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Thierry Préaud à Digoin

Conversion réussie au pâturage tournant

Depuis plusieurs années, Thierry Préaud fait évoluer sa conduite d’élevage dans un souci de performances et d’optimisation des charges. La génétique fait partie du programme, de même que le pâturage tournant que l’éleveur digoinnais est l’un des rares en Saône-et-Loire à avoir généralisé sur son exploitation. Visite guidée.
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Le 15 septembre, une porte ouverte technique était organisée à Digoin sur l’exploitation de Thierry Préaud. Conçue en partenariat avec Evialis, Feder, la chambre d’agriculture, Elva Novia et Alsoni 71, cette journée mettait en lumière les résultats d’une conduite d’exploitation innovante entreprise depuis plusieurs années. Au menu : pâturage tournant, insémination artificielle, contrôle de performances et complémentation optimisée avec chiffres à la clé.
L’exploitation de Thierry Préaud couvre 189 hectares (ha), dont 169 ha d’herbe, 4 ha de maïs fourrage et 16 hectares de cultures. L’élevage repose sur une production d’un peu plus de 110 vêlages charolais ainsi que 120 agneaux par an. L’atelier bovin commercialise des broutards de fin d’année et des femelles grasses. Quelques mâles sont également valorisés en reproducteurs. La reproduction est assurée par des taureaux d’insémination (Elva Novia) depuis 2009. Toutes les vaches sont aujourd’hui fécondées avec des semences testées et les laitonnes sont toutes génotypées. La période de vêlage est particulièrement bien groupée dans cet élevage avec des mises bas concentrées sur octobre et novembre et une durée de vêlage de 102 jours. Autre point fort de la conduite de l'élevage : l’intervalle vêlage-vêlage moyen (IVV) est de seulement 362 jours. Une maîtrise assortie d’un taux de renouvellement soutenu d’environ 30 %, « de sorte à rajeunir le cheptel », explique l’éleveur.

50 à 55 tonnes de viande vive produite


Avec 104,5 %, la productivité de l’élevage est bonne. Les taux de mortalité sont d’environ 4 % à la naissance et de 6 % de la naissance au sevrage. Quant aux poids de carcasses moyens, ils sont de 449 kg pour les vaches et 431 kg pour les génisses.
Le troupeau de Thierry Préaud produit entre 50 et 55 tonnes de viande vive par an, soit 365 kg de viande vive par UGB, calcule Eric Braconnier de la chambre d’agriculture. « Une productivité très satisfaisante », selon le technicien qui met aussi en exergue la valeur de production autonome de l’élevage - 284 kg de viande vive - ce qui signifie « beaucoup de kilos produits avec le moins d’aliment possible ». Une donnée à comparer à la moyenne des exploitations saône-et-loiriennes qui est de l’ordre de 250 kg. A cela, il faut ajouter un prix moyen du kilo vif vendu supérieur à la moyenne départementale, ce qui traduit la bonne qualité des animaux commercialisés.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes !


Depuis trois ans, Thierry Préaud a converti son élevage au pâturage tournant (lire encadrés). Cette conduite, qui permet d’alimenter les animaux avec une herbe de qualité optimale, a eu un impact significatif sur les performances et sur la morphologie du cheptel. Un effet permit aussi par les progrès génétiques apportés par des taureaux améliorateurs. Les données de contrôle de performances analysées par Alsoni 71 montrent que par rapport aux générations précédentes (conduites en pâturage alternatif), les laitonnes de 2014 élevées en pâturage tournant sont plus lourdes de 14 kg à 7 mois (poids âge type à 210 jours). Les laitonnes de 2015 pesaient quant à elles 21 kg de plus et celles de 2016 affichaient même 29 kg de plus que leurs aînées de 2013. En trois ans de pâturage tournant, cela équivaut à un gain de +3.109 kg de viande vive produite à 210 jours, calcule Arnaud Godard d’Alsoni 71. Et ce sans aucune complémentation au pré. Un gain de poids que les femelles conservent après sevrage ce qui permet à Thierry Préaud d’envisager des vêlages avancés dès 2 ans. La même tendance est observée pour les mâles avec des performances croissantes au fil des années et des broutards 2016 plus lourds de 55 kg à 210 jours. Sur trois ans, cela équivaut à un supplément de viande vive produite de +6.708 kg, calcule le technicien d’Alsoni 71.

La consommation d’aliment chute


Outre l’amélioration des performances, le passage au pâturage tournant s’est accompagné d’une baisse de consommation d’aliments pour les mâles. La consommation moyenne par animal est ainsi passée de 531 kg en 2013 à 408 kg en 2016, ce qui a eu pour effet de faire baisser de coût alimentaire de 176 € par broutard à 113 € par broutard. « Au final, le GMQ des mâles de la naissance à la vente a progressé alors que les quantités d’aliment ont diminué », résume Arnaud Godard qui évalue l’économie d’aliment à près de 3.100 €, ce qui dépasse largement les frais de mise en place des clôtures liées au pâturage tournant, fait-il remarquer...



4 ou 5 paddocks par parcelle


De deux ou trois parcelles conduites en pâturage alternatif - la méthode traditionnelle la plus répandue en Saône-et-Loire -, Thierry Préaud est passé à un pâturage tournant sur des parcelles fractionnées en quatre à cinq paddocks. L’éleveur continue d’ailleurs d’augmenter le nombre de paddocks par lot, de sorte à améliorer encore la qualité de l’herbe ingérée et économiser en concentré.
Permettant de lutter contre le gaspillage, le pâturage tournant a permis à Thierry Préaud de récolter cette année 200 bottes de fourrages supplémentaires dans les paddocks mis de côté pour ajuster la conduite.




Pâturage tournant
Tirer parti de la meilleure herbe


Le pâturage tournant revient à faire pâturer les animaux dans une herbe au stade optimum (8 cm de haut seulement). Le principe est de fractionner la parcelle en plusieurs paddocks et de faire tourner les animaux d’un paddock à l’autre de sorte qu’ils aient toujours à manger une herbe à hauteur idéale. C’est au stade feuillu que la flore possède ses meilleures valeurs alimentaires, proches d’un aliment du commerce, font valoir les techniciens. Ces valeurs chutent à partir de l’épiaison et à la floraison. Lorsqu’un paddock dépasse la hauteur d’herbe idéale en raison d’une trop forte pousse, il est exclu de la rotation pour être récolté en foin. D’où la possibilité de faire du stock supplémentaire.

D’autres avantages…


Outre de meilleures performances de croissance au pré et des économies de concentrés à l’herbe, le pâturage tournant permet de dégager des stocks de fourrages supplémentaires quand la pousse le permet. Le pâturage tournant provoque une amélioration de la flore avec, notamment, une recolonisation par le trèfle, d’où de meilleurs GMQ en perspective, une meilleurs qualité des fourrages…Les animaux conduits en pâturage tournant sont plus dociles. Le risque d’infestation parasitaire est limité.




Se former au pâturage tournant


Le groupement Feder est à l’origine d’un stage Vivéa sur le pâturage tournant et la gestion de l’herbe. Organisé avec la Chambre d’agriculture, ce stage en groupe d’une dizaine d’éleveurs (adhérents Feder ou non) compte une journée en salle suivie de trois demi-journées sur le terrain au fil des saisons et de la pousse. Une nouvelle session est prévue pour 2017.



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