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Cépages résistants

Ce n'est pas encore demain que les cépages résistants seront dans le vignoble...

Les vignerons attendent avec impatience les cépages résistants aux maladies fongiques. Reste que le processus pour les autoriser sera long. Ces lenteurs sont la contrepartie même du système rigoureux des appellations qu’ils ont contribué à mettre en place. Retour sur le congrès de la Cnaoc.

Ce n'est pas encore demain que les cépages résistants seront dans le vignoble...

Les 26 et 27 avril à Calvi en Corse, le congrès de la Cnaoc a fait l’état de la situation des cépages résistants aux maladies fongiques : le consensus existe pour les adopter, pour réduire au plus vite l’utilisation des fongicides, mais il reste surtout à lever des obstacles réglementaires pour qu’ils soient autorisés. D’où une impatience visible des professionnels pour secouer la réglementation. Une réglementation qu’ils ont contribué à mettre en place.

Tout le monde est d’accord pour implanter rapidement les cépages résistants. D’abord, les viticulteurs qui ont hâte de ne plus avoir à traiter et de ne plus subir la pression des riverains et des associations environnementales. Ensuite, la Commission européenne qui est prête à autoriser ces nouveaux cépages. Mais cela ne se fait pas par un claquement de doigts.

En effet, les cahiers des charges des AOC-AOP n’autorisent que les cépages issus à 100 % de l’espèce Vitis vinifera. Les autres espèces ne sont pas autorisées.

Bruxelles affiche une volonté d’ouverture

Pour Raimondo Serra, chef de l’unité Vins et spiritueux à la DG Agri de la Commission européenne, il faut arrêter « d’interdire, ce n’est pas à l’UE d’interdire des variétés dans les cahiers des charges des AOP, mais aux vignerons ». Et d’ajouter : « nous héritons d’un système fondé dans les années trente, qui interdit les variétés qui ne sont pas de l’espèce Vitis vinifera ». Le responsable de la Commission rappelle ainsi la volonté d’ouverture de Bruxelles.

Ce n’est pas pour autant que la plantation de cépages provenant de croisements entre Vitis vinifera et d’autres espèces de vignes pourra se faire sans délai. Il faudra une nouvelle réglementation.

L’implantation de vignes hybrides « ne peut se faire de façon sauvage », résumait Éric Tesson, directeur de la Cnaoc, à l’issue du congrès.

L’exaspération des vignerons

Un congrès où l’on a vu monter l’exaspération des vignerons. Pour éviter les exposés magistraux et faire participer l’audience aux débats, la Cnaoc organisait une sorte de vote électronique. Il en est ressorti une aspiration des professionnels à voir des délais raccourcis entre la prise de décision et la réalisation. Le nom de l’INAO, l’institut national de l’origine et de la qualité, a été quelque peu chahuté par l’impatience, dans une ambiance un brin irrespectueuse : « pour un INAO moins rigide », « libérer les cahiers des charges », « intégration de l’expérimentation dans les cahiers des charges des AOC », tels ont été quelques unes des demandes exprimées.

Christian Paly, président de la commission nationale des AOC viticoles à l’INAO, et ancien président de la Cnaoc, a rappelé aux professionnels que ce sont leurs propres représentants qui siègent à l’institut. Ce dernier et les professionnels qui y siègent ont d’ailleurs su "mouiller la chemise" pour faire avancer des dossiers, comme celui de l’irrigation de la vigne en zones de stress hydrique, face au ministère de l’Environnement qui restait sur une position fermée sur le sujet, a plaidé Christian Paly.

Une impatience prise en compte

L’impatience des viticulteurs semble avoir été entendue par la Cnaoc et notamment par son président, Bernard Farges. Le risque est en effet que des viticulteurs mènent leurs expérimentations en dehors de leurs appellations. La Cnaoc avait déjà tenu son congrès en 2015 sur le sujet des cépages résistants exotiques, c’est-à-dire issus d’autres espèces que Vitis vinifera, et susceptibles d’expérimentées et autorisées à terme dans les cahiers des charges. Depuis, les dossiers réglementaires n’ont guère avancé…

Les lenteurs sont la contrepartie du système rigoureux des appellations, institué pour garantir une qualité irréprochable des vins, rappelait un observateur au congrès. La rigueur des cahiers des charges, le caractère collectif des décisions et la gouvernance complexe (les professionnels et les administrations travaillent au coude à coude) sont les ingrédients de cette qualité mais aussi de la lenteur des décisions et de leur application.

Ce n'est pas encore demain que les cépages résistants seront dans le vignoble...

Ce n'est pas encore demain que les cépages résistants seront dans le vignoble...

Les 26 et 27 avril à Calvi en Corse, le congrès de la Cnaoc a fait l’état de la situation des cépages résistants aux maladies fongiques : le consensus existe pour les adopter, pour réduire au plus vite l’utilisation des fongicides, mais il reste surtout à lever des obstacles réglementaires pour qu’ils soient autorisés. D’où une impatience visible des professionnels pour secouer la réglementation. Une réglementation qu’ils ont contribué à mettre en place.

Tout le monde est d’accord pour implanter rapidement les cépages résistants. D’abord, les viticulteurs qui ont hâte de ne plus avoir à traiter et de ne plus subir la pression des riverains et des associations environnementales. Ensuite, la Commission européenne qui est prête à autoriser ces nouveaux cépages. Mais cela ne se fait pas par un claquement de doigts.

En effet, les cahiers des charges des AOC-AOP n’autorisent que les cépages issus à 100 % de l’espèce Vitis vinifera. Les autres espèces ne sont pas autorisées.

Bruxelles affiche une volonté d’ouverture

Pour Raimondo Serra, chef de l’unité Vins et spiritueux à la DG Agri de la Commission européenne, il faut arrêter « d’interdire, ce n’est pas à l’UE d’interdire des variétés dans les cahiers des charges des AOP, mais aux vignerons ». Et d’ajouter : « nous héritons d’un système fondé dans les années trente, qui interdit les variétés qui ne sont pas de l’espèce Vitis vinifera ». Le responsable de la Commission rappelle ainsi la volonté d’ouverture de Bruxelles.

Ce n’est pas pour autant que la plantation de cépages provenant de croisements entre Vitis vinifera et d’autres espèces de vignes pourra se faire sans délai. Il faudra une nouvelle réglementation.

L’implantation de vignes hybrides « ne peut se faire de façon sauvage », résumait Éric Tesson, directeur de la Cnaoc, à l’issue du congrès.

L’exaspération des vignerons

Un congrès où l’on a vu monter l’exaspération des vignerons. Pour éviter les exposés magistraux et faire participer l’audience aux débats, la Cnaoc organisait une sorte de vote électronique. Il en est ressorti une aspiration des professionnels à voir des délais raccourcis entre la prise de décision et la réalisation. Le nom de l’INAO, l’institut national de l’origine et de la qualité, a été quelque peu chahuté par l’impatience, dans une ambiance un brin irrespectueuse : « pour un INAO moins rigide », « libérer les cahiers des charges », « intégration de l’expérimentation dans les cahiers des charges des AOC », tels ont été quelques unes des demandes exprimées.

Christian Paly, président de la commission nationale des AOC viticoles à l’INAO, et ancien président de la Cnaoc, a rappelé aux professionnels que ce sont leurs propres représentants qui siègent à l’institut. Ce dernier et les professionnels qui y siègent ont d’ailleurs su "mouiller la chemise" pour faire avancer des dossiers, comme celui de l’irrigation de la vigne en zones de stress hydrique, face au ministère de l’Environnement qui restait sur une position fermée sur le sujet, a plaidé Christian Paly.

Une impatience prise en compte

L’impatience des viticulteurs semble avoir été entendue par la Cnaoc et notamment par son président, Bernard Farges. Le risque est en effet que des viticulteurs mènent leurs expérimentations en dehors de leurs appellations. La Cnaoc avait déjà tenu son congrès en 2015 sur le sujet des cépages résistants exotiques, c’est-à-dire issus d’autres espèces que Vitis vinifera, et susceptibles d’expérimentées et autorisées à terme dans les cahiers des charges. Depuis, les dossiers réglementaires n’ont guère avancé…

Les lenteurs sont la contrepartie du système rigoureux des appellations, institué pour garantir une qualité irréprochable des vins, rappelait un observateur au congrès. La rigueur des cahiers des charges, le caractère collectif des décisions et la gouvernance complexe (les professionnels et les administrations travaillent au coude à coude) sont les ingrédients de cette qualité mais aussi de la lenteur des décisions et de leur application.