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Sécheresse en Bourgogne-Franche-Comté

Calamités : de nombreuses questions attendent des réponses !

Depuis plus de trois mois, la sécheresse pénalise fortement l’agriculture de Bourgogne Franche-Comté. Si, aujourd’hui, le constat est partagé et tous les indicateurs météorologiques démontrent l’ampleur de ce fléau qui a touché une quinzaine de pays d’Europe dont la France, il faut maintenant apporter des réponses aux questions posées par les agriculteurs concernés par ces difficultés, réclame la FRSEA Bourgogne Franche-Comté.

Par Publié par Cédric Michelin
Calamités : de nombreuses questions attendent des réponses !

A chaque pays sa méthode et ses moyens. L’Allemagne, sans trop se préoccuper des règles des miminis, a annoncé 340 millions d’euros pour ses agriculteurs. La France, qui passe son temps à faire de la surenchère règlementaire tout en se déchargeant financièrement de tous les dossiers agricoles, a des difficultés à prendre quelques mesures concrètes qui pourraient soulager la situation des exploitations concernées. Dans ce contexte difficile, les organisations agricoles régionales de Bourgogne Franche-Comté - FRSEA, Jeunes agriculteurs et Chambre régionale d’agriculture - ont sollicité une rencontre auprès du nouveau Préfet de région, Monsieur Bernard Schmeltz, pour faire le point sur la situation et lui demander de prendre des mesures de court et moyen terme, permettant aux agriculteurs de faire face à ces aléas.

Repartir sur des relations constructives

Accompagné d’une dizaine de responsables représentant l’ensemble des départements de la région, Frédéric Perrot, président de la FRSEA, est rentré rapidement dans le vif du sujet pour exposer le contexte général : « Nous souhaitons vraiment repartir sur des relations constructives et travailler avec vous pour identifier les priorités que pourrait prendre l’État en région en faveur de son agriculture… Pour que l’Europe soit mieux comprise, il faut une politique agricole proche du terrain qui n’applique pas des schémas rigides en créant parfois des absurdités comme semer des surfaces d’intérêts écologiques en période de sécheresse,… Le monde agricole regrette le manque de réactivité du Ministère de l’agriculture sur ce dossier auprès de Bruxelles pour obtenir les dérogations et les mesures adaptées… ».

Souhaitant pouvoir présenter une vision précise de l’ampleur des dégâts pour l’ensemble de la région, les représentants de chaque département ont exposé succinctement les problèmes rencontrés sur le terrain, en complétant les propos de chacun.

Pour la Saône-et-Loire, Luc Jeannin a planté le décor : « Après une récolte de printemps correcte, la situation s’est rapidement dégradée depuis le mois de juillet, pour devenir préoccupante au mois de septembre ».

Pour la Côte d'Or, Fabrice Faivre précisait : « Nous sommes face à une sécheresse particulière, longue et tardive. Les moissons ont été précoces et nous n’avons pas eu le temps de garder toute la paille pour les éleveurs,… de nombreux couverts n’ont pas levé, nous avons fait une demi-récolte de maïs et de soja. Même si les cours ont remonté en blé, cela ne compense pas les pertes,… De toute façon, avec ces évolutions climatiques, il devient indispensable de prévoir des projets de stockage de l’eau ».

Pour la Haute-Saône, Emmanuel Aebischer expliquait justement la difficulté de trouver du fourrage ou de la paille : « Nous avons commencé à prendre des contacts avec la Marne, le 15 juillet, mais la demande a explosé avec une forte pression sur les prix et de nombreux achats par les allemands, les belges ou les suisses ».

« Concrètement nous avons besoin d’un soutien à l’exportation de nos animaux et des aides au transport » poursuivait Philippe Monnet, du Doubs.

Pour le territoire d eBlefort, Pascal Koehly sait que cela ne suffira certainement pas : « Nous n’avons pas réussi à trouver de la paille. Nous regardons des solutions alternatives avec de la sciure et des cannes de maïs pour la remplacer,... ».

Les mesures à court terme

Après ce rapide tour d’horizon, Thierry Chalmin, Président de la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, est revenu sur les demandes précises de la profession : « Il faut débloquer rapidement la situation avec la région et les départements. Vous devez trouver le cadre juridique adapté pour que ces collectivités puissent intervenir et apporter un coup de main aux exploitations, sans oublier les autres mesures comme les exonérations de la TFNB,… ».

Sur le dossier des calamités, Jean-Pierre Fleury (CRA) insistait d'ailleurs : « Vous devez nous aider à faire évoluer le cadre réglementaire pour prendre en compte la perte réelle des éleveurs… ».

Les Jeunes agriculteurs, représentés par Fabrice Chabod, sont en première ligne et demandaient une attention particulière pour les récents installés : « Ils ne devront pas être pénalisés s’ils n’arrivent pas atteindre le revenu prévu dans leur projet d’installation… ».

Les mesures à moyen terme

Ces évolutions climatiques vont demander aux exploitants d’adapter leurs systèmes. Aussi, il est important de ne pas prendre du retard sur la recherche de nouvelles variétés, le stockage de l’eau et du fourrage. Pour cela, la remise en cause du financement des investissements dans les exploitations n’est pas entendable.

Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture, a bien résumé l’état d’esprit et les demandes : « Le matraquage médiatique pèse lourd sur le moral de toute une profession. Il faut prendre au sérieux la situation réelle de nombreuses exploitations. Nous avons besoin d’un chef d’orchestre pour surmonter ces obstacles. Cette petite musique : on ferait bien mais on ne peut pas, n’est plus supportable pour ceux qui doivent faire face à ces difficultés ».

Enfin, Frédéric Perrot abordait un autre volet de cette crise, l'emploi, en rappelant que la suppression du dispositif d’allègement des charges patronales pour les travailleurs occasionnels et demandeurs d’emploi (TODE) ne va pas encourager l’emploi dans les zones rurales. Ces "petits boulots" saisonniers sont bien souvent un premier pas vers l’insertion pour de nombreux demandeurs d’emploi.

C’est au pied du mur que l’on voit le maçon

Pour répondre à ces différentes demandes, le préfet de région a promis de mobiliser ses différents services : « Nous allons gérer intelligemment les choses que ce soit pour l’intervention des collectivités ou l’évolution de la procédure des calamités. Nous reviendrons rapidement vers vous, afin de vous transmettre les réponses ou les choix que nous aurons retenus ».

Ces premiers échanges furent très constructifs mais, face à ces difficultés, c’est bien au pied du mur que l’on voit le maçon et il faudra attendre encore un peu avant de pouvoir mesurer réellement les mesures prises en faveur des agriculteurs touchés par cette sécheresse.