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Maladie de Mortellaro

Comment vivre avec, sans que les animaux en souffrent ?

La dermatite digitée, aussi appelée Mortellaro, a été découverte par Cheli et Mortellaro en Italie en 1974 et mise en évidence en France pour la première fois en 1980. C’est une maladie contagieuse responsable de boiteries chez les bovins, qui est de plus en plus observée dans les exploitations laitières.
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Son origine exacte est encore inconnue mais des agents bactériens du type Treponema sont fortement impliqués dans l’apparition des lésions. Elle est souvent introduite dans une exploitation suite à l’achat d’un animal porteur. Un sol humide et souillé (propice au développement bactérien) semble favoriser son apparition et sa persistance au sein d’une exploitation.

Symptômes observés



La dermatite digitée se manifeste sous forme de lésions rougeâtres (ressemblant à une fraise) au dessus de la fente interdigitale, la plupart du temps sur les pattes arrière.
Parfois l’inflammation survient également sur le dessus du pied et autour de l’éperon.
Lorsque les bactéries atteignent les liaisons nerveuses, l’animal souffre.
étant donné la souffrance de l’animal, celui-ci a tendance à rester couché, donc à moins s’alimenter, ce qui entraîne une baisse importante de productivité.

Traitement



Au niveau individuel, cette pathologie se traite par application d’un spray antibiotique au niveau des lésions (oxytetracycline à mettre en œuvre sur prescription de votre vétérinaire), à appliquer après un nettoyage soigneux de la plaie. Cependant les lésions ont souvent tendance à réapparaître après 2 à 3 mois. Les traitements par voie générale ne sont pas efficaces.
Des pansements sur des lésions peuvent permettre la guérison plus rapide des lésions. Cependant il faut utiliser du coton cardé pour garder la plaie à l’abri de l’humidité, et appliquer du gel Intra Hoof-fit. Vous pouvez demander conseil auprès du GDS.

Prévention



L’éradication de la maladie de Mortellaro est très difficile. Une étude de l’Institut de l’élevage montre que la mise en place de différentes mesures, en plus du traitement, peut permettre d’espérer contrôler au mieux cette maladie contagieuse.
▶ Avoir des pieds propres (le fumier et l’humidité fragilisent la peau ; maintenir le sol de la stabulation et les logettes le plus sec et propre possible).
▶ Détection et traitements précoces (plus les lésions sont petites, plus il sera facile de la guérir, l’utilisation d’un miroir orientable et d’une lampe frontale en salle de traite peut aider à détecter ces lésions plus précocement sans lever la patte).
▶ Parer régulièrement (rétablir les aplombs et recréer le creux axial pour limiter l’accumulation de matières fécales dans l’espace interdigité).
▶ Désinfection collective fréquente (une étude montre que la désinfection collective a une efficacité si elle était appliquée au moins pendant deux jours toutes les deux semaines, que ce soit via des pédiluves ou via une application directe en spray).
En plus de cela, réaliser un contrôle minutieux des pieds des bovins avant achat (comme d’autres maladies, le Mortellaro s’achète), optimiser le confort des vaches (surface de couchage notamment dans les logettes, circulation des animaux…) et viser une alimentation optimale.
Comme le montre le tableau ci-dessous, le traitement collectif a une efficacité s’il est fait dans de bonnes conditions. L’utilisation d’un pédiluve peut permettre d’atténuer les problèmes de Mortellaro et assurer une certaine prévention si le traitement est fait toutes les deux semaines pendant deux jours. L’utilisation d’un pédiluve doit être maîtrisée en :
→ utilisant un produit ayant une efficacité reconnue vis-à-vis de la dermatite digitée (généralement des produits à base de cuivre et de zinc, d’acides organiques, d’agents colloïdes et éventuellement d’aloé vera) ;
→ assurant une concentration du produit adéquate ;
→ effectuant un renouvellement fréquent du bain et en ayant des pattes propres avant le bain.
Il est important de rappeler que le parage régulier permet de limiter les boiteries, et dès qu’un animal boite, il faut systématiquement lever le pied pour voir ce qui si passe.
Ludivine Perrachon