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Gaec Dubrion à Ciry-le-Noble

Chèvres et bovins sur les mêmes herbages

En 2013, Isabelle Dubrion a choisi de s’installer auprès de son mari et de son beau-père en créant un atelier caprin sur l’exploitation familiale de Ciry-le-Noble. L’an dernier, la ferme des Ligerots a transformé 27.000 litres de lait issus de chèvres nourries au pâturage et au foin. Les produits sont écoulés auprès d’une clientèle locale nombreuse aux portes de l’agglomération montcelienne.
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Le Gaec Dubrion réunit Isabelle, Baptiste et Jean-Luc. Ce dernier s’est installé en 1979 avec des bovins charolais. Son fils Baptiste l’a rejoint en 2006 dans une exploitation allaitante qui produisait alors des broutards, des taurillons d’herbe et des femelles grasses Label rouge. Quant à Isabelle, l’épouse de Baptiste, elle est arrivée la dernière en 2013 avec le projet de créer au sein du Gaec un atelier caprin. L’exploitation familiale de 153 hectares tout en herbe compte aujourd’hui cent vaches charolaises ainsi qu’une quarantaine de chèvres de race alpine. Deux vaches laitières brunes des Alpes complètent l’atelier Lait pour la production de crème fraîche, de beurre, de tome et de veaux de lait. L’an dernier, le Gaec a ainsi transformé 27.000 litres de lait.

Installation sans agrandissement


L’installation d’Isabelle n’a pas nécessité d’agrandissement, font valoir les associés. Et elle a été facilitée par la structure existante, reconnaît Isabelle. L’élevage des chèvres, la traite et la transformation sont assumées par la jeune femme qui produit des « fromages lactiques traditionnels ». 80 % de la production est vendue sur place à une clientèle de proximité (Ciry-le-Noble, Sanvignes-lès-Mines, Montceau-lès-Mines, Génelard…), mais cette clientèle locale et plutôt « festive » a des répercussions nationales via les familles. Par ailleurs, la crème constitue un bon produit d’appel, confie Isabelle.

840 litres par chèvre et par an, à l’herbe


Les chèvres du Gaec sont élevées selon une conduite traditionnelle à l’herbe et au foin avec mise bas en février-mars. Sur les 40 hectares qui entourent la chèvrerie, elles pâturent de mars à novembre, la plupart du temps avec les bovins et passent la nuit en bâtiment. « Ce pâturage est bien valorisé », fait remarquer Frédéric Pacaud, le conseiller d’Acsel Conseil Elevage qui suit l’exploitation. De fait, la moyenne de production par chèvre s’élève à 840 litres par an, ce qui est très honorable pour un système traditionnel de ce type, souligne le conseiller. Outre le pâturage, les chèvres du Gaec bénéficient du meilleur foin récolté sur la ferme ; le moins bon allant aux bovins. La ration évolue au cours de l’année selon la qualité de l’herbe. La complémentation (maïs grain et correcteur) atteint 900 grammes au pic de lait.
Ce niveau de performances tient aussi à un bon choix d’animaux à la constitution du cheptel. Conformément à ce qu’on lui avait enseigné durant sa formation au CFPPA de Davayé, Isabelle a en effet tenu à acquérir des chevrettes à bon potentiel génétique. Celles-ci provenaient de deux élevages de Saône-et-Loire réputés sur ce critère.


Une journée technique


Le 6 décembre dernier, la Ferme des Ligerots à Ciry-le-Noble était le cadre de la journée technique caprine annuelle organisée par le Syndicat caprin de Saône-et-Loire. Après un plaidoyer pour une défense collective des producteurs de chèvres fermiers, le syndicat invitait l’après-midi à découvrir l’élevage de la famille Dubrion. La visite était enrichie de trois ateliers techniques animés par des intervenants de haut niveau et destinés à « se réapproprier les intérêts du fromage au lait cru », introduisait le président du syndicat caprin, Jean-Philippe Bonnefoy. Le premier atelier portait sur la fromageabilité des laits, animé par Guillemette Allut du Centre fromager de Bourgogne ; le second était consacré à la commercialisation et les nouvelles technologies (lire encadré) et le troisième avait pour thème "Apprendre à mieux parler de nos produits" avec une intervention experte sur « la qualité organoleptique des fromages ».



Commercialisation et nouvelles technologies
Ne rien négliger, mais sans se disperser…


L’un des ateliers thématiques proposé traitait de la commercialisation et des nouvelles technologies en la matière. Spécialiste de la chose, Sophie Picardel a fait un tour d’horizon synthétique des modalités de vente des produits fermiers en prodiguant de nombreux conseils.
La première impression inspirée par son propos, c’est que malgré le foisonnement technologique ambiant et les multiples injonctions à être connectés de toute part, tout le temps, il n’est pas forcément grave d’être absent d’un média. En tout cas, ce n’est pas la peine de vouloir être partout. Mieux vaut cibler le bon support de communication et le faire bien. Et cela sans négliger les circuits traditionnels…

Tendances en vogue


Pour la commercialisation de ses produits, outre les traditionnelles ventes directes à la ferme et marchés, Sophie Picardel incite, par exemple, à penser aux magasins de producteurs, tendance très en vogue auprès des consommateurs. Elle évoque aussi la grande distribution dont nombre d’enseignes mettent en avant les producteurs locaux. Autre suggestion inattendue : le retour des camions ambulants dans certaines campagnes… Preuve que les circuits de vente traditionnels n’ont pas dit leur dernier mot, là où le modèle de distribution dominant semble avoir atteint ses limites.

Fichier clients


La communication est une affaire sérieuse. Elle doit servir à « se faire connaître, se faire aimer et faire acheter ». Pour cela, la signalétique doit être efficace. Il faut soigner ses "flyers" ; adopter une « véritable charte graphique » (couleurs, police, logos…) ; de sorte à afficher une « uniformité visuelle », des flyers aux outils internet... Soigner aussi les photos. Ces supports doivent « mettre en avant les avantages procurés au client », recommandait l’intervenante.
Se constituer un fichier client est une étape fondamentale, démontrait Sophie Picardel. Le "mailing" peut être un point de départ. Il convient toutefois de bien connaître le cadre réglementaire de la collecte d’informations. Il existe des outils pour aider à confectionner ces outils (tableurs, outils en ligne…).

Indétrônable bouche à oreille


Reste que le meilleur moyen de communication demeure « le bouche à oreille », rappelait Sophie Picardel qui insistait aussi sur le fait qu’il ne faut pour autant « jamais négliger les médias traditionnels », tout en vantant l’efficacité des témoignages vidéos… Les portes ouvertes sont également un bon moyen de se faire connaître et de créer l’évènement.
Sur la présence "web", l’intervenante estimait que l’on n’est pas obligé d’avoir à la fois un site internet et une page facebook. Mieux vaut privilégier une présence pérenne dans le temps et ne pas sous-estimer le temps nécessaire à l’entretien de ses réseaux. Nombre d’adresses offrent la possibilité de se faire référencer sur des réseaux de type "Google". Il existe des outils pour se faire repérer et améliorer sa visibilité. L’intervenante incitait aussi à ne pas oublier les "Pages jaunes" ni le réseau "Bienvenue à la Ferme".
Une synthèse des différents outils à disposition s’impose pour bien cibler son choix en optimisant son investissement et son temps, concluait Sophie Picardel.

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