Changement climatique : les AOC en première ligne
Liées à leurs terroirs dont le climat est une composante forte, les appellations d'origine contrôlée (AOC) sont particulièrement concernées par le changement climatique. Depuis un peu moins d’un an, l’institut de l’origine et de la qualité (INAO) a reçu 19 demandes provenant d’AOC souhaitant modifier provisoirement leurs cahiers des charges en raison d’aléas climatiques, contre une dizaine les années précédentes. La plupart émanent cette année de la filière laitière, où la problématique gonfle après deux sécheresses consécutives. Le sujet est pris à bras-le-corps depuis une dizaine d’années dans le secteur viticole, dont la production est à plus de 90 % sous signes de qualité. Des cépages extérieurs aux appellations peuvent être, par exemple, expérimentés « à fin d’adaptation », dans un cadre très strict. Une stratégie nationale d’adaptation est en discussion entre les dix bassins viticoles, sous l’égide de l’INAO et de FranceAgriMer.

La viticulture est touchée, elle aussi, par le changement du climat, d’autant plus qu’elle est largement située dans les régions les plus chaudes du territoire français. En zone septentrionale, comme ici en Bourgogne, les effets se font déjà ressentir par un risque accru de gel printanier avec un débourrement précoce et des Saintes Glaces qui donnent des sueurs froides les nuits.
Mais la filière viticole a l’atout d’avoir anticipé le phénomène depuis des années. Elle a une longueur d’avance dans les travaux sur le changement climatique ; la vigne, plantée pour 25 à 40 ans, est un investissement à long terme, et donc les professionnels se sont sentis très concernés, explique Jacques Gautier, inspecteur national de l’INAO chargé des questions environnementales.
De plus, ce secteur très structuré travaille étroitement avec l’Inra sur ce thème. Un programme de recherche, le projet Laccave, a mobilisé 500 acteurs (vignerons, négociants, œnologues) et 90 chercheurs, de 2012 à 2018, dans le but d’étudier les stratégies d’adaptation au changement climatique de la viticulture.
Des cépages adaptés au nouveau climat
Interdisant jusque-là strictement toute implantation de cépages ne faisant pas partie de la liste d’une AOC, les cahiers des charges donnent depuis peu la possibilité aux exploitations viticoles d’expérimenter des cépages exotiques, adaptés au nouveau climat. Ces cépages extérieurs à la liste de l’appellation sont libellés « à fin d’adaptation » au changement climatique. Ils peuvent couvrir jusqu’à 5 % de l’exploitation viticole.
Cette ouverture est néanmoins très encadrée : le viticulteur doit faire remonter toutes les informations aux chercheurs, à l’Institut de la vigne et du vin, aux chambres d’agriculture. Le vignoble du Languedoc a introduit cette année deux cépages grecs et un cépage calabrais, tandis que les vignerons de l’AOC bordeaux et bordeaux supérieur ont adopté en juin dernier une liste de sept nouveaux cépages « d’intérêt à fin d’adaptation », dont deux proviennent du Portugal.
En Bourgogne, les cahiers des charges la majorité en monocépage - pinot noir, chardonnay, aligoté, gamay - posent une autre limite.
Une stratégie nationale à l’étude pour le vin
La souplesse existe déjà dans les cahiers des charges. Ainsi, dans le vignoble des côtes-du-rhône, les cahiers des charges interdisent l’irrigation de la vigne… mais l’autorisation d’irriguer peut être déclenchée à partir d’un certain degré de sécheresse constaté dans des « parcelles sentinelles ».
Une stratégie nationale est actuellement en discussion dans les dix bassins viticoles français pour s’adapter au changement climatique. Un document a été rédigé par les principales organisations professionnelles viticoles, sous l’animation de l’INAO et de FranceAgriMer. Ce document décline huit grands thèmes, dont on retiendra l’approfondissement des connaissances par une cartographie des sols et des climats, les nouvelles conditions d’adaptation du matériel végétal (les cépages et les porte-greffes), l’adaptation à l’évolution des marchés. La discussion devrait durer jusqu’en novembre.
Le goût au centre de l’attention
In fine, toutes ces adaptations font inévitablement ressurgir la question du goût et de la promesse faite au consommateur. Pour Marie Guittard, directrice de l'Inao, cette problématique est « à ce stade, une menace et non une réalité ». En revanche, remarque-t-elle, « le changement climatique fragilise énormément certaines exploitations qui sont en phase de démarrage ou d’investissement. (...) Cela, c’est une réalité constatée ».
Tant à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) qu’au CIVB (l’interprofession du bordeaux), on estime que le changement climatique n’a pas dénaturé le caractère d’un vin. S’il a élevé le taux d’alcool et réduit l’acidité, et s’il menace de faire sortir certaines AOP de leurs caractéristiques, il n’a pas altéré la typicité du vin, rectifie-t-on au CIVB. De même, les nouveaux cépages « à fin d’adaptation » au changement climatique ne dénatureront pas la typicité des terroirs. Les vignobles, tels celui de Bordeaux, ont toujours réussi à maintenir leur caractère tout en évoluant, fait-on valoir au CIVB.
Changement climatique : les AOC en première ligne

La viticulture est touchée, elle aussi, par le changement du climat, d’autant plus qu’elle est largement située dans les régions les plus chaudes du territoire français. En zone septentrionale, comme ici en Bourgogne, les effets se font déjà ressentir par un risque accru de gel printanier avec un débourrement précoce et des Saintes Glaces qui donnent des sueurs froides les nuits.
Mais la filière viticole a l’atout d’avoir anticipé le phénomène depuis des années. Elle a une longueur d’avance dans les travaux sur le changement climatique ; la vigne, plantée pour 25 à 40 ans, est un investissement à long terme, et donc les professionnels se sont sentis très concernés, explique Jacques Gautier, inspecteur national de l’INAO chargé des questions environnementales.
De plus, ce secteur très structuré travaille étroitement avec l’Inra sur ce thème. Un programme de recherche, le projet Laccave, a mobilisé 500 acteurs (vignerons, négociants, œnologues) et 90 chercheurs, de 2012 à 2018, dans le but d’étudier les stratégies d’adaptation au changement climatique de la viticulture.
Des cépages adaptés au nouveau climat
Interdisant jusque-là strictement toute implantation de cépages ne faisant pas partie de la liste d’une AOC, les cahiers des charges donnent depuis peu la possibilité aux exploitations viticoles d’expérimenter des cépages exotiques, adaptés au nouveau climat. Ces cépages extérieurs à la liste de l’appellation sont libellés « à fin d’adaptation » au changement climatique. Ils peuvent couvrir jusqu’à 5 % de l’exploitation viticole.
Cette ouverture est néanmoins très encadrée : le viticulteur doit faire remonter toutes les informations aux chercheurs, à l’Institut de la vigne et du vin, aux chambres d’agriculture. Le vignoble du Languedoc a introduit cette année deux cépages grecs et un cépage calabrais, tandis que les vignerons de l’AOC bordeaux et bordeaux supérieur ont adopté en juin dernier une liste de sept nouveaux cépages « d’intérêt à fin d’adaptation », dont deux proviennent du Portugal.
En Bourgogne, les cahiers des charges la majorité en monocépage - pinot noir, chardonnay, aligoté, gamay - posent une autre limite.
Une stratégie nationale à l’étude pour le vin
La souplesse existe déjà dans les cahiers des charges. Ainsi, dans le vignoble des côtes-du-rhône, les cahiers des charges interdisent l’irrigation de la vigne… mais l’autorisation d’irriguer peut être déclenchée à partir d’un certain degré de sécheresse constaté dans des « parcelles sentinelles ».
Une stratégie nationale est actuellement en discussion dans les dix bassins viticoles français pour s’adapter au changement climatique. Un document a été rédigé par les principales organisations professionnelles viticoles, sous l’animation de l’INAO et de FranceAgriMer. Ce document décline huit grands thèmes, dont on retiendra l’approfondissement des connaissances par une cartographie des sols et des climats, les nouvelles conditions d’adaptation du matériel végétal (les cépages et les porte-greffes), l’adaptation à l’évolution des marchés. La discussion devrait durer jusqu’en novembre.
Le goût au centre de l’attention
In fine, toutes ces adaptations font inévitablement ressurgir la question du goût et de la promesse faite au consommateur. Pour Marie Guittard, directrice de l'Inao, cette problématique est « à ce stade, une menace et non une réalité ». En revanche, remarque-t-elle, « le changement climatique fragilise énormément certaines exploitations qui sont en phase de démarrage ou d’investissement. (...) Cela, c’est une réalité constatée ».
Tant à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) qu’au CIVB (l’interprofession du bordeaux), on estime que le changement climatique n’a pas dénaturé le caractère d’un vin. S’il a élevé le taux d’alcool et réduit l’acidité, et s’il menace de faire sortir certaines AOP de leurs caractéristiques, il n’a pas altéré la typicité du vin, rectifie-t-on au CIVB. De même, les nouveaux cépages « à fin d’adaptation » au changement climatique ne dénatureront pas la typicité des terroirs. Les vignobles, tels celui de Bordeaux, ont toujours réussi à maintenir leur caractère tout en évoluant, fait-on valoir au CIVB.
Changement climatique : les AOC en première ligne

La viticulture est touchée, elle aussi, par le changement du climat, d’autant plus qu’elle est largement située dans les régions les plus chaudes du territoire français. En zone septentrionale, comme ici en Bourgogne, les effets se font déjà ressentir par un risque accru de gel printanier avec un débourrement précoce et des Saintes Glaces qui donnent des sueurs froides les nuits.
Mais la filière viticole a l’atout d’avoir anticipé le phénomène depuis des années. Elle a une longueur d’avance dans les travaux sur le changement climatique ; la vigne, plantée pour 25 à 40 ans, est un investissement à long terme, et donc les professionnels se sont sentis très concernés, explique Jacques Gautier, inspecteur national de l’INAO chargé des questions environnementales.
De plus, ce secteur très structuré travaille étroitement avec l’Inra sur ce thème. Un programme de recherche, le projet Laccave, a mobilisé 500 acteurs (vignerons, négociants, œnologues) et 90 chercheurs, de 2012 à 2018, dans le but d’étudier les stratégies d’adaptation au changement climatique de la viticulture.
Des cépages adaptés au nouveau climat
Interdisant jusque-là strictement toute implantation de cépages ne faisant pas partie de la liste d’une AOC, les cahiers des charges donnent depuis peu la possibilité aux exploitations viticoles d’expérimenter des cépages exotiques, adaptés au nouveau climat. Ces cépages extérieurs à la liste de l’appellation sont libellés « à fin d’adaptation » au changement climatique. Ils peuvent couvrir jusqu’à 5 % de l’exploitation viticole.
Cette ouverture est néanmoins très encadrée : le viticulteur doit faire remonter toutes les informations aux chercheurs, à l’Institut de la vigne et du vin, aux chambres d’agriculture. Le vignoble du Languedoc a introduit cette année deux cépages grecs et un cépage calabrais, tandis que les vignerons de l’AOC bordeaux et bordeaux supérieur ont adopté en juin dernier une liste de sept nouveaux cépages « d’intérêt à fin d’adaptation », dont deux proviennent du Portugal.
En Bourgogne, les cahiers des charges la majorité en monocépage - pinot noir, chardonnay, aligoté, gamay - posent une autre limite.
Une stratégie nationale à l’étude pour le vin
La souplesse existe déjà dans les cahiers des charges. Ainsi, dans le vignoble des côtes-du-rhône, les cahiers des charges interdisent l’irrigation de la vigne… mais l’autorisation d’irriguer peut être déclenchée à partir d’un certain degré de sécheresse constaté dans des « parcelles sentinelles ».
Une stratégie nationale est actuellement en discussion dans les dix bassins viticoles français pour s’adapter au changement climatique. Un document a été rédigé par les principales organisations professionnelles viticoles, sous l’animation de l’INAO et de FranceAgriMer. Ce document décline huit grands thèmes, dont on retiendra l’approfondissement des connaissances par une cartographie des sols et des climats, les nouvelles conditions d’adaptation du matériel végétal (les cépages et les porte-greffes), l’adaptation à l’évolution des marchés. La discussion devrait durer jusqu’en novembre.
Le goût au centre de l’attention
In fine, toutes ces adaptations font inévitablement ressurgir la question du goût et de la promesse faite au consommateur. Pour Marie Guittard, directrice de l'Inao, cette problématique est « à ce stade, une menace et non une réalité ». En revanche, remarque-t-elle, « le changement climatique fragilise énormément certaines exploitations qui sont en phase de démarrage ou d’investissement. (...) Cela, c’est une réalité constatée ».
Tant à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) qu’au CIVB (l’interprofession du bordeaux), on estime que le changement climatique n’a pas dénaturé le caractère d’un vin. S’il a élevé le taux d’alcool et réduit l’acidité, et s’il menace de faire sortir certaines AOP de leurs caractéristiques, il n’a pas altéré la typicité du vin, rectifie-t-on au CIVB. De même, les nouveaux cépages « à fin d’adaptation » au changement climatique ne dénatureront pas la typicité des terroirs. Les vignobles, tels celui de Bordeaux, ont toujours réussi à maintenir leur caractère tout en évoluant, fait-on valoir au CIVB.