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Fédération des chasseurs de Saône-et-Loire

Chasse et agriculture indissociables !

A une semaine de l’ouverture de la chasse, le président de la fédération des chasseurs Jacques Pelus fait part de l’état du gibier en Saône-et-Loire. L’occasion d’évoquer une restauration concertée des biotopes à petit gibier avec les agriculteurs. Mais aussi de parler du sanglier dont les dégâts semblent se stabiliser depuis trois ans. Enfin, la fédération des chasseurs est mobilisée dans la lutte contre les espèces invasives, en premier lieu le ragondin.
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Combien y-a-t-il de chasseurs en Saône-et-Loire et l’érosion du nombre de chasseurs se poursuit-elle ?
Jacques Pelus :
nous comptons encore 13.000 chasseurs en Saône-et-Loire mais nous perdons environ 150 chasseurs par an et la crise n’a pas arrangé les choses car certains ne renouvellent pas leur permis pour raison économique. Devant cette érosion, nous poursuivons nos efforts de communication pour promouvoir la chasse. Notamment avec notre opération « un dimanche à la chasse » ou le parrainage chasse accompagnée. Nous nous rendons également en milieu scolaire où nous parlons environnement, milieux, biodiversité… Pour faire comprendre que la chasse d’aujourd’hui intègre la faune et la flore qui l’entoure. Mais si nous avons beaucoup d’activités en milieu rural, nous avons plus de mal à intervenir en ville. C’est pourtant là qu’il y aurait les plus gros besoins de sensibilisation.

L’environnement et la biodiversité font partie des compétences de la fédération des chasseurs ?
J. P. :
la FDC 71 est une association agréée au titre de la protection de l’environnement. La pérennité de la chasse passe par la préservation des milieux et des espèces. Hommes de terrain par excellence, les chasseurs et les piégeurs agréés ont une parfaite connaissance de la nature et sont de véritables sentinelles. Toute l’année, ils suivent les populations et n’hésitent pas à aider le petit gibier (canards, perdrix…) s’il le faut en leur apportant eau et nourriture. Sans oublier la régulation les populations de nuisibles comme les espèces invasives.

En matière de biodiversité, comment se porte la faune cynégétique en Saône-et-Loire ?
J. P. :
la Saône-et-Loire a la chance d’avoir quatre biotopes différents : la Bresse et ses 1.400 étangs, la côte viticole, le Morvan et le Charolais-Brionnais. De quoi abriter tous les types de gibier. Le gros gibier s’est beaucoup développé. Entre 1975 et aujourd’hui, on est passé d’un tableau de 185 à 10.000 chevreuils prélevés par an ! En revanche, le petit gibier et son biotope ont souffert des conséquences de l’agriculture intensive.
Nous voulons favoriser les populations de petit gibier. La restauration des haies hautes avec les agriculteurs va dans ce sens.

Quel est ce projet de restauration de haies hautes avec les agriculteurs ?
J. P. :
avec la coopérative Bourgogne du Sud, nous sommes impliqués dans une démarche de préservation des haies bocagères en Bresse. Il s’agit de laisser monter des haies selon un plan de gestion pour produire du bois plaquettes destiné au chauffage ou à de la litière. Le projet a très bien démarré. De nouveaux agriculteurs nous rejoignent. Cette évolution de la conduite du bocage bénéficie à tout le monde : agriculteurs, chasseurs, faune sauvage, promeneurs…
Dans l’Autunois, un GIC faisan (groupement d’intérêt cynégétique) va être créé prochainement. C’est l’aboutissement d’une opération locale de repeuplement en faisans menée depuis plusieurs années avec succès. Elle est le fait de la société de chasse locale avec la collaboration des agriculteurs du secteur. On aimerait voir d’autres initiatives du genre s'organiser ailleurs en Saône-et-Loire…

Où en sont les problèmes de dégâts de gros gibier en Saône-et-Loire ?
J. P. :
malgré une explosion mondiale des populations de sangliers, le montant des indemnisations de dégâts de gibier est stable depuis trois ans en Saône-et-Loire. Il est vrai que le prix des céréales contribue à alléger la facture des dégâts, mais c’est aussi le résultat des efforts de prévention de la part des chasseurs du département. Les clôtures de protection concernent près de 4.000 hectares de terres agricoles. La fédération donne 40 € par hectare aux sociétés de chasse qui posent des clôtures de protection. Malgré un prélèvement de 4.250 sangliers, le montant des dégâts versés par la fédération des chasseurs aux agriculteurs n’est que de 200.000 € contre 650.000 dans les pires années ! S’il subsiste des zones sensibles, on ne parle plus des fameux points noirs qui posaient tant problème il y a quelques années. La Saône-et-Loire est le premier département de France en surface cultivable et face aux dégâts de sangliers, je maintiens qu’il n’est pas question de laisser s’installer des effectifs comme dans certains départements limitrophes. La première attribution de bracelets à l’ouverture est suivie d’une attribution corrective en novembre pour ajuster la pression de chasse si nécessaire. Dès que l’on est en présence de comportements illégaux, nous nous portons partie civile. D’ailleurs, les sanctions contre les élevages clandestins et les lâchers ne sont pas assez sévères à nos yeux.

Quelle est la situation du ragondin, autre problème majeur dans le département ?
J. P. :
nous sommes très mobilisés contre ce gros rongeur et la maladie infectieuse qu’il véhicule dans la nature : la leptospirose. Nous travaillons notamment avec le GDS 71 avec lequel nous avons prouvé des cas de leptospirose transmise à des bovins. La leptospirose peut également contaminer des humains. Certains de nos piégeurs ont été gravement touchés. Il y a cinq ans, nous prélevions 15.000 ragondins par an. Mais ce tableau est tombé à 5.500 du fait de la suppression de la prime attribuée aux piégeurs par le conseil départemental… Nous travaillons avec les bassins de rivières (Arroux, Arconce, Dheune…) car le ragondin est une espèce invasive qui fait beaucoup de dégâts aux berges des cours d’eau. Nous participons aussi au suivi de l’échinococose alvéolaire, une autre maladie grave transmise par le renard.

FDC 71 : Fédération Départementale des Chasseurs de Saône-et-Loire.

Michel Vallé


Nouveau directeur de la FDC 71



Michel Vallé est le nouveau directeur de la fédération départementale des chasseurs depuis le 1er septembre. Agé de 47 ans et domicilié dans l’Ain dans une commune limitrophe de la Saône-et-Loire, Michel Vallé succède à Michel Roy qui a pris sa retraite. Le profil du nouveau directeur de la FDC 71 est pour le moins atypique. Après une maîtrise environnementale, il a poursuivi sa formation universitaire avec un DEA puis une thèse en « science et vie de la santé » à Lille dans sa région d’origine le Nord Pas-de-Calais. Michel Vallé a ensuite enseigné à l’IUT de Bourg-en-Bresse avant de travailler pour « le monde de l’industrie pharmaceutique vétérinaire » où il est devenu « responsable développement pharmaceutique d’anti-infectieux ». Sa carrière l’a amené à créer sa propre entreprise spécialisée dans la « recherche et le développement d’anti-infectieux vétérinaires ». Une expérience qui l’a vu manager des équipes et de nombreux projets, mais aussi travailler avec les syndicats des médicaments vétérinaires et jongler avec une réglementation qui n’a rien à envier à celle régissant la chasse et la ruralité… Chasseur lui-même, Michel Vallé a fait le choix personnel de revenir à sa passion de la nature en postulant à la direction de la fédération des chasseurs de Saône-et-Loire. L’une de ses missions sera notamment de favoriser le petit gibier dans le département, comme le lui a demandé le conseil d’administration de la FDC 71. Un sujet qui lui est cher, lui qui aime chasser le petit gibier et qui est incollable sur les questions de biotope et de gestion d’espèces. Le nouveau directeur aura bien entendu à cœur de « reprendre en main » la fédération qui vient de vivre trois départs en retraite pour une équipe de 13 salariés.


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