Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?
Pour son premier cycle de conférences sur le thème de l’agriculture connectée, la chambre d’Agriculture de Saône-et-Loire et Nicéphore Cité ont voulu taper fort d’emblée en questionnant la place de la robotique en agriculture ? Passé, présent et futur. A Chalon-sur-Saône ce 13 décembre, point de geeks béats mais des débats sur les opportunités et limites de ces machines. Serez vous plutôt robots, agriculteurs augmentés d’exosquelette et d’IA, rien de tout cela ou bien pour un mix équilibré ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.
Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.
Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.
Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.
Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.
Cycle agriculture connectée Robots ou agriculteurs "augmentés" ?

« Les agriculteurs sont sur ce sujet bien plus en avance que les industries ». Ce n’est pas un élu agriculteur qui le dit mais Rodolphe Uhlmann, chef de projet au Grand Chalon, qui pilote entre autre Nicéphore Cité dont la mission est dorénavant « recentrée » sur la transformation digitale des entreprises de Dijon à Mâcon. C’est même tout le quartier proche qui a pour projet d’être une Cité de l’ingénierie numérique, avec l’institut de recherche de l’ENSAM, l’école des arts et métiers du CNAM… Pas de meilleur lieu donc pour cette première matinée d’un cycle consacré à l’agriculture connectée voulue par la chambre d’Agriculture.
Nouvelle étape en vue
Après les obligations administratives (traçabilité…) imposées dans les fermes, « une nouvelle étape arrive, plus pour continuer d’améliorer les performances des exploitations », analyse David Barthe, directeur de la chambre d’Agriculture. L’informatique gagne du terrain pour toujours plus de traçabilité et de sécurité sanitaire. La société les réclame et les clients sont en quête de transparence et d’informations sur la fabrication des produits. Et ils sont connectés.
Mais pas question ici d’être « techno béat » (comme certains magazines faisant la promotion de toutes les start-up à la mode), « ces outils doivent faciliter le travail de l’agriculteur pour faire autre chose ». Et surtout pas pour devenir dépendant de ces technologies. Il faut donc les tester et ça, la chambre « le faisait déjà sans le dire » à la Ferme de Jalogny (colliers/boucles connectés, auges peseuses…) ou dans ses vignobles expérimentaux. A l’automne 2020 s’ajoutera son Vitilab à Davayé.
Second mais loin derrière les industries
« On ne part pas de zéro, l’agriculture constitue le second marché de la robotique professionnelle », motivait Didier Sauvage, en charge du développement des usages numériques. Reste que cette seconde place masque un vrai écart par rapport aux grands secteurs industriels (automobile en tête). Il y en a peu en agroalimentaire et l’agriculture ne pèse que 0,09 % des robots produits dans le monde.
Néanmoins, selon un sondage, la moitié d’entre vous seraient prêts à confier des tâches à un robot. Pour l’heure, beaucoup de start-up se sont lancés dans ces #Agtech, leur hashtag de ralliement sur les réseaux sociaux. Mais peu finalement d’acteurs classiques spécialisés, à l’exception évidemment des robots de traite Lely et récemment, de John Deere et Claas qui promettent des tracteurs autonomes. Face au peu de démonstrations convaincantes, les agriculteurs attendent (lire encadré sur la table ronde).
Au final, en France en 2018, toutes filières agricoles confondues, 11.000 robots sont installés. Très peu en filières végétales. Mais d’autres pays, Européens notamment, accélèrent à l’image des installations laitières en Finlande à 90 % faites avec des robots de traite. Pour des questions de compétitivité, de main d’œuvre, de flexibilité, de pénibilité… et même de bien être animal !
0,09 % des robots mondiaux
Mais qu’est-ce qu’un robot (du mot tchèque « travail ») ? « L’intérêt d’un robot est sa prise de décision en automatique », définit Christophe Perrard, du Cluster Robotics Valley. Pour imaginer les futurs robots agricoles, il faut s’intéresser à deux grands secteurs : l’automobile et l’électronique (dont téléphonie). L’industrie donc. L’Europe n’est ni première ni dernière en la matière. Pour pouvoir comparer les pays entre eux, le ratio du nombre de robots par 10.000 employés, place la France à 154, loin derrière l’Allemagne (338) ou Singapore (831). Et le fossé se creuse : « pendant qu’il s’en vend 3.000 en France, 5.000 en Italie, il s’en installe 15.000 en Allemagne… car notre milieu des PME-PMI n’est pas prêt », concède-t-il, rappelant le plan Français pour corriger ces écarts.
Autre information permettant de comprendre la difficulté demain à déployer des robots dans les exploitations françaises, « les robots aiment la certitude pour agir, c’est la difficulté en milieu extérieur » non confiné. Au vu des progrès technologique et de préhension (faculté de se saisir d’un objet), on comprenait à travers la matinée, que les « corps et muscles » des robots sont prêts mais pas le « cerveau » (algorithmes, IA, deep learning…). Cela avance tout comme les capteurs (vision caméra, micros, toucher haptique…).
Collaborer avec des robots
D’où l’intérêt - pour certains experts - des robots collaboratifs (Cobots), « stupides », sans autonomie de décision mais qui aident la personne dans son mouvement. D’ailleurs, question robots, la science fiction nous permet plus facilement de les imaginer. Pour l’heure, même si Terminator n’est pas exclu, après Wall-E qui s’apparente à un drone roulant portant des objets, c’est plutôt Iron Man qui pointe son nez.
Le CEA, Commissariat à l’énergie atomique, a très vite compris l’intérêt des robots en milieu radioactif. A Saclay, 50 personnes travaillent avec Frédéric Colledani du CEA qui a reçu l’ordre « d’en faire bénéficier les entreprises ». En agriculture, citons Terrena, Cooperl, Limagrain, Claas… pour créer des robots mais aussi en adapter d’autres. Il présentait notamment un exosquelette, un robot « prêt à porter » en quelque sorte, pour aider les ouvriers du BTP à étaler du goudron, par amplification de la force de l’ouvrier. Mais pas forcément adapter pour poursser le fourrage en stabulation néanmoins...
L’économie rebattue
Mais à la question « pourquoi de "petites" fruitières à Comté préfèrent un salarié qui se casse le dos à retourner les meules de 50 kg plutôt qu’investir dans un robot alors que ce dernier existe déjà », la réponse du modèle économique refaisait surface par rapport à de « plus grosses structures pouvant investir ». La robotique en se développant risque donc de rebattre les modèles économiques, l’acceptabilité des robots (destruction d’emplois ?) ou au contraire, l’attractivité de certains métiers…
Pour Catherine Simon, experte Robotics & AI (IA en français pour intelligence artificielle), la France a une belle carte à jouer autour « de la robotique mobile extérieure » pouvant intéresser le secteur agricole et « ses petites exploitations aux faibles capacités d’investissement ». Par exemple, des chariots autonomes suivant la personne ou des robots « low cost » sont en train d’être développés.
Chine, Japon, Etats-Unis… la course (aux brevets déjà) est lancée. N’en déplaisent aux luddites passés et à venir, il ne s’agit que d’une énième évolution de notre société industrielle. L’agriculture n’y échappera pas comme le prouve son histoire : les agriculteurs sont passés de l’aide de l’animal aux tracteurs, maintenant équipés de consoles et d’écran avec cartes des parcelles et autres OAD. Un nouveau genre d’humain « augmenté » est aussi en train de naitre (prothèse auditive, lunettes avec réalité augmentée, bras robotique…), décuplant vision, force, vitesse… La prochaine conférence du 19 mars s’intéressera justement à tous ces objets connectés (IOT), toujours avec un focus sur ceux en milieux agricoles.
Mais à entendre les experts, même si le métier de « berger de robots » va se répandre, le savoir-faire et les savoirs des agriculteurs ont encore de beaux jours avant qu’une intelligence informatique (IA) ou un robot ne les égale eux. Ouf.