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Flavescence dorée

« D’abord éteindre le feu ! »

2013 sera cruciale dans la lutte contre la flavescence dorée en
Bourgogne. Dans les prochains mois, l’exceptionnel foyer mâconnais va
révéler sa véritable ampleur. Au Nord et au Sud du département, la
prospection devrait permettre d’adapter ensuite la lutte. Partout, la
lutte insecticide obligatoire débute. Pour en sortir, arrachage des
pieds infestés et plantation de pieds traités à l’eau chaude doivent
devenir un réflexe durable.
Par Publié par Cédric Michelin
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L’image prise par le responsable du service Vigne & Vin à la chambre d’agriculture est forte de sens. « C’est comme si vous découvriez le feu dans votre maison sans encore bien voir son ampleur. La priorité est de l’éteindre. Après, on verra », illustrait Didier Sauvage à Buxy. La maison en question, c’est le vignoble de la Bourgogne, du Sud principalement. Des braises –foyers de phytoplasme– sont sorties du périmètre de lutte 2012. Le risque d’explosion est à nouveau grand avec les nombreuses cicadelles vectrices alentours, telles de l’huile près de ce feu.
L’efficacité du combat dépendra donc de la lutte par tous. Partout en même temps, il faut "encercler le feu" pour empêcher tout départ potentiel de nouveaux foyers. Ainsi, la lutte insecticide contre le vecteur de la maladie débute ces jours-ci. Entre itinéraires bio et conventionnel, un léger décalage est normal, selon les spécialités visant, soit le stade larvaire, soit le stade adulte. La Côte-d’Or a même pris un arrêté préfectoral pour également diminuer les populations de cicadelles. Et le Beaujolais est sur ses gardes.

Une opération collective


Mais la semaine passée, à Beaune, à Buxy comme à Mâcon, l’heure était à la préparation pratique de la seconde phase de la lutte. La plus minutieuse. La plus pénible aussi.
Il s’agissait de définir, d’expliquer la stratégie et surtout de répondre aux premières questions des "responsables communaux". Ces vignerons seront le « premier maillon » de la lutte sur le terrain. Ils devront impliquer leurs collègues –mais aussi tous les autres propriétaires de vigne– sur leur(s) commune(s). Ces référents assureront la « transmission » des informations avec les techniciens et services administratifs. Tous comptent sur une dynamique collective pour bien « quadriller » le territoire. L’objectif est « d’aller tous en rang serré », repérer, marquer en vue d’arracher le maximum de pieds infestés par cette jaunisse. « C’est la clé de la réussite de l’opération », expliquait Charles Chambin, de la Fredon Bourgogne.

Une première vision pour aménager ensuite la lutte


Auparavant, des techniciens vont venir former les viticulteurs pour les aider à bien reconnaître les symptômes de jaunisses. Ainsi repérés et marqués sur le terrain par les équipes communales de viticulteurs, un certain nombre de pieds feront l’objet de prélèvements pour faire la distinction entre flavescence dorée et bois noir qui, tous deux, présentent des symptômes identiques. Des piégeages et comptages des nombres de cicadelles permettront de statistiquement confirmer les risques de propagation ou d'estimer l’absence de risque. « Pour sortir votre vignoble de cette difficulté, il faudra être extrêmement rigoureux cette année », expliquait-il en Côte chalonnaise et Couchois. Même espoir pour le Sud Mâconnais pouvant encore voir aménager l’an prochain la lutte obligatoire. « C’est cette vision fine des foyers de la maladie qui permet d’envisager d’autres modalités de lutte », résumait Didier Sauvage.
En revanche, dans le Nord Mâconnais, bien des viticulteurs se préparent « à vivre avec », en se préparant à limiter chaque année sa diffusion…



Des craintes légitimes


Certaines craintes émergeaient. Par son ampleur, ce foyer mâconnais est unique, y compris pour les spécialistes. Les chercheurs n’ont encore pas toutes les réponses. Pablo Chevrot, viticulteur à Maranges, ou encore Pierre de Benoist, exploitant à Bouzeron, demandaient donc si des remontées de filière ou des statistiques seront faites sur les cas positifs, pour faire avancer les études. Pour cela, les organismes mettront à disposition des viticulteurs des outils : cartes à annoter (avec références GPS si possible), questionnaires (papier ou web) et même peut-être une application smartphone pour « remonter le plus d’informations » des vignerons et techniciens qui arpenteront le vignoble.
Viticulteur à Vinzelles, Jean-Philippe Bret cherchait aussi à savoir si des différences de populations de cicadelles entre zones de cultures, selon les modes de conduite… avaient déjà été observées. « Pas en Côte de Beaune », lui répondait Charles Chambin. Claude Magnien se livrait : « entre bio ou non, aucune différence n’est observée, mais plus en fonction de l’altitude, des expositions, de la vigueur. En Saône-et-Loire et en Côte-d’Or, les populations de cicadelles sont telles que le potentiel de dissémination est très important. Pour preuve, même des vignes mères ayant reçu des traitements insecticides ont pu être contaminées car, dans leur environnement, les populations de cicadelles étaient très fortes. On doit maintenant les faire tomber pour être plus serein après ».
A chaque réunion, la question des friches et des ZNT –Zones de non traitement– revenait. Beaujolais, Maranges, Couchois… sont particulièrement concernés mais pas uniquement. « Dans l’aire AOC Mâcon, c’est au moins une friche par commune », indiquait le président de l’ODG, Jérôme Chevalier, qui craignait aussi « le risque de les pointer du doigt » et de créer de ce fait des tensions locales. Du SRAl, Claude Magnien se voulait rassurant : « même si ce n’est pas idéal, les friches ou ZNT ne vont pas casser tout le dispositif ». Ces « sources potentielles de recontamination » seront surveillées (contrôles SRAl). Pascal Gaguin rappelait que le préfet avait été alerté sur ce sujet mardi dernier à Saint-Gengoux-de-Scissé. Même si la CAVB a indiqué des pistes, aucune décision préfectoral n’est arrêtée pour l’heure sur les friches. « Avant de faire arracher, il faut des éléments factuels pour démontrer leur dangerosité. Ce sont de longues procédures. Les propriétaires ont des droits à respecter. Vous pouvez nous les signaler –avant la fin de la campagne– pour qu’on estime les risques », rappelait Claude Magnien.





« Gare aux retours de bâton ! »


La semaine passée à Chaintré, lors de la visite du préfet et de ses services (DDT71), Yann Desgouille exprimait son inquiétude vis-à-vis des traitements. Même s’il comprenait la nécessité de lutter et « ne pas revenir sur ce principe de précaution », il mettait en avant l’absence de sensibilisation des habitants de Leynes. Dans sa commune, « une vigne se trouve à quelques mètres de l’école. Gare aux retours de bâton des parents. Je n’ai pas envie d’être regardé par mes voisins en chien de faïence. Nous avons besoin de communication vers les mairies et vers les particuliers, mais aussi de formation pour la prophylaxie ».



www.stop-flavescence-bourgogne.fr