90 % de satisfaction au point accueil installation
Le 21 mai à Charolles, le Comité d’orientation transmission installation (Coti) faisait un bilan mi-figue mi-raisin. La nouvelle organisation prend forme. Le président du Coti, également président de JA71, en profitait pour réannoncer l’organisation de la session nationale sur le renouvellement des générations agricoles, événement phare qui se tiendra début février à Paray-le-Monial.

Mais avant de commencer le bilan de l’année 2024, le nouveau président du Coti, Maxime Bonnot tenait à saluer le « travail remarquable » réalisé par son prédécesseur, Joffrey Beaudot pendant 6 années « avec des étapes compliquées comme la crise des fonds Feader ». Mais la réussite a été au rendez-vous et la continuité sera de mise pour « continuer de développer l’installation des porteurs de projet dans les meilleures conditions possibles ». Après une matinée de travail, marquant la nouvelle mandature, un tour de table était réalisés. La quarantaine de participants donnait chacun à son tour « le principal enjeu du renouvellement des générations agricoles ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les idées ne manquent pas. Plus le temps et les budgets manquent, même si tout le monde saluait les « équipes » de la chambre comme des JA qui font un « travail remarquable », comme ont félicité les deux présidents.
La fin d’année 2024 a été marquée par une nouvelle programmation (RDR4) pour les installations aidées avec une dotation (DJA). De nouveaux critères, grilles et montants ont donc été actés, même s’il est encore trop tôt pour évaluer son « impact » sur les installations. Surtout, 2024 aura vu la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire reprendre la coordination du PAI, point accueil installation. La Saône-et-Loire a densifié son réseau « d’antennes d’accueil » pour être au plus proche du terrain. Ainsi, en plus de Mâcon, Charolles et Fontaines, cinq autres communes accueillent un PAI si besoin, Gueugnon, Bourbon-Lancy, Saint-Germain-du-Bois, Davayé et Autun. Trois conseillères sont habilitées à tenir ces permanences, et en plus d’une assistante, une plateforme de réservation en ligne permet de prendre rendez-vous. « Nous accueillons tous les porteurs de projets, pour les informer sur les étapes, les formalités… et les orienter ou accompagner après le rendez-vous ». Pour l’année 2024, 335 rendez-vous ont été réalisés « soit entre 5 à 7 rendez-vous pour 100 exploitants », mettait en perspective Océane Guillet. Au total, c’est 75 rendez-vous de plus qu’en 2023. Parmi eux, 295 nouveaux porteurs de projets. 79 % ont en dessous de 40 ans « donc éligibles à la DJA », glissait-elle pour la suite. En majorité, 59% sont des hommes, 54% des hors-cadres familiaux, 53 % ont au minimum un diplôme de niveau 4 et 65 % sont en emploi au moment de l’entretien. Les projets concernent à 73 % la production animale, bovin viande en tête (42 %) et 43 % en production végétale, maraichage et horticulture (31 %) devant la viticulture (26 %). La somme au-delà de 100 % correspond aux projets en polyculture-élevage. Rentrant dans le détail des statistiques, 21 % souhaitent se lancer en Bio, 9 % avec un signe de qualité et 34 % en vente directe. La moitié estime être prêt en un an, mais un quart pense qu’il faudra une échéance de 2-3 ans pour être prêt à s’installer. 59 % souhaitaient l’aide à l’installation (DJA) mais certains ne sont pas éligibles, en raison de leur âge ou diplôme, expliquant certainement la petite différence de satisfaction. Au final, 90 % des porteurs de projets sont satisfaits de l’écoute, des conseils, des documents remis… au point accueil installation.
Plus de proximité
Celles et ceux souhaitant être accompagnés à l’étape suivante pour « aller chercher » leur DJA, doivent réaliser un plan de professionnalisation personnalisé (PPP). 92 ont été agréés en 2024 avec l’aide des services de l’Etat et 90 ont été validés au final. Les entretiens PPP sont réalisés sur Fontaines, Charolles et Davayé « pour plus de proximité ». Parmi ces conseils « préconisés », cinq ont par exemple suivi un stage pratique en exploitation agricole, pour mieux appréhender le métier. Surtout, 91 porteurs ont choisi de passer une formation obligatoire, Certicréa. Parmi les jurys, on retrouve les membres des principales organisations professionnelles agricoles (23 conseillers et élus chambre et 42 intervenants d’OPA), pour un taux de réussite de 93 %. Ceux ayant échoué sont ceux ayant décidé de ne pas « repasser au rattrapage »
« Pour les jeunes de moins de 50 ans », disait sérieusement Gaël Pellenz, un autre dispositif est possible, les stages Start’Agri soutenus par le conseil Régional. Il s’agit de travailler pendant trois à douze mois dans l’exploitation que l’on souhaite reprendre. Une vingtaine de Start’Agri dans toutes les productions ont été réalisés en 2024, « simple administrativement et en bonnes relations avec la Région », soulignait-il pour l’occasion.
Coups de frein puis d'accélération
Car, les compliments pour la Région s’arrêtaient là. L’instruction des demandes de DJA par le conseil Régional a encore en 2024 été chaotique. 46 candidats ont validé leur DJA sur la 1ère partie de l’année, touchant 38.750 € en moyenne. A l’automne 2024 donc, la nouvelle programmation (RDR4) courant jusqu’en 2027, a comptabilisé 55 dépôts de demande, « soit une grosse demi-année sur quelques mois », rallongeant encore un peu plus les délais d’instruction. 21 DJA ont toutefois été validées au 2è semestre par le Comité régional de programmation pour une DJA de 41.667 € en moyenne.
L’effet pervers de ces chiffres en forte baisse par rapport à la centaine de DJA normalement instruites en Saône-et-Loire, même si ce phénomène se retrouve dans toute la Bourgogne-Franche-Comté, ces seuls 67 dossiers en 2024 « pourraient avoir des conséquences sur les futurs budgets » alloués et les élus insistent sur la baisse exceptionnelle du nombre de dossiers, en grande partie liée l’allongement des délais (une partie des dossiers déposés en 2024 seront instruits et validés en 2025). Autre regret, « les porteurs testant un projet se sont retrouvés affiliés à la MSA en tant que chef d’exploitation et se voient alors fermer la porte » aux aides DJA. « Dommage, car c’était des profils intéressants » et représentait 5 à 10 candidats à l’installation chaque année.
La transmission aussi importante à bien préparer
Evidemment, pas d’installation sans cessation ou transmission dans nos contrées. Le PAT (Point Accueil Transmission), l’équivalent du PAI, pour les transmissions se voit lui aussi renforcé avec un troisième conseiller, plus sur le répertoire départ installation. Si le départ à la retraite reste la principale raison, le PAT accueille et conseille aussi « pour diverses raisons » comme un associé supplémentaire ou un remplacement d’associé par exemple. « On note une baisse surprenante cette année, peut-être en raison de cours de la viande plus élevé », cherchait à positiver Manon Jasserand. 73 cédants ont bénéficié d’un accompagnement individuel en 2024 et aussi certaines Communautés de communes (Gueugnon, Bourbon et Autunois) qui en ont fait la demande pour mieux appréhender l’avenir de leur territoire. Car en Saône-et-Loire, près de 1.500 agriculteurs ont plus de 58 ans et proches de la retraite potentiellement. « Même si l’âge de la retraite est flou et peut être repoussé », entendait-on aussi dans la salle. Quoiqu’il en soit, une bonne transmission doit s’anticiper bien cinq ans avant. C’est pourquoi les conseillers chambre et MSA invitent les concernés à renvoyer leur déclaration de cessation (Dicaa) « même sans savoir votre année de départ ». Des journées, des matinales et des soirées d’information ont permis de rencontrer 80 ans cédants à Grury, Matour, Davayé ou encore Salornay-sur-Guye. Et en permanence en ligne, le site repertoireinstallation.com propose une quarantaine d’annonces. « Il faut aussi parfois apprendre à parler de son exploitation », pour la vendre, sujet d’une nouvelle formation qui a rencontré un bon départ. Ce qui faisait dire à Maxime Bonnot en guise de conclusion de cette première partie : « nous sommes toujours à la recherche de meilleurs résultats avec la motivation de toutes les équipes ». L’objectif étant de un pour un et une centaine d’installation par an au minimum.