CESE Associer bien-être des animaux à celui des éleveurs et des salariés
Un avis adopté par l’assemblée consultative plaide pour une prise en compte des conditions de vie et de travail au sein des filières animales. Un seul et même bien être pour tous, c'est-à-dire associer bien-être des animaux à celui des éleveurs et des salariés. Et d'imposer ensuite ces critères dans les accords de libre-échange.

L’avis présenté mercredi 28 novembre au conseil économique, social et environnemental sur « les enjeux relatifs aux conditions d’élevage, de transport et d’abattage en matière de bien-être animal (BEA) » insiste sur l’importance d’associer le respect du bien-être animal avec celui des éleveurs et des salariés des entreprises de transport et d’abattage. L’avis, adopté à la quasi-unanimité (156 voix pour, 3 voix contre et une abstention), avait été préparé par deux rapporteurs désignés par la section de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation : Anne Garreta, représentante des salariés (CGT) et Marie-Noelle Orain, personnalité associée du CESE et elle-même éleveuse. « Nous avons croisés nos regards et nous sommes arrivés au constat et à l’évidence qu’il ne saurait y avoir de bien-être des animaux de rente sans des conditions de travail et de vie satisfaisantes pour les êtres humains en charge de l’élevage, de l’abattage et du transport », a commenté Marie-Noelle Orain en présentant l’avis. « C’est le concept de One welfare » (un seul bien-être) qui situe le bien-être animal au centre d’une démarche globale, « un principe que nous avons intégré dans la définition même du bien-être animal », a poursuivi le co-rapporteur. Alors que le gouvernement s’apprête à annoncer de nouvelles mesures en faveur du bien-être animal, le projet d'avis du CESE formule 21 préconisations de mise en œuvre d’actions concrètes sur ce sujet. Elaborées à l’issue d’une cinquantaine d’auditions et de rencontres avec l’ensemble des parties concernées, les recommandations englobent aussi bien l’évolution des systèmes de production que l’adaptation de la réglementation, des politiques publiques, les conditions de travail des salariés, ou encore la responsabilisation des consommateurs à travers l’étiquetage.
Améliorer le maillage des abattoirs
Les rapporteurs estiment notamment qu’un levier important est celui de l’organisation des territoires et des filières animales. « L’amélioration du maillage territorial des abattoirs est une des clés pour à la fois réduire les temps de transport et aider à redonner aux éleveurs et aux consommateurs le contrôle sur l’abattage », indique le texte. L’avis plaide ainsi en faveur d’un « plan national dédié » pour assurer la répartition des abattoirs de proximité notamment publics, « en cohérence avec les projets alimentaires territoriaux (PAT) existants ou futurs ». Il souhaite l’examen pour l'heure « des solutions alternatives adaptées », comme les abattoirs mobiles et les caissons d’abattage. Le CESE plaide également en faveur d’une intégration systématique des problématiques relatives au bien-être animal dans les plans de filière et d’un relèvement des exigences de bien-être animal dans le socle de base des cahiers des charges « Viandes de France ». L’avis estime aussi que la réglementation et les politiques publiques ont leur mot à dire pour améliorer la prise en compte du bien-être animal. Le texte appelle à une application stricte de la réglementation relative au bien-être animal, en France et au sein de l’Union européenne, et déplore le manque de personnels, en particulier d’inspecteurs de la santé publique vétérinaire. Il demande également que soit inclus le critère du bien-être animal et des conditions de travail dans les procédures d’autorisation des installations classées, et même de « renforcer la prise en compte du bien-être animal dans la conditionnalité des aides Pac ». L’avis évoque également des mesures de plus long terme, comme la réorientation de la recherche et ses financements vers une sélection génétique « visant à favoriser la rusticité des animaux en s'appuyant sur les races locales afin d'apporter une plus grande diversité de caractéristiques physiologiques ou physiques ». L’objectif consisterait également à développer la mixité des races (lait/viande pour les bovins, œufs/chair pour les volailles…). L’avis réclame enfin que la dimension bien-être animal (élevage, transport et abattage) soit « systématiquement inclue » dans les accords de libre-échange pour interdire les importations de viande qui ne répondent pas aux normes en vigueur en Europe. « La ratification, en l’état, des accords de libre-échange (Ceta, Tafta, Mercosur…) n’est donc pas possible ; les autorités compétentes doivent disposer des moyens pour contrôler ces interdictions », estime l’avis.