Coup de pouce aux parcours atypiques
Hors cadres ou autres…
La démarche s’est d’abord appelée "BioActes". « Elle s’adressait à des gens qui ont un projet mais qui ne sont pas issus du milieu agricole ou à qui il manque un certain nombre de choses : foncier, formation technique, insertion locale… », détaille Lionel Badot. L’autre volet visait à susciter la demande en produits agricoles locaux, d’où le concept de « système alimentaire local ».
En 2010, Bioactes a été rebaptisée "Pactes". « Pour être plus à même de répondre aux besoins des "porteurs de projets" », le partenariat s’est élargi aux différents pays du territoire. « Cet élargissement a fait que du foncier a pu être proposé que ce soit par des particuliers, des communes, des agriculteurs, des associations ou même la Safer », explique Lionel Badot.
Se chargeant d’apporter les financements, MSA Service Bourgogne est l’un des principaux gestionnaires de la démarche avec la « Couveuse d’activité potentielle ». Quatre autres partenaires ont intégré les rangs des « opérationnels » : l’association Réseau Coopérés, le CFPPA de Château-Chinon (58), le groupement des agriculteurs bio de l’Yonne, la CGAB, la chambre d’agriculture de la Nièvre. Sont également impliqués : les Jeunes agriculteurs, les autres chambres d’agricultures, la Safer, les collectivités locales, les associations de développement, les clubs d’investissement solidaire "cigales", les lycées agricoles, les pays, les conseils généraux 71 et 58, le conseil régional, la fondation Macif, la fondation RTE, le FNADT, le Parc du Morvan, ainsi que des associations relevant de l’économie solidaire.
Tester son projet grandeur nature
Depuis qu’il existe, le dispositif a accueilli une trentaine de porteurs de projets. La démarche leur offre « un espace test », c'est-à-dire de quoi tester leur projet grandeur nature. Un « espace test » comprend un hébergement juridique. Il s’agit du statut Cape (Contrat d’appui au projet d’entreprise), qui permet « de travailler sur son projet de production agricole sans avoir d’identité juridique propre », explique Lionel Badot. Ce Cape est géré par la « couveuse d’activité potentielle » qui « héberge » et accompagne ainsi les « entrepreneurs ». L’espace test comprend aussi des « moyens physiques » ; c’est-à-dire le foncier nécessaire et les outils de production. Une fois qu’ils ont été dégotés, les terrains sont mis à la disposition de l’agriculteur et de « la couveuse » qui l’accompagne. Quant aux outils de production, ils sont « fournis » aux porteurs de projets en échange d’un loyer modéré grâce au soutien des financeurs. « La couveuse » guide les candidats au métier de chef d’entreprise (gérer, vendre, communiquer…). Des agriculteurs tuteurs se chargent pour leur part de l’accompagnement humain. « Un aspect très important car Pactes ne fonctionnerait pas sans la participation des agriculteurs. C’est inscrit dans notre charte », précise Lionel Badot. La chambre, le Sedarb, les CFPPA assurent quant à eux le conseil technique.
Assurer la trésorerie et l’insertion locale
Le dispositif prévoit un accompagnement en termes de trésorerie. « Les porteurs de projets bénéficient de la continuité des minima sociaux. Nous faisons également appel aux clubs cigales. Il s’agit de groupes dont les membres placent des sommes d’argent, lesquelles sont destinées à octroyer des prêts à taux zéro aux porteurs de projets. Le prêt est remboursable en cinq ans. Les épargnants récupèrent leur mise à la fin du prêt », explique Lionel Badot.
La démarche s’assure également de la bonne insertion locale du producteur. « C’est hyper important », commente Lionel Badot. « Autour de l’espace test, on mobilise les élus, les agriculteurs du coin, les associations locales… On fait en sorte de régler les problèmes éventuels de logement. Pour les besoins matériels, on essaie de favoriser l’entraide, l’échange de service, les banques de travail… ».
Stage préalable
Les candidats au dispositif se font connaitre à l’occasion de deux rendez-vous successifs ; le premier avec Lionel Badot (MSA) et le second avec un agriculteur ainsi qu’un animateur. Ensuite, ils effectuent une « phase de pré-test » reposant sur un stage en exploitation de deux fois quinze jours. Cet essai permet de voir si le postulant « tient la route », confie Lionel Badot. Si l’expérience n’est pas concluante, le candidat peut se voir proposer « une immersion plus forte » pour tenter de remédier à ses éventuelles lacunes. Si la phase de pré-test est passée avec succès, le candidat est invité à déposer son dossier.
Six « espaces tests » en Saône-et-Loire
Aujourd’hui, la Saône-et-Loire compte six « espaces tests » correspondant à neuf porteurs de projets en statut Cape (il y a 10 lieux tests en Bourgogne pour 12 porteurs de projets). Les porteurs de projets sont de plusieurs profils. Certains sont en reconversion professionnelle et sont âgés de 35 à 45 ans. Hors du cadre familial et souvent bien formés, ils n’ont cependant aucune expérience dans le métier. Un certain nombre de candidats sont issus du secteur para-agricole (espaces verts, forêts…). Pour eux, les choses vont en général plus vite. Il existe un troisième groupe minoritaire formé par des gens en insertion sociale ou issus de structures d’insertion. Quelques uns trouvent ici un moyen de « tester s’ils sont faits pour le métier », fait remarquer Lionel Badot.
De la production aux débouchés
Les cantines scolaires impliquées
Outre le fait d’accompagner l’installation de producteurs, « Pactes » s’est également impliqué sur l’aval ; le débouché, d’où la notion de « système alimentaire local ». L’opération « Cantines en mouvement » dans le Clunysois en est une illustration. Plusieurs fois par mois, les élèves des écoles publiques du Clunysois peuvent déguster un repas composé de produits locaux, bio pour la plupart, et provenant d’une vingtaine de producteurs de la région. Un menu faisant la part belle aux fruits et légumes de saison, au lait frais et à la viande des élevages des environs. Cette opération est le résultat d’une concertation entre élus locaux, parents, enseignants, agriculteurs, gestionnaires de cantines et cuisinières. C’est le dispositif "Pactes" qui, à la demande de la communauté de communes du Clunysois, s’est chargé de monter le projet. C’est désormais Terroirs de Saône-et-Loire qui en assure la gestion. D’autres projets du même genre ont vu le jour en Saône-et-Loire ; dans le Brionnais "Ma Cantine en circuits courts" et autour de Cuiseaux avec le projet "Au pré de ma cantine" porté par la Communauté de communes de Cuiseaux. Ce volet initié dans le cadre du dispositif expérimental Pactes sera désormais porté par "Réseau Coopéré", une association de développement local en Saône-et-Loire.