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Coopération agricole

Les priorités des filières animales

La filière animale de La Coopération agricole (LCA) a organisé, mi-juin, une conférence de presse à Paris pour présenter les principales actions qu’elle aimerait appliquer, avec le concours des décideurs politiques, dans les secteurs bovin, ovin, avicole et porcin.

Les priorités des filières animales

Reconquérir la production pour assurer notre souveraineté alimentaire. Tel pourrait être le fil rouge des quatre principaux présidents de section animale qui ont dévoilé leurs nombreuses attentes à la presse. « Je suis favorable à la relance de la production », a plaidé Bruno Colin président du pôle animal de la Coopération agricole et lui-même éleveur de bovins allaitants et laitiers. Il a souligné la nécessité pour les agriculteurs et les coopératives de répondre non pas à un marché mais « à des marchés » différents. Il souhaite notamment que la filière soit mieux organisée à l’image d’autres productions agricoles pour répondre aux goûts du consommateur, regrettant au passage que la viande hachée représente 60 % de la consommation française. D’une manière générale le consommateur français continue de plébisciter les produits carnés puisque près de 6 millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc) ont été consommées en France en 2024 soit + 3,6 % par rapport à 2023 et + 10,2 % en 30 ans, a souligné Gaëlle Dupas, directrice du pôle animal de LCA (lire encadré). Bruno Colin souhaite notamment dans le secteur bovin, multiplier la contractualisation sur le long terme pour sécuriser autant les approvisionnements que le revenu des éleveurs.

Mur de l’installation

Son collègue Philippe Bizien, président de la section porc, entend activer le levier de la simplification pour conserver une capacité de production qui commence à s’amenuiser. Le secteur qui était autosuffisant (103 % en 2022) voit ses pourcentages fléchir : l’autosuffisance n’est plus que de 98 % en 2025. En cause, le manque d’installation pour une activité exposée à de « fortes contraintes réglementaires » et à d’insupportables surtranspositions, notamment celle sur les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Le seuil européen pour l’autorisation d’exploitation est fixe à 3.000 porcs charcutiers. En France, le seuil se déclenche à partir de 2.000 porcs. « Monter un dossier coûte entre 30.000 et 50.000 euros », a précisé Philippe Bizien. C’est « un prix déraisonnable et décourageant », a-t-il ajouté, pointant tous les efforts et investissements réalisés par les éleveurs (maternité, couverture des fosses, filtration de l’air, etc.) qui ne se répercutent pas sur le prix final. « Avec 40 % des porcs français détenus par les éleveurs de plus de 55 ans, nous sommes face à un mur de l’installation ».

Parole politique

La problématique est légèrement différente en élevage ovin dans la mesure où la production baisse plus vite que la consommation, ce qui permet, en ce moment, de maintenir des prix assez élevés et parce que 60 % de la viande ovine consommée en France est importée. L’objectif du secteur ovin est ici de « produire plus et mieux d’agneaux », a indiqué François Monge, éleveur et président de la filière ovine. En jouant sur l’alimentation, la génétique, le sanitaire, on peut réussir à « anticiper le volume d’agneaux » et à mieux les répartir tout le long de l’année, pour assurer un approvisionnement régulier. Ce qui rassure aussi les transformateurs et les distributeurs. Enfin, côté volailles, c’est l’aspect sanitaire qui inquiète le plus, a souligné François Lacome, du pôle avicole. Pour lui, il existe un lien direct entre bien-être animal (sous l’aspect sanitaire) et la souveraineté alimentaire. Il a cité l’exemple des États-Unis qui ont dû abattre près de 175 millions de volailles* depuis l’apparition du virus H5N1 sur leur territoire, ce qui s’est traduit par une pénurie d’œuf, un produit qui d’ordinaire bon marché a flambé pour atteindre jusqu’à un euro par œuf. « La force du réseau » ainsi que la présence de vétérinaires et le partage d’expérience dans les élevages touchés par la grippe aviaire ont permis de limiter les dégâts et rendre la filière avicole plus résiliente, ont reconnu les responsables agricoles. Tous souhaitent que la parole politique très volubile en temps de crise soit respectée par l’administration. Autrement dit que les actes suivent. Car les enjeux des filières animales sont primordiaux pour la sphère agricole et rural : « L’élevage en particulier et l’agriculture en général sont bien souvent le dernier rempart à la désertification des territoires », a résumé Bruno Colin

(*) Selon le Center for Disease Control and Prevention (CDC- Centre pour le contrôle et la prévention des maladies), le nombre total cumulé des volailles de rente affectées par le virus de la grippe aviaire aux États-Unis a conduit au dépeuplement de 174 804 038 volailles au 11 juin 2025.

La volaille reine des assiettes

Avec 2,16 Mtéc, la volaille est devenue la viande préférée des Français. Elle a littéralement supplanté d’autres produits carnés au quotidien, avec une progression de + 65 % en 30 ans. La viande ovine est quant à elle boudée par les Français, sauf pour les anciennes générations (50 ans et plus). Il ne s’est écoulé en 2024 que 166.000 tonnes équivalent carcasse d’agneau, 46 % de moins qu’en 1995. La viande bovine recule également avec 1,429 Mtéc consommées, en retrait de -12 % en 30 ans. Seule la viande de porc reste stable (+ 1,6 %) avec 2,116 Mtéc