Créer son « jumeau numérique » pour réussir la transformation numérique de son entreprise
Après les moteurs et l'électricité, après la révolution agricole et industrielle, depuis la fin des années 1980, l’informatique prend de l’ampleur dans les entreprises. Aujourd’hui, le numérique - via Internet - transforme tous les métiers, de la production aux services. Les cartes sont totalement rebattues. Le 27 juin, les trois chambres consulaires du département ont voulu montrer « comment votre entreprise peut en tirer profit pour se développer ». Pas évident mais nécessaire, presque obligatoire, pour ne pas perdre ses clients ou perdre du terrain en terme de compétitivité demain.

« La transformation numérique de mon entreprise ? Même pas peur ! », se voulait-on confiant, en ce 27 juin à l’Ensam à Cluny. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque selon son directeur, l’Ensam est symbolique puisque se pensant aujourd’hui, non plus comme une école mais comme une « plateforme technologique de haut niveau » (outillage, transformation du bois…) avec son institut de l’image (réalité augmentée, réalité virtuelle). Cette école des arts et métiers accueille 200 élèves chaque année et forment 60 « talents » en plus en fin d’étude. L’Ensam se tourne largement vers l’enseignement « personnalisé ».
A la question « même pas peur ? ». Les présidents des trois chambres consulaires de Saône-et-Loire répondaient un peu à la manière de l’avancée de leur réseau d'entrepreneurs. « C’est une véritable révolution, brutale et généralisée. Elle est d’ailleurs plus culturelle que technologique », jugeait d’emblée Michel Suchaut, pour le commerce et l’industrie. Pour lui, les entreprises n’ont d’autres choix que de s’adapter aux nouveaux modèles d’affaires et règles des marchés. Pour l’artisanat, Jean Philippe Boyer se voulait lui plus « sceptique sur ce que cela peut apporter » mais ressentait l’obligation « de ne pas se laisser dépasser ». Ce sont en effet les clients qui poussent en consommant et recherchant via Internet, y compris de l’art et des artisans. Pour l’agriculture, sans être « techno béat », Christian Decerle voit dans le numérique un mouvement « complexe et incertain » mais également « prometteur et plein d’espoir ». Au nom des trois chambres, il invitait chacun « à décloisonner nos secteurs professionnels pour aller plus loin dans la dynamique de nos territoires ».
Numériser ses produits
Après un exposé sur la transition numérique de David Barthe (voir encadré), directeur de la chambre d’Agriculture, également maître de conférence IAE Lyon en marketing digital, place était donné au concret avec des témoignages d’entreprises de Saône-et-Loire. Tous les secteurs étaient représenté, de la start-up à l’agriculture, en passant par l’artisanat et l’industrie lourde.
La Fonderie Charolaise numérise ses métiers notamment en terme de réalisation de plans (CAO), y compris à partir de pièces usagés pour après en assurer la réalisation. Les clients sont satisfaits. Mais la numérisation des produits amène aussi un problème de sécurisation de ces données. « Si on les perd, on perd notre crédibilité vis à vis des clients ». L’entreprise conserve donc ces informations sensibles dans ses locaux et non dans le « cloud » (serveurs informatiques à distance). La question de la sécurité informatique est A long terme, la fonderie veut se diriger vers l’impression 3D (agglomération de matière). Son confrère, Jean Patenet de Moules et outillages de Bourgogne, est lui déjà équipé. « GPAO, administratif, gestion clients… l’entreprise est déjà numérisée, sans oublier la robotisation pour l’outillage ». Il réfléchit maintenant à l’acquisition d’un scanner 3D pour passer de « fournisseur à partenaire » industriel.
Des produits avec de nouveaux services
La transformation des produits et de l’image de l’entreprise ne s’arrêtent pas là. Si la Fonderie Charolaise peut réaliser des cuves, la start-up Fuel-it veut les connecter et créer de nouveaux services associés. « Nos jauges connectées permettent de surveiller le volume restant dans la cuve, la consommation et d’en déduire une date prévisionnelle de rupture », expliquait François du Garreau. Des données pertinentes pour les clients comme pour les livreurs de fuel pour « lisser leur charge de travail », notamment en optimisant la logistique. Cette jauge connectée est déjà imaginée sur des cuves à lait, à eau, pour des engrais liquides…
Le client au cœur de la relation
Le grand témoin de la matinée, Laurent Fiard, président de la société Visiativ, estimait qu’il s’agit ainsi de « réinventer la proximité avec ses clients », particuliers comme professionnels, en les mettant « au cœur de la relation » afin d’anticiper leurs besoins pour mieux les fidéliser.
La compétitivité est aussi un axe de progrès avec le numérique, surtout dans un monde toujours plus en flux tendus. Et cela concerne tout le monde. Même ceux qu'on imagine pas. Les artisans sont souvent taxés d’être en retard. A Rosey, avec sa femme, Florent Joinaud s’occupe d’aménagement intérieur. Avec toujours sur lui sa tablette numérique « renforcée ». Ce dernier réalise des devis directement chez les clients. Sa femme à « bien renseigné » la base de données du logiciel pro (abonnement 250€/mois). Dès lors, le plan se transforme en devis. Un gain de temps pour lui et elle – estimé à 2 heures par jour - ainsi que pour les clients puisque la signature électronique permet de valider immédiatement la commande, envoyée par mail dans la foulée. « Cet investissement nous donne une meilleure organisation, une meilleure image avec des décisions plus fiables », explique Florence. Elle nuance par contre pour son mari : « l’informatique et l’administratif, c’est mon monde. Pas le sien. Parfois, cela va trop vite », comme le fait de ne pas pouvoir revenir sur un devis, puisque le logiciel fait office de caisse enregistreuse et donc susceptible d’être contrôlé fiscalement.
Entreprise plateforme
Parfois, les entreprises et salariés n’ont pas le choix : réglementairement, normes, labels et certifications demandés par des clients... L’administration publique oblige à télédéclarer de plus en plus par exemple, déportant le travail... Des initiatives privées aussi se font jour. Par exemple, les professionnels du bâtiment - de l’artisan à la multinationale – se tournent actuellement vers le BIM pour modéliser toutes les informations des bâtiments. Ces maquettes virtuelles en 3D sur informatique répertorient tous les processus, de la conception à l’utilisation de n’importe quelle infrastructure. Le BIM doit permettre l’échange de données entre tous les acteurs.
Pour y faire face, la solution est parfois de se regrouper. Faisant des ortho-photographies (comme les parcelles Pac), Thomas Lallouette d’IA Drone Technologie s’est associé à plusieurs autres petites entreprises pour « collaborer et réaliser des prestations complexes » via une plateforme facilitant les échanges de données pour les clients. « Nous avions tous une diversité de logiciels » qui ne communiquaient pas forcément entre eux. « Il ne faut pas opposer les technologies, elles sont complémentaires. Le plus important est la base de données de ces entreprises plateformes dont le client est au centre », intervenait Laurent Fiard. Une référence aux fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leur équivalent chinois (BATX) qui sont devenus les plus grosses capitalisations boursières.
Tout et rien, est "données"
Les données sont le « nouveau pétrole » de cette économie. L’objectif étant de prédire l’activité (ventes, production…) avec un temps d’avance. La Cave de Lugny s’est lancée - avec Orange, l’Université de Bourgogne, Vitagora et des start-up (voir page HH) – dans un projet d’Internet des objets et de big data. « Depuis des capteurs à la vigne (pieds, enjambeurs…) jusqu’au chai de vinification et après jusqu’au consommateur final, notre objectif est d’améliorer nos façons de travailler », détaille Edouard Cassanet, le directeur. Une agriculture ou plutôt ici, une viticulture de précision pour réduire notamment les décriés traitements ou intrants.
Des données qui pourront également alimenter l’étiquette du vin de demain (parcelle, date de vendange…). De ce côté des clients, si dans les pays occidentaux le poids des habitudes de consommation freine l’adoption des nouvelles technologies, il n’en va pas de même dans les pays en développement. « Partant de zéro en matière de vin, les clients chinois rentrent dans les magasins avec leurs smartphones pour avoir l’histoire du vin. Ce n’est pas le futur… » a-t-il constaté lui même.
De la communication à la commercialisation
Tenant un salon de coiffure à domicile, avec une prestation tournée autour de « l’image de soi », Isabelle Chaponneau a créé son site web avec du contenu de qualité professionnelle et de « belles photos ». Le bouche à oreille s’est fait aussi via Facebook et ses notations, « avec parfois le revers de la médaille », reconnaissait-elle. Son système de réservation en ligne, avec SMS de relance a permis, selon elle, une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires. « Au départ, le téléphone ne sonnait plus, je pensais être au bord de la faillite mais les clientes peuvent choisir en fonction de leurs disponibilités et même réserver à la dernière minute ».
Pour Laurent Fiard, les clients plébiscitent de plus en plus ces services numériques. « C’est Darwinien. Il faut créer son jumeau numérique » pour survivre dans ce nouveau monde, « phygital », mélange de physique et de digital.
Créer son « jumeau numérique » pour réussir la transformation numérique de son entreprise

« La transformation numérique de mon entreprise ? Même pas peur ! », se voulait-on confiant, en ce 27 juin à l’Ensam à Cluny. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque selon son directeur, l’Ensam est symbolique puisque se pensant aujourd’hui, non plus comme une école mais comme une « plateforme technologique de haut niveau » (outillage, transformation du bois…) avec son institut de l’image (réalité augmentée, réalité virtuelle). Cette école des arts et métiers accueille 200 élèves chaque année et forment 60 « talents » en plus en fin d’étude. L’Ensam se tourne largement vers l’enseignement « personnalisé ».
A la question « même pas peur ? ». Les présidents des trois chambres consulaires de Saône-et-Loire répondaient un peu à la manière de l’avancée de leur réseau d'entrepreneurs. « C’est une véritable révolution, brutale et généralisée. Elle est d’ailleurs plus culturelle que technologique », jugeait d’emblée Michel Suchaut, pour le commerce et l’industrie. Pour lui, les entreprises n’ont d’autres choix que de s’adapter aux nouveaux modèles d’affaires et règles des marchés. Pour l’artisanat, Jean Philippe Boyer se voulait lui plus « sceptique sur ce que cela peut apporter » mais ressentait l’obligation « de ne pas se laisser dépasser ». Ce sont en effet les clients qui poussent en consommant et recherchant via Internet, y compris de l’art et des artisans. Pour l’agriculture, sans être « techno béat », Christian Decerle voit dans le numérique un mouvement « complexe et incertain » mais également « prometteur et plein d’espoir ». Au nom des trois chambres, il invitait chacun « à décloisonner nos secteurs professionnels pour aller plus loin dans la dynamique de nos territoires ».
Numériser ses produits
Après un exposé sur la transition numérique de David Barthe (voir encadré), directeur de la chambre d’Agriculture, également maître de conférence IAE Lyon en marketing digital, place était donné au concret avec des témoignages d’entreprises de Saône-et-Loire. Tous les secteurs étaient représenté, de la start-up à l’agriculture, en passant par l’artisanat et l’industrie lourde.
La Fonderie Charolaise numérise ses métiers notamment en terme de réalisation de plans (CAO), y compris à partir de pièces usagés pour après en assurer la réalisation. Les clients sont satisfaits. Mais la numérisation des produits amène aussi un problème de sécurisation de ces données. « Si on les perd, on perd notre crédibilité vis à vis des clients ». L’entreprise conserve donc ces informations sensibles dans ses locaux et non dans le « cloud » (serveurs informatiques à distance). La question de la sécurité informatique est A long terme, la fonderie veut se diriger vers l’impression 3D (agglomération de matière). Son confrère, Jean Patenet de Moules et outillages de Bourgogne, est lui déjà équipé. « GPAO, administratif, gestion clients… l’entreprise est déjà numérisée, sans oublier la robotisation pour l’outillage ». Il réfléchit maintenant à l’acquisition d’un scanner 3D pour passer de « fournisseur à partenaire » industriel.
Des produits avec de nouveaux services
La transformation des produits et de l’image de l’entreprise ne s’arrêtent pas là. Si la Fonderie Charolaise peut réaliser des cuves, la start-up Fuel-it veut les connecter et créer de nouveaux services associés. « Nos jauges connectées permettent de surveiller le volume restant dans la cuve, la consommation et d’en déduire une date prévisionnelle de rupture », expliquait François du Garreau. Des données pertinentes pour les clients comme pour les livreurs de fuel pour « lisser leur charge de travail », notamment en optimisant la logistique. Cette jauge connectée est déjà imaginée sur des cuves à lait, à eau, pour des engrais liquides…
Le client au cœur de la relation
Le grand témoin de la matinée, Laurent Fiard, président de la société Visiativ, estimait qu’il s’agit ainsi de « réinventer la proximité avec ses clients », particuliers comme professionnels, en les mettant « au cœur de la relation » afin d’anticiper leurs besoins pour mieux les fidéliser.
La compétitivité est aussi un axe de progrès avec le numérique, surtout dans un monde toujours plus en flux tendus. Et cela concerne tout le monde. Même ceux qu'on imagine pas. Les artisans sont souvent taxés d’être en retard. A Rosey, avec sa femme, Florent Joinaud s’occupe d’aménagement intérieur. Avec toujours sur lui sa tablette numérique « renforcée ». Ce dernier réalise des devis directement chez les clients. Sa femme à « bien renseigné » la base de données du logiciel pro (abonnement 250€/mois). Dès lors, le plan se transforme en devis. Un gain de temps pour lui et elle – estimé à 2 heures par jour - ainsi que pour les clients puisque la signature électronique permet de valider immédiatement la commande, envoyée par mail dans la foulée. « Cet investissement nous donne une meilleure organisation, une meilleure image avec des décisions plus fiables », explique Florence. Elle nuance par contre pour son mari : « l’informatique et l’administratif, c’est mon monde. Pas le sien. Parfois, cela va trop vite », comme le fait de ne pas pouvoir revenir sur un devis, puisque le logiciel fait office de caisse enregistreuse et donc susceptible d’être contrôlé fiscalement.
Entreprise plateforme
Parfois, les entreprises et salariés n’ont pas le choix : réglementairement, normes, labels et certifications demandés par des clients... L’administration publique oblige à télédéclarer de plus en plus par exemple, déportant le travail... Des initiatives privées aussi se font jour. Par exemple, les professionnels du bâtiment - de l’artisan à la multinationale – se tournent actuellement vers le BIM pour modéliser toutes les informations des bâtiments. Ces maquettes virtuelles en 3D sur informatique répertorient tous les processus, de la conception à l’utilisation de n’importe quelle infrastructure. Le BIM doit permettre l’échange de données entre tous les acteurs.
Pour y faire face, la solution est parfois de se regrouper. Faisant des ortho-photographies (comme les parcelles Pac), Thomas Lallouette d’IA Drone Technologie s’est associé à plusieurs autres petites entreprises pour « collaborer et réaliser des prestations complexes » via une plateforme facilitant les échanges de données pour les clients. « Nous avions tous une diversité de logiciels » qui ne communiquaient pas forcément entre eux. « Il ne faut pas opposer les technologies, elles sont complémentaires. Le plus important est la base de données de ces entreprises plateformes dont le client est au centre », intervenait Laurent Fiard. Une référence aux fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leur équivalent chinois (BATX) qui sont devenus les plus grosses capitalisations boursières.
Tout et rien, est "données"
Les données sont le « nouveau pétrole » de cette économie. L’objectif étant de prédire l’activité (ventes, production…) avec un temps d’avance. La Cave de Lugny s’est lancée - avec Orange, l’Université de Bourgogne, Vitagora et des start-up (voir page HH) – dans un projet d’Internet des objets et de big data. « Depuis des capteurs à la vigne (pieds, enjambeurs…) jusqu’au chai de vinification et après jusqu’au consommateur final, notre objectif est d’améliorer nos façons de travailler », détaille Edouard Cassanet, le directeur. Une agriculture ou plutôt ici, une viticulture de précision pour réduire notamment les décriés traitements ou intrants.
Des données qui pourront également alimenter l’étiquette du vin de demain (parcelle, date de vendange…). De ce côté des clients, si dans les pays occidentaux le poids des habitudes de consommation freine l’adoption des nouvelles technologies, il n’en va pas de même dans les pays en développement. « Partant de zéro en matière de vin, les clients chinois rentrent dans les magasins avec leurs smartphones pour avoir l’histoire du vin. Ce n’est pas le futur… » a-t-il constaté lui même.
De la communication à la commercialisation
Tenant un salon de coiffure à domicile, avec une prestation tournée autour de « l’image de soi », Isabelle Chaponneau a créé son site web avec du contenu de qualité professionnelle et de « belles photos ». Le bouche à oreille s’est fait aussi via Facebook et ses notations, « avec parfois le revers de la médaille », reconnaissait-elle. Son système de réservation en ligne, avec SMS de relance a permis, selon elle, une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires. « Au départ, le téléphone ne sonnait plus, je pensais être au bord de la faillite mais les clientes peuvent choisir en fonction de leurs disponibilités et même réserver à la dernière minute ».
Pour Laurent Fiard, les clients plébiscitent de plus en plus ces services numériques. « C’est Darwinien. Il faut créer son jumeau numérique » pour survivre dans ce nouveau monde, « phygital », mélange de physique et de digital.
Créer son « jumeau numérique » pour réussir la transformation numérique de son entreprise

« La transformation numérique de mon entreprise ? Même pas peur ! », se voulait-on confiant, en ce 27 juin à l’Ensam à Cluny. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque selon son directeur, l’Ensam est symbolique puisque se pensant aujourd’hui, non plus comme une école mais comme une « plateforme technologique de haut niveau » (outillage, transformation du bois…) avec son institut de l’image (réalité augmentée, réalité virtuelle). Cette école des arts et métiers accueille 200 élèves chaque année et forment 60 « talents » en plus en fin d’étude. L’Ensam se tourne largement vers l’enseignement « personnalisé ».
A la question « même pas peur ? ». Les présidents des trois chambres consulaires de Saône-et-Loire répondaient un peu à la manière de l’avancée de leur réseau d'entrepreneurs. « C’est une véritable révolution, brutale et généralisée. Elle est d’ailleurs plus culturelle que technologique », jugeait d’emblée Michel Suchaut, pour le commerce et l’industrie. Pour lui, les entreprises n’ont d’autres choix que de s’adapter aux nouveaux modèles d’affaires et règles des marchés. Pour l’artisanat, Jean Philippe Boyer se voulait lui plus « sceptique sur ce que cela peut apporter » mais ressentait l’obligation « de ne pas se laisser dépasser ». Ce sont en effet les clients qui poussent en consommant et recherchant via Internet, y compris de l’art et des artisans. Pour l’agriculture, sans être « techno béat », Christian Decerle voit dans le numérique un mouvement « complexe et incertain » mais également « prometteur et plein d’espoir ». Au nom des trois chambres, il invitait chacun « à décloisonner nos secteurs professionnels pour aller plus loin dans la dynamique de nos territoires ».
Numériser ses produits
Après un exposé sur la transition numérique de David Barthe (voir encadré), directeur de la chambre d’Agriculture, également maître de conférence IAE Lyon en marketing digital, place était donné au concret avec des témoignages d’entreprises de Saône-et-Loire. Tous les secteurs étaient représenté, de la start-up à l’agriculture, en passant par l’artisanat et l’industrie lourde.
La Fonderie Charolaise numérise ses métiers notamment en terme de réalisation de plans (CAO), y compris à partir de pièces usagés pour après en assurer la réalisation. Les clients sont satisfaits. Mais la numérisation des produits amène aussi un problème de sécurisation de ces données. « Si on les perd, on perd notre crédibilité vis à vis des clients ». L’entreprise conserve donc ces informations sensibles dans ses locaux et non dans le « cloud » (serveurs informatiques à distance). La question de la sécurité informatique est A long terme, la fonderie veut se diriger vers l’impression 3D (agglomération de matière). Son confrère, Jean Patenet de Moules et outillages de Bourgogne, est lui déjà équipé. « GPAO, administratif, gestion clients… l’entreprise est déjà numérisée, sans oublier la robotisation pour l’outillage ». Il réfléchit maintenant à l’acquisition d’un scanner 3D pour passer de « fournisseur à partenaire » industriel.
Des produits avec de nouveaux services
La transformation des produits et de l’image de l’entreprise ne s’arrêtent pas là. Si la Fonderie Charolaise peut réaliser des cuves, la start-up Fuel-it veut les connecter et créer de nouveaux services associés. « Nos jauges connectées permettent de surveiller le volume restant dans la cuve, la consommation et d’en déduire une date prévisionnelle de rupture », expliquait François du Garreau. Des données pertinentes pour les clients comme pour les livreurs de fuel pour « lisser leur charge de travail », notamment en optimisant la logistique. Cette jauge connectée est déjà imaginée sur des cuves à lait, à eau, pour des engrais liquides…
Le client au cœur de la relation
Le grand témoin de la matinée, Laurent Fiard, président de la société Visiativ, estimait qu’il s’agit ainsi de « réinventer la proximité avec ses clients », particuliers comme professionnels, en les mettant « au cœur de la relation » afin d’anticiper leurs besoins pour mieux les fidéliser.
La compétitivité est aussi un axe de progrès avec le numérique, surtout dans un monde toujours plus en flux tendus. Et cela concerne tout le monde. Même ceux qu'on imagine pas. Les artisans sont souvent taxés d’être en retard. A Rosey, avec sa femme, Florent Joinaud s’occupe d’aménagement intérieur. Avec toujours sur lui sa tablette numérique « renforcée ». Ce dernier réalise des devis directement chez les clients. Sa femme à « bien renseigné » la base de données du logiciel pro (abonnement 250€/mois). Dès lors, le plan se transforme en devis. Un gain de temps pour lui et elle – estimé à 2 heures par jour - ainsi que pour les clients puisque la signature électronique permet de valider immédiatement la commande, envoyée par mail dans la foulée. « Cet investissement nous donne une meilleure organisation, une meilleure image avec des décisions plus fiables », explique Florence. Elle nuance par contre pour son mari : « l’informatique et l’administratif, c’est mon monde. Pas le sien. Parfois, cela va trop vite », comme le fait de ne pas pouvoir revenir sur un devis, puisque le logiciel fait office de caisse enregistreuse et donc susceptible d’être contrôlé fiscalement.
Entreprise plateforme
Parfois, les entreprises et salariés n’ont pas le choix : réglementairement, normes, labels et certifications demandés par des clients... L’administration publique oblige à télédéclarer de plus en plus par exemple, déportant le travail... Des initiatives privées aussi se font jour. Par exemple, les professionnels du bâtiment - de l’artisan à la multinationale – se tournent actuellement vers le BIM pour modéliser toutes les informations des bâtiments. Ces maquettes virtuelles en 3D sur informatique répertorient tous les processus, de la conception à l’utilisation de n’importe quelle infrastructure. Le BIM doit permettre l’échange de données entre tous les acteurs.
Pour y faire face, la solution est parfois de se regrouper. Faisant des ortho-photographies (comme les parcelles Pac), Thomas Lallouette d’IA Drone Technologie s’est associé à plusieurs autres petites entreprises pour « collaborer et réaliser des prestations complexes » via une plateforme facilitant les échanges de données pour les clients. « Nous avions tous une diversité de logiciels » qui ne communiquaient pas forcément entre eux. « Il ne faut pas opposer les technologies, elles sont complémentaires. Le plus important est la base de données de ces entreprises plateformes dont le client est au centre », intervenait Laurent Fiard. Une référence aux fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leur équivalent chinois (BATX) qui sont devenus les plus grosses capitalisations boursières.
Tout et rien, est "données"
Les données sont le « nouveau pétrole » de cette économie. L’objectif étant de prédire l’activité (ventes, production…) avec un temps d’avance. La Cave de Lugny s’est lancée - avec Orange, l’Université de Bourgogne, Vitagora et des start-up (voir page HH) – dans un projet d’Internet des objets et de big data. « Depuis des capteurs à la vigne (pieds, enjambeurs…) jusqu’au chai de vinification et après jusqu’au consommateur final, notre objectif est d’améliorer nos façons de travailler », détaille Edouard Cassanet, le directeur. Une agriculture ou plutôt ici, une viticulture de précision pour réduire notamment les décriés traitements ou intrants.
Des données qui pourront également alimenter l’étiquette du vin de demain (parcelle, date de vendange…). De ce côté des clients, si dans les pays occidentaux le poids des habitudes de consommation freine l’adoption des nouvelles technologies, il n’en va pas de même dans les pays en développement. « Partant de zéro en matière de vin, les clients chinois rentrent dans les magasins avec leurs smartphones pour avoir l’histoire du vin. Ce n’est pas le futur… » a-t-il constaté lui même.
De la communication à la commercialisation
Tenant un salon de coiffure à domicile, avec une prestation tournée autour de « l’image de soi », Isabelle Chaponneau a créé son site web avec du contenu de qualité professionnelle et de « belles photos ». Le bouche à oreille s’est fait aussi via Facebook et ses notations, « avec parfois le revers de la médaille », reconnaissait-elle. Son système de réservation en ligne, avec SMS de relance a permis, selon elle, une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires. « Au départ, le téléphone ne sonnait plus, je pensais être au bord de la faillite mais les clientes peuvent choisir en fonction de leurs disponibilités et même réserver à la dernière minute ».
Pour Laurent Fiard, les clients plébiscitent de plus en plus ces services numériques. « C’est Darwinien. Il faut créer son jumeau numérique » pour survivre dans ce nouveau monde, « phygital », mélange de physique et de digital.
Créer son « jumeau numérique » pour réussir la transformation numérique de son entreprise

« La transformation numérique de mon entreprise ? Même pas peur ! », se voulait-on confiant, en ce 27 juin à l’Ensam à Cluny. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque selon son directeur, l’Ensam est symbolique puisque se pensant aujourd’hui, non plus comme une école mais comme une « plateforme technologique de haut niveau » (outillage, transformation du bois…) avec son institut de l’image (réalité augmentée, réalité virtuelle). Cette école des arts et métiers accueille 200 élèves chaque année et forment 60 « talents » en plus en fin d’étude. L’Ensam se tourne largement vers l’enseignement « personnalisé ».
A la question « même pas peur ? ». Les présidents des trois chambres consulaires de Saône-et-Loire répondaient un peu à la manière de l’avancée de leur réseau d'entrepreneurs. « C’est une véritable révolution, brutale et généralisée. Elle est d’ailleurs plus culturelle que technologique », jugeait d’emblée Michel Suchaut, pour le commerce et l’industrie. Pour lui, les entreprises n’ont d’autres choix que de s’adapter aux nouveaux modèles d’affaires et règles des marchés. Pour l’artisanat, Jean Philippe Boyer se voulait lui plus « sceptique sur ce que cela peut apporter » mais ressentait l’obligation « de ne pas se laisser dépasser ». Ce sont en effet les clients qui poussent en consommant et recherchant via Internet, y compris de l’art et des artisans. Pour l’agriculture, sans être « techno béat », Christian Decerle voit dans le numérique un mouvement « complexe et incertain » mais également « prometteur et plein d’espoir ». Au nom des trois chambres, il invitait chacun « à décloisonner nos secteurs professionnels pour aller plus loin dans la dynamique de nos territoires ».
Numériser ses produits
Après un exposé sur la transition numérique de David Barthe (voir encadré), directeur de la chambre d’Agriculture, également maître de conférence IAE Lyon en marketing digital, place était donné au concret avec des témoignages d’entreprises de Saône-et-Loire. Tous les secteurs étaient représenté, de la start-up à l’agriculture, en passant par l’artisanat et l’industrie lourde.
La Fonderie Charolaise numérise ses métiers notamment en terme de réalisation de plans (CAO), y compris à partir de pièces usagés pour après en assurer la réalisation. Les clients sont satisfaits. Mais la numérisation des produits amène aussi un problème de sécurisation de ces données. « Si on les perd, on perd notre crédibilité vis à vis des clients ». L’entreprise conserve donc ces informations sensibles dans ses locaux et non dans le « cloud » (serveurs informatiques à distance). La question de la sécurité informatique est A long terme, la fonderie veut se diriger vers l’impression 3D (agglomération de matière). Son confrère, Jean Patenet de Moules et outillages de Bourgogne, est lui déjà équipé. « GPAO, administratif, gestion clients… l’entreprise est déjà numérisée, sans oublier la robotisation pour l’outillage ». Il réfléchit maintenant à l’acquisition d’un scanner 3D pour passer de « fournisseur à partenaire » industriel.
Des produits avec de nouveaux services
La transformation des produits et de l’image de l’entreprise ne s’arrêtent pas là. Si la Fonderie Charolaise peut réaliser des cuves, la start-up Fuel-it veut les connecter et créer de nouveaux services associés. « Nos jauges connectées permettent de surveiller le volume restant dans la cuve, la consommation et d’en déduire une date prévisionnelle de rupture », expliquait François du Garreau. Des données pertinentes pour les clients comme pour les livreurs de fuel pour « lisser leur charge de travail », notamment en optimisant la logistique. Cette jauge connectée est déjà imaginée sur des cuves à lait, à eau, pour des engrais liquides…
Le client au cœur de la relation
Le grand témoin de la matinée, Laurent Fiard, président de la société Visiativ, estimait qu’il s’agit ainsi de « réinventer la proximité avec ses clients », particuliers comme professionnels, en les mettant « au cœur de la relation » afin d’anticiper leurs besoins pour mieux les fidéliser.
La compétitivité est aussi un axe de progrès avec le numérique, surtout dans un monde toujours plus en flux tendus. Et cela concerne tout le monde. Même ceux qu'on imagine pas. Les artisans sont souvent taxés d’être en retard. A Rosey, avec sa femme, Florent Joinaud s’occupe d’aménagement intérieur. Avec toujours sur lui sa tablette numérique « renforcée ». Ce dernier réalise des devis directement chez les clients. Sa femme à « bien renseigné » la base de données du logiciel pro (abonnement 250€/mois). Dès lors, le plan se transforme en devis. Un gain de temps pour lui et elle – estimé à 2 heures par jour - ainsi que pour les clients puisque la signature électronique permet de valider immédiatement la commande, envoyée par mail dans la foulée. « Cet investissement nous donne une meilleure organisation, une meilleure image avec des décisions plus fiables », explique Florence. Elle nuance par contre pour son mari : « l’informatique et l’administratif, c’est mon monde. Pas le sien. Parfois, cela va trop vite », comme le fait de ne pas pouvoir revenir sur un devis, puisque le logiciel fait office de caisse enregistreuse et donc susceptible d’être contrôlé fiscalement.
Entreprise plateforme
Parfois, les entreprises et salariés n’ont pas le choix : réglementairement, normes, labels et certifications demandés par des clients... L’administration publique oblige à télédéclarer de plus en plus par exemple, déportant le travail... Des initiatives privées aussi se font jour. Par exemple, les professionnels du bâtiment - de l’artisan à la multinationale – se tournent actuellement vers le BIM pour modéliser toutes les informations des bâtiments. Ces maquettes virtuelles en 3D sur informatique répertorient tous les processus, de la conception à l’utilisation de n’importe quelle infrastructure. Le BIM doit permettre l’échange de données entre tous les acteurs.
Pour y faire face, la solution est parfois de se regrouper. Faisant des ortho-photographies (comme les parcelles Pac), Thomas Lallouette d’IA Drone Technologie s’est associé à plusieurs autres petites entreprises pour « collaborer et réaliser des prestations complexes » via une plateforme facilitant les échanges de données pour les clients. « Nous avions tous une diversité de logiciels » qui ne communiquaient pas forcément entre eux. « Il ne faut pas opposer les technologies, elles sont complémentaires. Le plus important est la base de données de ces entreprises plateformes dont le client est au centre », intervenait Laurent Fiard. Une référence aux fameux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) et leur équivalent chinois (BATX) qui sont devenus les plus grosses capitalisations boursières.
Tout et rien, est "données"
Les données sont le « nouveau pétrole » de cette économie. L’objectif étant de prédire l’activité (ventes, production…) avec un temps d’avance. La Cave de Lugny s’est lancée - avec Orange, l’Université de Bourgogne, Vitagora et des start-up (voir page HH) – dans un projet d’Internet des objets et de big data. « Depuis des capteurs à la vigne (pieds, enjambeurs…) jusqu’au chai de vinification et après jusqu’au consommateur final, notre objectif est d’améliorer nos façons de travailler », détaille Edouard Cassanet, le directeur. Une agriculture ou plutôt ici, une viticulture de précision pour réduire notamment les décriés traitements ou intrants.
Des données qui pourront également alimenter l’étiquette du vin de demain (parcelle, date de vendange…). De ce côté des clients, si dans les pays occidentaux le poids des habitudes de consommation freine l’adoption des nouvelles technologies, il n’en va pas de même dans les pays en développement. « Partant de zéro en matière de vin, les clients chinois rentrent dans les magasins avec leurs smartphones pour avoir l’histoire du vin. Ce n’est pas le futur… » a-t-il constaté lui même.
De la communication à la commercialisation
Tenant un salon de coiffure à domicile, avec une prestation tournée autour de « l’image de soi », Isabelle Chaponneau a créé son site web avec du contenu de qualité professionnelle et de « belles photos ». Le bouche à oreille s’est fait aussi via Facebook et ses notations, « avec parfois le revers de la médaille », reconnaissait-elle. Son système de réservation en ligne, avec SMS de relance a permis, selon elle, une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires. « Au départ, le téléphone ne sonnait plus, je pensais être au bord de la faillite mais les clientes peuvent choisir en fonction de leurs disponibilités et même réserver à la dernière minute ».
Pour Laurent Fiard, les clients plébiscitent de plus en plus ces services numériques. « C’est Darwinien. Il faut créer son jumeau numérique » pour survivre dans ce nouveau monde, « phygital », mélange de physique et de digital.