Colza Réussir l’implantation malgré la résistance des ravageurs
Après une année dernière extrêmement complexe pour le colza, notamment dans les zones intermédiaires, en lien avec de faibles pluviométries et des attaques de plus en plus soutenues des principaux ravageurs, Terres Inovia diffuse ses bonnes pratiques pour réussir malgré tout à faire lever cette culture : semis précoce, association avec une légumineuse, bonne préparation du sol en amont...

Avec un contexte pluviométrique difficile l’année dernière, les zones intermédiaires ont vu les surfaces de colza diminuer fortement. Selon Terres Inovia, l’institut technique des oléagineux et protéagineux, 50 à 70 % des surfaces dans ces zones n’ont pas pu s’implanter, et si certains semis ont levé tardivement et ont été épargnés en sortie d’hiver par le gel, ils n’ont pas résisté aux attaques d’insectes. Entre les automnes doux, qui favorisent la prolifération des ravageurs, et la résistance croissante des altises (grande altise) et des charançons (charançon du bourgeon terminal), qui rendent l’efficacité des insecticides pyréthrinoïdes proche de zéro dans ces mêmes zones intermédiaires où ils ont été beaucoup utilisés, il parait désormais impossible de réussir le colza de façon traditionnelle. « Il faut faire de l’agronomie et mettre en place des colzas capables de se défendre par eux-mêmes contre les ravageurs », explique Fabien Lagarde, directeur de l’action régionale et du transfert chez Terres Inovia.
Croissance continue à l’automne
Pour y parvenir, Terres Inovia donne un certain nombre de conseils. L’objectif est d’obtenir un colza robuste, levant rapidement et qui continue à pousser tout l’automne, sans rupture d’alimentation. Première étape, semer précocement, avant le 5 août, pour une croissance rapide en début de cycle. Il est nécessaire de veiller à préserver au maximum l’eau du sol pour que le colza puisse lever même en absence de pluie. Pour cela, il faut notamment « bannir les semis combinés avec des outils animés », explique Fabien Lagarde, qui déplore l’usage de ces outils (type herses rotatives) pour encore 20 à 30 % des agriculteurs dans les zones intermédiaires, entrainant un assèchement important des sols. La graine doit ensuite être semée dans la zone de fraîcheur du sol, 4 cm en semis classique, voire plus profond avec des semoirs de précision. Par ailleurs, pour que le colza puisse résister plus facilement aux attaques d’insectes, il ne faut pas qu’il soit trop dense, maximum 25 à 35 plantes au m2. Autre point important, pour favoriser une meilleure exploration du sol et éviter un trop gros colza (qui risque de manquer d’alimentation à l’automne), il faut généraliser l’association avec une légumineuse, une pratique qui atteint 30 % dans les zones intermédiaires, les plus concernées par les résistances aux insectes, mais qui devrait y être systématique, estime Fabien Lagarde. Enfin, poursuit-il, il faut oublier tout ce qui peut pénaliser la croissance de la plante, dont le traitement de semences qui « n’a aucun effet ». Et, dans la mesure du possible mieux vaut éviter le désherbage en pré-levée. En post-levée, on est sûr de l’utilité du désherbage (pas d’investissement superflu si le colza ne lève pas, pas de problème si l’on retourne et que l’on doit semer autre chose, l’impact sur les eaux est moindre...).
Ces préconisations générales peuvent être retrouvées sur le site Internet de Terres Inovia, avec la possibilité, pour les agriculteurs qui s’y inscrivent, d’avoir des conseils plus personnalisés en rapport avec leur contexte et leurs parcelles.