Accès au contenu
Zone intermédiaire

Cinq scénarios pour l’agriculture d’une « zone intermédiaire »

Une note du Centre d’études et de prospective (ministère de l’Agriculture) décrit cinq scénarios pour l’agriculture dans la zone « intermédiaire » du nord-Bourgogne, caractérisée par un faible potentiel de rendement. Des représentants de l’ensemble des acteurs du territoire ont été mobilisés pour cette étude à horizon 2030.

Par Publié par Cédric Michelin
Cinq scénarios pour l’agriculture d’une « zone intermédiaire »

Pour les analystes du Centre d'études et de prospective (CEP), « il est probable que la solution aux problèmes traversés actuellement par (cette zone intermédiaire) reposera sur une combinaison des cinq scénarios ». Leur rapport paru le 7 janvier décrit donc les cinq hypothèses suivantes :

• La course à l’agrandissement s’amplifie

« Un agri-industriel dans une économie mondialisée » représente l’une des options. Pour rester compétitif, celui-ci mise sur les économies d’échelle. C’est la course à l’agrandissement. La taille moyenne des exploitations dépasse les 1.000 ha. De leur côté, les fermes en polyculture-élevage retrouvent des marges de manœuvre en contractualisant avec les grandes surfaces, qui cherchent à développer leur offre en produits locaux. Il s’agit néanmoins pour le distributeur de s’approvisionner au plus bas coût. La rentabilité des exploitations reste précaire. En 2030, leur nombre a été divisé par trois mais les surfaces agricoles se sont maintenues.

• Développement des circuits-courts

Autre scénario, « un agri-diversifié avec valorisation des produits en circuits courts ». Ce sont les polyculteurs-éleveurs qui tirent leur épingle du jeu. Ils vendent aux particuliers, dans la restauration collective tenue d’augmenter la part des produits locaux dans ses repas. Les collectivités se mobilisent en finançant des infrastructures logistiques. Quelques céréaliers prennent le même chemin mais cela s’avère plus compliqué. Très peu restent en mono-activité. Globalement, la dynamique des circuits-courts ne suffit pas à enrayer la baisse du nombre d’exploitations : plus de la moitié d’entre elles ont disparu à l’horizon 2030, et un quart de la SAU se trouve à l’abandon. Le territoire se redynamise grâce au développement de l’accueil à la ferme et du tourisme.

• Cap sur la production d’énergie

« Un agri-énergéticien, producteur d’énergie » figure aussi parmi les options. De plus en plus de panneaux photovoltaïques voient le jour sur les hangars agricoles. Il y a en parallèle des projets collectifs de production d’énergie solaire ou éolienne. Les exploitants mettent aussi à disposition certaines de leurs terres les plus mauvaises. Quant aux polyculteurs-éleveurs, ils développent des méthaniseurs en « petits collectifs » impliquant cinq à dix exploitations. Les coopératives montent des projets plus vastes, autour de cultures intermédiaires à vocation énergétique, qui mobilisent jusqu’à 200 fermes. Au final, le nombre d’exploitations a diminué en 2030, mais celles qui se sont maintenues ont retrouvé un équilibre économique.

• Basculement dans la pluriactivité

Dans le scénario « des agri-entrepreneurs, opportunistes sur leur territoire », les marchés mondiaux ne permettent pas une rémunération satisfaisante. Beaucoup d’exploitants cessent leur activité. Ceux qui résistent deviennent pluriactifs. Petite production d’énergie, fourniture de services écosystémiques (stockage du carbone, préservation de la qualité de l’eau, etc.), tourisme, entretien paysager et investissement foncier constituent de nouvelles sources de revenus. Cette diversification permet en 2030 de conserver un tissu d’exploitations de taille moyenne.

• Mise en place d’une marque

« Des agri-toriaux, créateurs et promoteurs d’une marque territoriale » peuvent aussi voir le jour. Un scénario dans lequel les acteurs économiques locaux s’associent dans un projet de marketing. L’idée consiste à viser la clientèle parisienne, en quête de produits respectueux de l’environnement et de relative proximité, mais dont les besoins ne sont pas satisfaits par l’agriculture du Bassin parisien, largement tournée vers l’export. C’est ainsi que la marque « Sources de la Seine » est créée. Dans un premier temps, elle se structure autour de farines de qualité. Les exploitations produisant les céréales doivent être certifiées HVE (Haute valeur environnementale). En 2025, quelque 300 céréaliers exploitant 20 % de la SAU sont concernés. La marque s’ouvre alors à d’autres productions, notamment le maraîchage, l’élevage.

Images