Congrès de l'AGPB à Dijon : se projeter sur de nouveaux marchés
Le congrès de l'AGPB s'est tenu à Dijon le 31 janvier et le 1er février. Compétitivité, adaptation des systèmes de production, transition à mener sur les phytos... Toutes ces questions ont animé les débats.

Ce congrès s'est voulu force de proposition, en explorant toutes les pistes permettant d'améliorer la compétitivité du secteur, avec une ambition réitérée : "produire plus et mieux", mais sous certaines conditions... Les producteurs peuvent compter sur la filière pour aller chercher partout quelques euros supplémentaires. Jean-François Loiseau, président d'Intercéréales estime que "c'est par le travail en filière que l'on pourra gratter des points de compétitivité sur tous les maillons" et faire en sorte que les exploitations céréalières soient plus résilientes.
Dans la compétition internationale qui se joue sur les marchés internationaux, la France bénéficie d'un avantage compétitif, un prix du foncier peu élevé. En revanche, souligne François Jacques, secrétaire général de l'AGPB, les aides européennes destinées aux céréaliers français sont parmi les plus faibles d'Europe, la logistique ferroviaire comme le dénonce Philippe Pinta "est déplorable", les écarts de compétitivité entre structures sont trop importants et la réglementation française plus exigeante et restrictive que partout ailleurs.
Deux côtés d'un même marché
Concernant les stratégies d'entreprise permettant d'accroître la compétitivité des structures, une table ronde s'est intéressée à différents modèles de développement. D'un côté le choix de l'agrandissement au-delà des frontières, avec des agriculteurs ayant investi dans des fermes en Allemagne de l'Est ou en Ukraine et de l'autre, un agriculteur du Châtillonnais (21), Charles Schneider, ayant misé sur un modèle d'exploitation diversifiée, en phase avec son territoire, innovant et à vocation plus sociale. Convaincu que "l'agrandissement n'est pas la solution" sur des territoires qui deviennent des déserts économiques, ce dernier a montré que l'innovation et la diversification améliorent la résilience d'un système dans une zone à faible potentiel. Mais pour y parvenir "on a besoin d'ingénierie, c'est essentiel pour se projeter sur de nouveaux marchés et s'engager sur de nouvelles voies". La prise de risque nécessite un soutien spécifique car le conseil et l'accompagnement ont un prix. Cette dynamique économique porte ses fruits et permet d'interagir avec l'économie locale. Optimiste et déterminé, Charles Schneider pense que "les agriculteurs français ont encore une belle partie à jouer".
L'autre versant de la compétitivité a été traité dans une autre table ronde dédiée au commerce, (marché intérieur et export). Gagner et conserver des parts de marché à l'international, nécessite d'être présent, reconnu et d'avoir initié des liens durables avec les acheteurs. Jean-François Lepy, directeur général de Soufflet Négoce, appelle à privilégier la qualité et à construire "des filières premium, car demain, tous les consommateurs, de Dakar à Alger, voudront des produits sains et cultivés avec des standards d'excellence, comme nous savons le faire en France". Jean-François Loiseau, président d'Intercéréales relève "qu'on ne va pas tous faire du premium, mais qu'il faut en faire un peu plus" et surtout "passer du flux tiré au flux poussé". C'est le client qu'il faut écouter et c'est avec lui qu'il faut initier des liens commerciaux forts. La filière peut encore progresser, notamment en matière d'OAD et de traçabilité, ainsi, "il n'y a pas assez de blés français tracés".
Solidarité entre filières
Constat partagé par Lionel Deloinge, président de la Meunerie française, qui insiste aussi sur la nécessité "de discuter, d'aller à l'essentiel, de jouer les synergies et de faire preuve de solidarité dans la filière" pour avancer commercialement. A l'international comme sur le marché intérieur, l'enjeu est identique dans les relations commerciales, il faut écouter le client et lui apporter des services complémentaires, "faire la différence". Au niveau des producteurs, Rémi Haquin, vice-président de l'AGPB, encourage à "co-construire à tous les niveaux de la filière pour assouplir le ciseau prix marchés/prix de vente, sans que le producteur soit la variable d'ajustement de l'entente".
Ce congrès a eu le mérite d'en tracer les contours et de n'exclure aucune voie.
Anne-Marie Klein