Mentorat : former ensemble les professionnels de demain
L’enjeu du renouvellement des générations en viticulture n’est plus à présenter, mais encore faut-il trouver les leviers pour tenter d’inverser la tendance. C’est l’objet de la convention de mentorat signée entre le ministère de l’Agriculture et la coopération agricole, qui s’est concrétisée dans le Mâconnais.
Le 27 février dernier, lors du SIA et en présence d’Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 19 conventions de mentorat ont été signées dont 11 avec des coopératives agricoles. Ce programme démarré en 2024 vise à enrichir le cursus des mentorés (élèves en cursus agricole) grâce aux apports du mentor (entreprises agricoles) et à favoriser leur insertion professionnelle.
Plus concrètement, l’action de mentorat de classes agricoles conjugue deux axes d’intervention : le mentorat de projet qui permet de transmettre des compétences techniques et transversales par le biais d’interventions et d’ateliers pratiques en lien avec le contenu des apprentissages et de visites de sites ; le mentorat de carrière qui consiste à apporter une écoute et un accompagnement individualisés aux mentorés dans l’élaboration de leur projet professionnel. « Dans le contexte du nécessaire renouvellement des générations, chaque action favorisant l’insertion professionnelle est un pas de plus vers une agriculture plus souveraine. Avec l’élargissement du mentorat, l’enseignement agricole se positionne à nouveau comme une voie d’excellence au plus proche du terrain, s’appuyant sur ses valeurs de partage pour développer ses savoir-faire », confiait la ministre en février.
À partir de septembre
La cave de Lugny est la seule coopérative viticole dans l’hexagone à s’être lancée dans l’aventure du mentorat, en partenariat avec le lycée Aubrac de Davayé et plus particulièrement la classe de BTS viti-œno. Mercredi 7 mai, Céline Flacher, directrice adjointe du lycée et Patrick Le Nadan, professeur de viticulture sont venus à Lugny pour visiter les lieux, échanger avec les responsables de la cave coopérative et ainsi préparer le terrain de cette future collaboration pour laquelle le ministère accorde une enveloppe de 5.000 €.
« L’idée est de parrainer, d’accompagner les élèves dans leur montée en compétences techniques mais aussi psychosociales », explique Céline Flacher. Autrement dit, les faire mûrir au contact de la cave, leur apporter un réseau, une vision élargie et réelle du métier ou plus précisément des métiers de la filière vin.
La classe de BTS viti-œno en cursus scolaire (mais avec plusieurs stages) compte entre 12 et 16 élèves par promo, y compris des jeunes en réorientation qui ne trouvent pas leur bonheur sur les bancs de la faculté, notamment de bio ou de chimie. « On ne forme pas que des héritiers, mais aussi des hors cadre », résume la directrice adjointe. « Il y a de la place pour tout le monde dans ce métier à partir du moment où il y a la motivation », renchérit le prof de viti, Patrick Le Nadan.
Faire connaître l’univers coopératif
Le mentorat débutera en septembre et durera deux ans. « On va préparer le calendrier, en première année par petits groupes et en deuxième année avec des actions plus individualisées. Ce sera pour eux le prolongement des cours », poursuit Céline Flacher.
L’objectif sera aussi de faire mieux connaître l’univers coopératif, de lutter contre les préjugés. L’univers au sens le plus large : à la vigne avec les coopérateurs, à la cave avec les salariés, mais aussi tout l’environnement de la structure : les fournisseurs, la clientèle… afin que les élèves s’imprègnent de tous les métiers. « Ça peut donner des idées à des jeunes qui ont une représentation minimaliste de la coopération et créer des vocations », pense la directrice adjointe. « Ici, les coopérateurs ne sont pas seulement des producteurs de raisins, ils s’investissent dans le fonctionnement de la cave ».
Pour la coopérative, cette convention de mentorat représente un véritable enjeu d’avenir : « On a eu une vague de renouvellement, mais on sait qu’à moyen terme, nous serons confrontés de nouveau à ce problème », analyse Emmanuel Bruno, responsable administratif et financier de la cave. À travers ce projet, la coop de Lugny entend donc « dépoussiérer l’image de la coopération, renforcer notre attractivité et notre notoriété. Il faut que l’on se démarque, que l’on se fasse connaître pour faciliter le recrutement », insiste le président Sangoy.
Pour les élèves qui n’ont pas encore trouvé la bonne orientation, il sera encore temps le 11 juin, lors de la journée de « rattrapage » de Parcoursup de s’inscrire au BTS viti-œno ! À noter aussi que le lycée Aubrac organise une journée « portes ouvertes » le mercredi 21 mai.
