Colza
Conduite à tenir face aux pucerons verts
Durant l’automne 2009, nous avons connu une explosion exceptionnelle des populations de pucerons verts dans les colzas et ceci dans de nombreuses régions de production. Dans le même temps, une nouveauté insecticide a fait son apparition, le Proteus. Revue de détail de la conduite à tenir pour ne pas céder à la tentation d’une protection trop systématique.

Les pucerons transmettent des viroses
Parmi les trois espèces de pucerons repérables sur les plantes (puceron cendré, puceron du navet, et puceron vert), le puceron vert du pêcher est de loin le plus nuisible. Il est surtout dangereux parce qu’il transmet des viroses au colza. Ces viroses peuvent causer des pertes supérieures à 5 quintaux/ha.
Parmi ces viroses, la jaunisse du navet (TuYV) est la plus fréquente mais la moins dommageable à la parcelle autrement dit elle génère des pertes modérées mais qui concernent des grosses surfaces de colza. Les mosaïques sont moins fréquentes mais plus dommageables.
Ponctuellement, on peut aussi observer des nuisibilités directes des pucerons verts et des pucerons cendrés.
Comment évaluer le risque pucerons ?
Depuis peu, le Bulletin de Santé du Végétal (BSV) de votre région vous informe, en général une fois par semaine, de l’évolution du risque pucerons verts (mais aussi de tous les autres risques sur les cultures de la région). Ce bulletin est disponible gratuitement via le site du Cetiom ou sur le site des chambre régional ou des Draff.
En complément de la lecture du BSV, il est indispensable de réaliser une fois par semaine des observations de plantes dans les parcelles. Le temps investi peut être vite rentabilisé en évitant des traitements inutiles ou mal positionnés.
Préserver les auxiliaires en évitant les pyréthrinoïdes peu utiles
Les pucerons verts sont résistants à la famille des pyréthrinoïdes (cyperméthrine,…). Toute intervention avec ce type de produits sur altises, charançons du bourgeon terminal, tenthrèdes ou autres insectes fait prendre le risque de favoriser les pucerons verts. En éliminant la faune auxiliaire, on se prive d’une régulation naturelle qui peut maintenir les populations de pucerons à un niveau acceptable. Les situations exceptionnelles que l’on a rencontré en Lorraine en 2009 avec des dégâts directs de pucerons verts (disparition des plantes) correspondaient systématiquement à des parcelles ayant déjà reçu au moins deux pyréthrinoïdes durant l’automne. En conclusion chaque intervention doit être pleinement justifiée si l’on ne veut pas faire « plus de mal que de bien »
Raisonner en fonction de l’année : 2010 ne sera peut-être pas 2009
Les populations de pucerons ont été très importantes à l’automne 2009 et le graphique ci-dessous nous montre bien l’importante des captures d’ailées et son coté atypique par rapport aux campagnes précédentes. L’automne sec et chaud sur une longue période a été très favorable à cet insecte. Pour l’automne 2010, rien ne dit que l’on sera dans le même cas de figure, il est donc inutile d’anticiper des traitements en se basant sur ce qui s’est passé en 2009.
Les solutions utilisables sont peu nombreuses et à préserver
Sur pucerons verts, face à la résistance aux pyréthinoïdes, il reste 2 matières actives efficaces : le pyrimicarbe que l’on retrouve dans KARATE K et le thiacloprid dans PROTEUS. Dans certaines régions, notamment en Champagne, on trouve des cas de puceron qui développent des résistances face au pyrimicarde. Ces traitements, relativement onéreux, ne sont à réaliser que lorsque le risque est clairement identifié dans vos parcelles.
A noter que des solutions de traitements de semences sur colza efficaces sur puceron pourraient arriver sur le marché. Ce type de solution présenteraient beaucoup d’avantages techniques et environnementaux (faible quantité de matière active, positionnement optimal, préservation des auxilaires,..) pour contrôler les pucerons.
Comment évaluer le risque pucerons verts
Observer régulièrement au moins 20 plantes et intervenir si au moins 20 % de plantes portent des pucerons. Ce seuil est valable pour les 6 premières semaines de la végétation ou jusqu’au stade 6 feuilles.