Conjoncture agricole La décapitalisation s’accélère
Les services de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire ont effectué un point de conjoncture des productions majeures du département. Les effets de la sécheresse se font ressentir partout. En grandes cultures, records et difficultés s’enchainent. En viticulture, les rendements 2019 s’annoncent historiquement faibles. En bovins viandes, la décapitalisation s’accélère et les cours baissent. En lait, tout l’enjeu est de maintenir le potentiel de collecte.

Lors de la dernière session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Sophie Dubreuil, responsable du pôle économique à la chambre régionale, n’a pas caché les difficultés passées, présentes et à venir pour toutes les filières.
Commençant par le positif, les moissons 2019 en blé et en orges vont atteindre des records, « en quantité comme en qualité ». Et ce malgré la sécheresse et la canicule. Le printemps sec a favorisé les cultures d’hiver dans les terres qui craignent habituellement les excès d’eau. Les rendements en blé devraient fleureter avec les 84 q/ha en moyenne, soit 10 q/ha de plus que le précédent record datant de 2004, et largement au dessus de la moyenne quinquennale de 64,4 q/ha. Les PS sont « excellents » (>78) ainsi que les taux de protéines (autour de 12,5%). Malheureusement ou heureusement, on ne sait plus, les autres régions en France et dans le monde, ont également de belles moissons, ce qui pèse sur les cours. En orge, la qualité est satisfaisante – bon calibrage et taux de protéines – avec là encore une moyenne de 85 q/ha attendue dans le département.
Ce qui n’est clairement pas le cas en colza. Les rendements sont moyens - à 37 q/ha, proche de la moyenne quinquennale - en raison de difficultés à la levée. Il a été constaté une grande hétérogénéité d’une parcelle à l’autre variant de 30 à 45 q/ha le plus souvent. Les plus mauvaises parcelles se situaient principalement en Côte Chalonnaise, avec des rendements oscillant entre 10 et 20 q/ha. Ces contre-performance s’explique en partie par une difficulté à gérer les insectes (grosses altises) comme en Côte-d’Or et l’Yonne. Le retrait de certaines substances actives et le développement de résistance aux insecticides ne permettent plus de protéger les surfaces de colza. Cette dernière est en retrait de 6 % par rapport à 2018. En maïs les rendements sont annoncés plutôt moyens, pénalisé par la sécheresse.
Gel, grêle, coulure, grillure…
L’autre grande filière végétale, la vigne a également souffert des effets de plus en plus probables du changement climatique. Dans le département, cela se matérialise par un risque accru de débourrement précoce et de gelées tardives : les 5, 14 et 15 avril cette année, surtout sur le cépage chardonnay. Floraison et nouaison ont pâti des fortes températures. Le sec, le vent et la chaleur ont impacté le poids des baies. Nulle pluie n’est venue à la veille des vendanges. Le niveau de récolte s’annonce historiquement bas, allant de -25 à -50 %. Les secteurs les plus touchés sont localisés dans le nord Mâconnais (Lugny, Azé…) mais concerne tous les vignobles, du Couchois au Beaujolais. La production viticole en France est estimée en forte baisse également. Les négociants qui n’y croyaient pas forcément vont-ils maintenant revoir le prix du vrac à la hausse ? Rien n'est moins sûr à l’heure du Brexit et de la menace de taxes de Trump, pour nos deux premiers marchés anglais et américains.
Sous la barre des 200.000 veaux
Mais le plus inquiétant n’est pas éloigné géographiquement mais bien ici. La sécheresse, deux années de suite, est en train de profondément changer le paysage du bassin allaitant. En Saône-et-Loire, les dernières cartes montraient des prairies « sévèrement » touchées par la sécheresse. L’ouest de la Saône accuse au minimum un déficit de -25% de pousse d’herbe. A l’est, entre -10 et -25 % par rapport à la référence (1982-2009). Outre l’affouragement et l’abreuvement rendus nécessaires très tôt dans l’été et qui malheureusement devraient perdurer jusqu’au printemps, la plupart des bilans fourragers ne permettront pas de tenir jusqu’en avril. Résultat, la décapitalisation enclenchée se poursuit et pèse en plus sur les cours de la viande en raison de marchés saturés. Si le phénomène de décapitalisation a débuté il y a deux décennies maintenant, la courbe des effectifs de bovins viande montre une chute accélérée ces trois dernières années. -52.800 bovins sur la seule période 2010 à 2019. La décapitalisation enregistrée sur les reproductrices charolaises en 2018 a impacté significativement à la baisse les naissances de cette campagne, de l’ordre de -4.000 veaux. Le total des naissances va pour la première fois se situer en-dessous de la barre des 200.000 veaux allaitants nés (hors croisés). Responsable du service élevage à la chambre d’Agriculture, Frédéric Borne alertait sur l’évolution démographique des éleveurs et le « désespoir de collègues qui arrêtent » face à l’ampleur de la crise actuelle. Et pas forcément pour partir à la retraire mais pour se réorienter profesionnellement. « Nous sommes en train de réaliser une cartographie et préparer des accompagnements. Des propriétaires sont également inquiets du peu de candidats à la reprise ».
Maintenir la collecte de lait
Enfin, en lait de vaches, la collecte est stable dans notre département aux alentours de 132,7 millions de litres de lait. Suite à la mauvaise qualité des fourrages et d’une baisse là aussi du nombre de vaches, la collecte a connu une baisse de -4,2 % au premier semestre comparativement à celui de 2018. Les volumes remontent au second trimestre. Le prix moyen payé aux producteurs de Saône-et-Loire s’élèvent à 363 € (hors AOP). Ce grâce à des taux protéique et butyrique et une bonne qualité sanitaire. Tout l’enjeu aujourd’hui est de maintenir le potentiel de collecte sur le département. Des négociations sont actuellement en cours dans le département pour. Affaire à suivre.
Conjoncture agricole La décapitalisation s’accélère

Lors de la dernière session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Sophie Dubreuil, responsable du pôle économique à la chambre régionale, n’a pas caché les difficultés passées, présentes et à venir pour toutes les filières.
Commençant par le positif, les moissons 2019 en blé et en orges vont atteindre des records, « en quantité comme en qualité ». Et ce malgré la sécheresse et la canicule. Le printemps sec a favorisé les cultures d’hiver dans les terres qui craignent habituellement les excès d’eau. Les rendements en blé devraient fleureter avec les 84 q/ha en moyenne, soit 10 q/ha de plus que le précédent record datant de 2004, et largement au dessus de la moyenne quinquennale de 64,4 q/ha. Les PS sont « excellents » (>78) ainsi que les taux de protéines (autour de 12,5%). Malheureusement ou heureusement, on ne sait plus, les autres régions en France et dans le monde, ont également de belles moissons, ce qui pèse sur les cours. En orge, la qualité est satisfaisante – bon calibrage et taux de protéines – avec là encore une moyenne de 85 q/ha attendue dans le département.
Ce qui n’est clairement pas le cas en colza. Les rendements sont moyens - à 37 q/ha, proche de la moyenne quinquennale - en raison de difficultés à la levée. Il a été constaté une grande hétérogénéité d’une parcelle à l’autre variant de 30 à 45 q/ha le plus souvent. Les plus mauvaises parcelles se situaient principalement en Côte Chalonnaise, avec des rendements oscillant entre 10 et 20 q/ha. Ces contre-performance s’explique en partie par une difficulté à gérer les insectes (grosses altises) comme en Côte-d’Or et l’Yonne. Le retrait de certaines substances actives et le développement de résistance aux insecticides ne permettent plus de protéger les surfaces de colza. Cette dernière est en retrait de 6 % par rapport à 2018. En maïs les rendements sont annoncés plutôt moyens, pénalisé par la sécheresse.
Gel, grêle, coulure, grillure…
L’autre grande filière végétale, la vigne a également souffert des effets de plus en plus probables du changement climatique. Dans le département, cela se matérialise par un risque accru de débourrement précoce et de gelées tardives : les 5, 14 et 15 avril cette année, surtout sur le cépage chardonnay. Floraison et nouaison ont pâti des fortes températures. Le sec, le vent et la chaleur ont impacté le poids des baies. Nulle pluie n’est venue à la veille des vendanges. Le niveau de récolte s’annonce historiquement bas, allant de -25 à -50 %. Les secteurs les plus touchés sont localisés dans le nord Mâconnais (Lugny, Azé…) mais concerne tous les vignobles, du Couchois au Beaujolais. La production viticole en France est estimée en forte baisse également. Les négociants qui n’y croyaient pas forcément vont-ils maintenant revoir le prix du vrac à la hausse ? Rien n'est moins sûr à l’heure du Brexit et de la menace de taxes de Trump, pour nos deux premiers marchés anglais et américains.
Sous la barre des 200.000 veaux
Mais le plus inquiétant n’est pas éloigné géographiquement mais bien ici. La sécheresse, deux années de suite, est en train de profondément changer le paysage du bassin allaitant. En Saône-et-Loire, les dernières cartes montraient des prairies « sévèrement » touchées par la sécheresse. L’ouest de la Saône accuse au minimum un déficit de -25% de pousse d’herbe. A l’est, entre -10 et -25 % par rapport à la référence (1982-2009). Outre l’affouragement et l’abreuvement rendus nécessaires très tôt dans l’été et qui malheureusement devraient perdurer jusqu’au printemps, la plupart des bilans fourragers ne permettront pas de tenir jusqu’en avril. Résultat, la décapitalisation enclenchée se poursuit et pèse en plus sur les cours de la viande en raison de marchés saturés. Si le phénomène de décapitalisation a débuté il y a deux décennies maintenant, la courbe des effectifs de bovins viande montre une chute accélérée ces trois dernières années. -52.800 bovins sur la seule période 2010 à 2019. La décapitalisation enregistrée sur les reproductrices charolaises en 2018 a impacté significativement à la baisse les naissances de cette campagne, de l’ordre de -4.000 veaux. Le total des naissances va pour la première fois se situer en-dessous de la barre des 200.000 veaux allaitants nés (hors croisés). Responsable du service élevage à la chambre d’Agriculture, Frédéric Borne alertait sur l’évolution démographique des éleveurs et le « désespoir de collègues qui arrêtent » face à l’ampleur de la crise actuelle. Et pas forcément pour partir à la retraire mais pour se réorienter profesionnellement. « Nous sommes en train de réaliser une cartographie et préparer des accompagnements. Des propriétaires sont également inquiets du peu de candidats à la reprise ».
Maintenir la collecte de lait
Enfin, en lait de vaches, la collecte est stable dans notre département aux alentours de 132,7 millions de litres de lait. Suite à la mauvaise qualité des fourrages et d’une baisse là aussi du nombre de vaches, la collecte a connu une baisse de -4,2 % au premier semestre comparativement à celui de 2018. Les volumes remontent au second trimestre. Le prix moyen payé aux producteurs de Saône-et-Loire s’élèvent à 363 € (hors AOP). Ce grâce à des taux protéique et butyrique et une bonne qualité sanitaire. Tout l’enjeu aujourd’hui est de maintenir le potentiel de collecte sur le département. Des négociations sont actuellement en cours dans le département pour. Affaire à suivre.
Conjoncture agricole La décapitalisation s’accélère

Lors de la dernière session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Sophie Dubreuil, responsable du pôle économique à la chambre régionale, n’a pas caché les difficultés passées, présentes et à venir pour toutes les filières.
Commençant par le positif, les moissons 2019 en blé et en orges vont atteindre des records, « en quantité comme en qualité ». Et ce malgré la sécheresse et la canicule. Le printemps sec a favorisé les cultures d’hiver dans les terres qui craignent habituellement les excès d’eau. Les rendements en blé devraient fleureter avec les 84 q/ha en moyenne, soit 10 q/ha de plus que le précédent record datant de 2004, et largement au dessus de la moyenne quinquennale de 64,4 q/ha. Les PS sont « excellents » (>78) ainsi que les taux de protéines (autour de 12,5%). Malheureusement ou heureusement, on ne sait plus, les autres régions en France et dans le monde, ont également de belles moissons, ce qui pèse sur les cours. En orge, la qualité est satisfaisante – bon calibrage et taux de protéines – avec là encore une moyenne de 85 q/ha attendue dans le département.
Ce qui n’est clairement pas le cas en colza. Les rendements sont moyens - à 37 q/ha, proche de la moyenne quinquennale - en raison de difficultés à la levée. Il a été constaté une grande hétérogénéité d’une parcelle à l’autre variant de 30 à 45 q/ha le plus souvent. Les plus mauvaises parcelles se situaient principalement en Côte Chalonnaise, avec des rendements oscillant entre 10 et 20 q/ha. Ces contre-performance s’explique en partie par une difficulté à gérer les insectes (grosses altises) comme en Côte-d’Or et l’Yonne. Le retrait de certaines substances actives et le développement de résistance aux insecticides ne permettent plus de protéger les surfaces de colza. Cette dernière est en retrait de 6 % par rapport à 2018. En maïs les rendements sont annoncés plutôt moyens, pénalisé par la sécheresse.
Gel, grêle, coulure, grillure…
L’autre grande filière végétale, la vigne a également souffert des effets de plus en plus probables du changement climatique. Dans le département, cela se matérialise par un risque accru de débourrement précoce et de gelées tardives : les 5, 14 et 15 avril cette année, surtout sur le cépage chardonnay. Floraison et nouaison ont pâti des fortes températures. Le sec, le vent et la chaleur ont impacté le poids des baies. Nulle pluie n’est venue à la veille des vendanges. Le niveau de récolte s’annonce historiquement bas, allant de -25 à -50 %. Les secteurs les plus touchés sont localisés dans le nord Mâconnais (Lugny, Azé…) mais concerne tous les vignobles, du Couchois au Beaujolais. La production viticole en France est estimée en forte baisse également. Les négociants qui n’y croyaient pas forcément vont-ils maintenant revoir le prix du vrac à la hausse ? Rien n'est moins sûr à l’heure du Brexit et de la menace de taxes de Trump, pour nos deux premiers marchés anglais et américains.
Sous la barre des 200.000 veaux
Mais le plus inquiétant n’est pas éloigné géographiquement mais bien ici. La sécheresse, deux années de suite, est en train de profondément changer le paysage du bassin allaitant. En Saône-et-Loire, les dernières cartes montraient des prairies « sévèrement » touchées par la sécheresse. L’ouest de la Saône accuse au minimum un déficit de -25% de pousse d’herbe. A l’est, entre -10 et -25 % par rapport à la référence (1982-2009). Outre l’affouragement et l’abreuvement rendus nécessaires très tôt dans l’été et qui malheureusement devraient perdurer jusqu’au printemps, la plupart des bilans fourragers ne permettront pas de tenir jusqu’en avril. Résultat, la décapitalisation enclenchée se poursuit et pèse en plus sur les cours de la viande en raison de marchés saturés. Si le phénomène de décapitalisation a débuté il y a deux décennies maintenant, la courbe des effectifs de bovins viande montre une chute accélérée ces trois dernières années. -52.800 bovins sur la seule période 2010 à 2019. La décapitalisation enregistrée sur les reproductrices charolaises en 2018 a impacté significativement à la baisse les naissances de cette campagne, de l’ordre de -4.000 veaux. Le total des naissances va pour la première fois se situer en-dessous de la barre des 200.000 veaux allaitants nés (hors croisés). Responsable du service élevage à la chambre d’Agriculture, Frédéric Borne alertait sur l’évolution démographique des éleveurs et le « désespoir de collègues qui arrêtent » face à l’ampleur de la crise actuelle. Et pas forcément pour partir à la retraire mais pour se réorienter profesionnellement. « Nous sommes en train de réaliser une cartographie et préparer des accompagnements. Des propriétaires sont également inquiets du peu de candidats à la reprise ».
Maintenir la collecte de lait
Enfin, en lait de vaches, la collecte est stable dans notre département aux alentours de 132,7 millions de litres de lait. Suite à la mauvaise qualité des fourrages et d’une baisse là aussi du nombre de vaches, la collecte a connu une baisse de -4,2 % au premier semestre comparativement à celui de 2018. Les volumes remontent au second trimestre. Le prix moyen payé aux producteurs de Saône-et-Loire s’élèvent à 363 € (hors AOP). Ce grâce à des taux protéique et butyrique et une bonne qualité sanitaire. Tout l’enjeu aujourd’hui est de maintenir le potentiel de collecte sur le département. Des négociations sont actuellement en cours dans le département pour. Affaire à suivre.
Conjoncture agricole La décapitalisation s’accélère

Lors de la dernière session de la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire, Sophie Dubreuil, responsable du pôle économique à la chambre régionale, n’a pas caché les difficultés passées, présentes et à venir pour toutes les filières.
Commençant par le positif, les moissons 2019 en blé et en orges vont atteindre des records, « en quantité comme en qualité ». Et ce malgré la sécheresse et la canicule. Le printemps sec a favorisé les cultures d’hiver dans les terres qui craignent habituellement les excès d’eau. Les rendements en blé devraient fleureter avec les 84 q/ha en moyenne, soit 10 q/ha de plus que le précédent record datant de 2004, et largement au dessus de la moyenne quinquennale de 64,4 q/ha. Les PS sont « excellents » (>78) ainsi que les taux de protéines (autour de 12,5%). Malheureusement ou heureusement, on ne sait plus, les autres régions en France et dans le monde, ont également de belles moissons, ce qui pèse sur les cours. En orge, la qualité est satisfaisante – bon calibrage et taux de protéines – avec là encore une moyenne de 85 q/ha attendue dans le département.
Ce qui n’est clairement pas le cas en colza. Les rendements sont moyens - à 37 q/ha, proche de la moyenne quinquennale - en raison de difficultés à la levée. Il a été constaté une grande hétérogénéité d’une parcelle à l’autre variant de 30 à 45 q/ha le plus souvent. Les plus mauvaises parcelles se situaient principalement en Côte Chalonnaise, avec des rendements oscillant entre 10 et 20 q/ha. Ces contre-performance s’explique en partie par une difficulté à gérer les insectes (grosses altises) comme en Côte-d’Or et l’Yonne. Le retrait de certaines substances actives et le développement de résistance aux insecticides ne permettent plus de protéger les surfaces de colza. Cette dernière est en retrait de 6 % par rapport à 2018. En maïs les rendements sont annoncés plutôt moyens, pénalisé par la sécheresse.
Gel, grêle, coulure, grillure…
L’autre grande filière végétale, la vigne a également souffert des effets de plus en plus probables du changement climatique. Dans le département, cela se matérialise par un risque accru de débourrement précoce et de gelées tardives : les 5, 14 et 15 avril cette année, surtout sur le cépage chardonnay. Floraison et nouaison ont pâti des fortes températures. Le sec, le vent et la chaleur ont impacté le poids des baies. Nulle pluie n’est venue à la veille des vendanges. Le niveau de récolte s’annonce historiquement bas, allant de -25 à -50 %. Les secteurs les plus touchés sont localisés dans le nord Mâconnais (Lugny, Azé…) mais concerne tous les vignobles, du Couchois au Beaujolais. La production viticole en France est estimée en forte baisse également. Les négociants qui n’y croyaient pas forcément vont-ils maintenant revoir le prix du vrac à la hausse ? Rien n'est moins sûr à l’heure du Brexit et de la menace de taxes de Trump, pour nos deux premiers marchés anglais et américains.
Sous la barre des 200.000 veaux
Mais le plus inquiétant n’est pas éloigné géographiquement mais bien ici. La sécheresse, deux années de suite, est en train de profondément changer le paysage du bassin allaitant. En Saône-et-Loire, les dernières cartes montraient des prairies « sévèrement » touchées par la sécheresse. L’ouest de la Saône accuse au minimum un déficit de -25% de pousse d’herbe. A l’est, entre -10 et -25 % par rapport à la référence (1982-2009). Outre l’affouragement et l’abreuvement rendus nécessaires très tôt dans l’été et qui malheureusement devraient perdurer jusqu’au printemps, la plupart des bilans fourragers ne permettront pas de tenir jusqu’en avril. Résultat, la décapitalisation enclenchée se poursuit et pèse en plus sur les cours de la viande en raison de marchés saturés. Si le phénomène de décapitalisation a débuté il y a deux décennies maintenant, la courbe des effectifs de bovins viande montre une chute accélérée ces trois dernières années. -52.800 bovins sur la seule période 2010 à 2019. La décapitalisation enregistrée sur les reproductrices charolaises en 2018 a impacté significativement à la baisse les naissances de cette campagne, de l’ordre de -4.000 veaux. Le total des naissances va pour la première fois se situer en-dessous de la barre des 200.000 veaux allaitants nés (hors croisés). Responsable du service élevage à la chambre d’Agriculture, Frédéric Borne alertait sur l’évolution démographique des éleveurs et le « désespoir de collègues qui arrêtent » face à l’ampleur de la crise actuelle. Et pas forcément pour partir à la retraire mais pour se réorienter profesionnellement. « Nous sommes en train de réaliser une cartographie et préparer des accompagnements. Des propriétaires sont également inquiets du peu de candidats à la reprise ».
Maintenir la collecte de lait
Enfin, en lait de vaches, la collecte est stable dans notre département aux alentours de 132,7 millions de litres de lait. Suite à la mauvaise qualité des fourrages et d’une baisse là aussi du nombre de vaches, la collecte a connu une baisse de -4,2 % au premier semestre comparativement à celui de 2018. Les volumes remontent au second trimestre. Le prix moyen payé aux producteurs de Saône-et-Loire s’élèvent à 363 € (hors AOP). Ce grâce à des taux protéique et butyrique et une bonne qualité sanitaire. Tout l’enjeu aujourd’hui est de maintenir le potentiel de collecte sur le département. Des négociations sont actuellement en cours dans le département pour. Affaire à suivre.