération nationale bovine (FNB) demande « la suspension immédiate » de l’application provisoire de l’accord avec Ottawa, tandis que l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) rappelle que « le président de la République s’était engagé à faire modifier le texte si les conclusions de la commission d’experts étaient négatives »… Quant à la FNSEA, elle conditionnait « l’application provisoire prévue au 21 septembre à de nouvelles garanties, non seulement sur les produits sensibles, au premier rang desquels la viande bovine, mais aussi sur les distorsions de concurrence, qui sont inacceptables ».
Le contingent d’importation dans l’UE de bœuf canadien à droit nul devrait ainsi passer de 7.640 à 45.840 tonnes sur six ans.
Le gouvernement compte notamment porter à Bruxelles une proposition de réforme d’une directive européenne sur la qualité des carburants, pour compenser les effets jugés défavorables pour le climat d’une accentuation des transports commerciaux entre l’UE et le Canada. Ils ne se sont néanmoins pas avancés sur d’autres recommandations…
Australie et Nouvelle-Zélande : ouverture de négociations
La Commission européenne a formellement demandé le 13 septembre au Conseil de l’UE de l’autoriser à ouvrir des négociations de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Pour les pourparlers avec ces deux pays, elle formule des recommandations d’ordre général : « quotas d’importation tarifaires, périodes transitoires plus longues ou autres arrangements » pour les produits les plus sensibles, agricoles notamment, et « clause de sauvegarde bilatérale » ; traitement des obstacles sanitaires et phytosanitaires en tenant compte de « la protection de la vie humaine, animale et végétale et de la santé » ; coopération dans le domaine du bien-être animal ; « haut niveau de protection » des indications géographiques et, dans le cas de l’Australie, lien avec l’actuel accord sur le vin.
Sur le sujet, l’eurodéputé français Éric Andrieu juge que, vis-à-vis de l’Australie, « l’Union doit s’abstenir de prendre quelque engagement que ce soit » dans des secteurs tels que les viandes bovine et ovine et les sucres spéciaux. Il rappelle que « tous les contingents tarifaires qui pourraient être accordés (à ce pays) auront vocation, à l’issue du Brexit, à s’appliquer à un marché communautaire réduit », et qu’« il conviendra dès lors d’en tenir soigneusement compte dans le calibrage des offres de l’Union ». Quant au Britannique James Nicholson, il invite la Commission européenne à « garantir des conditions de concurrence équitables » dans les futurs pourparlers avec la Nouvelle-Zélande, « par exemple en instaurant pour les secteurs les plus sensibles des périodes de transition ou des quotas appropriés, ou en s’abstenant de prendre des engagements ». Les produits « vulnérables » étant notamment, précise-t-il, les produits laitiers et la viande ovine et caprine.
Bref, la Commission européenne a décidé de "profiter" de ce laps de temps pour ouvrir à tout... Pour le meilleur et surtout pour le pire !
Bruxelles veut plus que jamais être le bon élève de la libéralisation des marchés. Et qu'importe de sacrifier des pans entiers de son économie...

« Je voudrais que nous renforcions encore notre programme commercial européen. L’Europe est ouverte au commerce, oui. Mais réciprocité il doit y avoir. Il faudra que nous obtenions autant que ce que nous donnons », a mis en avant le 13 septembre Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, en prononçant son discours sur l’état de l’Union devant le Parlement européen.
« Grâce à l’aide du Parlement européen, nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial qui s’appliquera de manière provisoire à compter de la semaine prochaine. Nous avons trouvé un accord politique avec le Japon sur un nouveau partenariat économique. D’ici la fin de l’année, nous avons de bonnes chances de faire de même avec le Mexique et les pays d’Amérique du sud. Et aujourd’hui, nous proposons d’ouvrir des négociations commerciales avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande », a-t-il précisé. « Je voudrais que tous ces accords soient finalisés d’ici la fin de ce mandat, fin octobre 2019 ».
Mercosur : la viande bovine au menu
Les organisations et coopératives de l’UE (Copa-Cogeca) ont dénoncé le 13 septembre l’intention prêtée à la Commission européenne d’inclure la viande bovine dans les négociations de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Un échange révisé d’offres d’accès au marché est prévu lors des prochains pourparlers entre les deux parties, du 2 au 6 octobre à Brasilia. En mai 2016, la Commission s’était résolue à exclure ce secteur - ainsi que celui de l’éthanol - de l’offre européenne initiale. Elle envisageait alors un contingent tarifaire d’importation de 78.000 tonnes. La nouvelle concession envisagée par Bruxelles atteindrait les 85.000 tonnes équivalent carcasses (tec) selon le chiffre cité au conditionnel par l’eurodéputé Michel Dantin.
Une concession d’autant plus inquiétante que la consommation a décliné de -20 % au sein de l’UE au cours des dix dernières années, que l’impact du Brexit n’est pas encore connu et que les pays sud-américains n’ont pas des normes sanitaires aussi élevées que celles l’Union, a réagi le président du groupe de travail viande bovine du Copa-Cogeca, Jean-Pierre Fleury. « Nous ne pouvons pas continuer à utiliser ce secteur important comme monnaie d’échange pour d’autres domaines », a commenté pour sa part Pekka Pesonen, le secrétaire général du Copa-Cogeca.
Canada : entrée en vigueur provisoire
L’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (Ceta), notamment le chapitre sur les échanges, devait entrer en vigueur de façon provisoire le 21 septembre. Cette échéance a été confirmée le 13 septembre par le gouvernement français. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État aux affaires étrangères, et son homologue du ministère de la transition écologique, Brune Poirson, tiraient les « enseignements » d’un rapport sur « l’impact du CETA sur l’environnement, le climat et la santé », élaboré par des experts nommés en juillet et remis officiellement le 8 septembre au Premier ministre, Edouard Philippe.
Les experts craignent notamment que la « transition écologique de l’agriculture » ne soit compromise par le Ceta. Ils mettent en avant les « exigences moindres » du Canada sur les pesticides, les OGM, les activateurs de croissance (hormones et antibiotiques)… Et, au-delà des questions de santé publique, les conséquences négatives sur un « secteur de l’élevage déjà affaibli »…
S’appuyant sur ce rapport, la Fédération nationale bovine (FNB) demande « la suspension immédiate » de l’application provisoire de l’accord avec Ottawa, tandis que l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev) rappelle que « le président de la République s’était engagé à faire modifier le texte si les conclusions de la commission d’experts étaient négatives »… Quant à la FNSEA, elle conditionnait « l’application provisoire prévue au 21 septembre à de nouvelles garanties, non seulement sur les produits sensibles, au premier rang desquels la viande bovine, mais aussi sur les distorsions de concurrence, qui sont inacceptables ».
Le contingent d’importation dans l’UE de bœuf canadien à droit nul devrait ainsi passer de 7.640 à 45.840 tonnes sur six ans.
Le gouvernement compte notamment porter à Bruxelles une proposition de réforme d’une directive européenne sur la qualité des carburants, pour compenser les effets jugés défavorables pour le climat d’une accentuation des transports commerciaux entre l’UE et le Canada. Ils ne se sont néanmoins pas avancés sur d’autres recommandations…
Australie et Nouvelle-Zélande : ouverture de négociations
La Commission européenne a formellement demandé le 13 septembre au Conseil de l’UE de l’autoriser à ouvrir des négociations de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Pour les pourparlers avec ces deux pays, elle formule des recommandations d’ordre général : « quotas d’importation tarifaires, périodes transitoires plus longues ou autres arrangements » pour les produits les plus sensibles, agricoles notamment, et « clause de sauvegarde bilatérale » ; traitement des obstacles sanitaires et phytosanitaires en tenant compte de « la protection de la vie humaine, animale et végétale et de la santé » ; coopération dans le domaine du bien-être animal ; « haut niveau de protection » des indications géographiques et, dans le cas de l’Australie, lien avec l’actuel accord sur le vin.
Sur le sujet, l’eurodéputé français Éric Andrieu juge que, vis-à-vis de l’Australie, « l’Union doit s’abstenir de prendre quelque engagement que ce soit » dans des secteurs tels que les viandes bovine et ovine et les sucres spéciaux. Il rappelle que « tous les contingents tarifaires qui pourraient être accordés (à ce pays) auront vocation, à l’issue du Brexit, à s’appliquer à un marché communautaire réduit », et qu’« il conviendra dès lors d’en tenir soigneusement compte dans le calibrage des offres de l’Union ». Quant au Britannique James Nicholson, il invite la Commission européenne à « garantir des conditions de concurrence équitables » dans les futurs pourparlers avec la Nouvelle-Zélande, « par exemple en instaurant pour les secteurs les plus sensibles des périodes de transition ou des quotas appropriés, ou en s’abstenant de prendre des engagements ». Les produits « vulnérables » étant notamment, précise-t-il, les produits laitiers et la viande ovine et caprine.
Bref, la Commission européenne a décidé de "profiter" de ce laps de temps pour ouvrir à tout... Pour le meilleur et surtout pour le pire !