Colza : Garder un œil sur les ravageurs d’automne
L’implantation et la période de croissance automnale sont des phases clés pour mettre en place le potentiel de production du colza. La surveillance des ravageurs du colza fait partie des incontournables de la conduite culturale pour réussir sa culture et décider à bon escient d’une intervention. Observer régulièrement : oui ! Intervenir systématiquement : non !

Tableau : Principaux éléments de raisonnement pour la gestion des ravageurs à l’automne
Ravageur |
Période de sensibilité |
Seuil indicatif de risque |
Facteurs limitant la nuisibilité |
Limace |
Semis à 3-4 feuilles |
Pas de seuil |
· Implantation réussie (gestion paille, peuplement, enracinement) · Roulage · Bonne dynamique de croissance, absence de stress biotique ou abiotique · Date de levée précoce · Stade avancé · Disponibilité en azote : reliquat azoté élevé ou fertilisation minérale ou organique au semis · Disponibilité en phosphore dans les sols argilo-calcaire peu pourvus · Couvert associé de légumineuses suffisamment développé (altises) · Variété tolérante virose TuYV (pucerons) · Gestion des repousses de colzas dans les parcelles proches |
Altise adulte (petites et grosses) |
Levée à 3 feuilles incluses |
80% des pieds avec morsures sans jamais dépasser 25% de surface foliaire détruite |
|
Puceron |
Levée à environ 6 feuilles |
20% des pieds porteurs de pucerons |
|
Charançon du bourgeon terminal |
A partir d’octobre |
Pas de seuil |
· Sol profond · Bon enracinement · Concurrence adventices et repousses de céréales faible · Stade avancé du colza · Biomasse colza >1 kg/m² et bon état de nutrition · Couvert associé de légumineuses suffisamment développé |
Larves d’altises |
A partir de novembre |
70% des plantes avec galerie(s) ou larve(s) |
Semis à 3-4 feuilles : vigilance limaces et altises adultes
Le colza est une culture particulièrement sensible en début de cycle quand la croissance est moins rapide que le reste de l’automne. Durant cette période, deux ravageurs principaux sont à surveiller : les limaces et les altises adultes (petites et grosses). Sur ces deux ravageurs, l’intervention doit être raisonnée selon les éléments de contextes favorables ou défavorables à la nuisibilité du ravageur comme le stade de la culture, la dynamique de croissance, l’intensité des dégâts (tableau). Si l’intervention est nécessaire, privilégier l’application de phosphate ferrique sur limaces afin de préserver les auxiliaires. Pour lutter contre les altises d’hiver adultes, l’application de phosmet (Boravi WG 1kg/ha) ou à défaut de Daskor 440® est à privilégier dans un contexte de résistance aux pyréthrinoïdes.
Jusqu’à 6 feuilles : vigilance pucerons
Parmi les pucerons du colza, le puceron vert se montre le plus nuisible. Il est dangereux surtout parce qu’il transmet des viroses au colza, viroses difficiles à évaluer mais qui peuvent causer des pertes supérieures à 5 q/ha. On estime que les 6 premières semaines de végétation assimilées à l'acquisition de 6 feuilles depuis la levée, constituent la période de risque maximal de transmission de virose. Observez minutieusement la face inférieure de l'ensemble des feuilles du colza pour relever la présence de pucerons. Le seuil est fixé à 20% de plantes porteuses de pucerons. Le puceron vert manifeste des résistances aux pyréthrinoïdes et au pyrimicarbe. Aujourd’hui les néonicotinoïdes assurent encore une efficacité sur colza (Proteus, Horême V200).
Octobre : vigilance charançon du bourgeon terminal
La lutte doit être raisonnée, entre autre, en fonction du contexte de nuisibilité régional et de l’état de croissance et de nutrition de la plante. Les colzas > 1kg/m² tendent à mieux supporter la présence de larves. Le suivi des vols via le bulletin de santé du végétal (BSV) est indispensable afin de positionner au mieux son intervention lorsqu’elle est nécessaire. Celle-ci s’effectue généralement 8 à 10 jours après les premières captures significatives dans le secteur concerné (et pas à la parcelle), vers la mi-octobre pour la majorité des années. . Si un traitement s’avère nécessaire sur charançon du bourgeon terminal résistant, privilégier Daskor 440®. En l’absence de résistance, les pyréthrinoïdes seuls peuvent encore être utilisés.
Novembre : vigilance larves d’altises d’hiver.
Dès le début du mois de novembre, il est important de surveiller la présence de larves dans les pétioles des feuilles. Lorsque les facteurs de risque sont présents (seuil de 7 plantes sur 10 avec au moins une larve ou galerie atteint, biomasse faible, colza non associé à une légumineuse, stress…), intervenir avec de préférence Boravi WG 1,5 kg/ ha ou à défaut Daskor 440®. Une application de pyrèthre est inefficace dans les secteurs à très forte résistance comme l’Aube, la Nièvre et l’Yonne et les plateaux de Cote d’Or, et peut s’avérer aléatoire dans les autres régions.
Arnaud Van Boxsom – Delphine de Fornel - Terres Inovia