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Maison James à Autun

De belles valeurs préservées

Depuis 186 ans, l’armurerie – coutellerie autunoise est toujours restée fidèle à la même adresse et la famille James dirige cette entreprise depuis trois générations. Cette constance lui vaut aujourd’hui une réputation enviable. La maison James, c’est avant tout un savoir-faire indiscutable dans les armes de chasse et la coutellerie. C’est aussi une vision du commerce « à l’ancienne », laquelle a su résister à l’avidité du « business » contemporain.
Par Publié par Cédric Michelin
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Fondée il y a 186 ans, la maison James est sans doute la plus ancienne enseigne d’Autun. L’histoire de cette honorable entreprise commence en 1824 avec l’ouverture d’une boutique de coutellerie - cisellerie au 51 de la rue Aux – Cordiers. Au début des années 1900, les propriétaires de l’époque accueillent le jeune Antonin James en apprentissage. Issu d’une fratrie de neuf enfants de la région de Saint-Honoré-les-Bains (58), le jeune homme apprend le métier de coutelier. En 1905, les patrons d’Antonin lui transmettent définitivement l’affaire et la boutique prend le nom de James. A l’époque et jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, la maison James fabrique et vend des articles de coutellerie. Maître dans son art, Antonin James devient le président de la commission d’apprentissage des couteliers de France et il publie un manuel technique de coutellerie. Son fils Henri lui succède en 1945. Formé en apprentissage d’armurerie à Saint-Etienne, c’est Henri James qui développe cette activité au sein de l’enseigne. Au sortir de la seconde guerre mondiale, la demande en fusils était très forte. Cette situation a contribué à l’essor de la maison James dans l’après-guerre.

Troisième génération



Né en 1949, Jean-Claude emboîte le pas de ses illustres ascendants en enchaînant un CAP de coutelier puis un brevet d’armurier. Il rejoint son père dans l’entreprise en 1970. En 1975, il dépose un brevet pour un matériel de rechargement pour munition d’armes rayées. Une innovation qui lui vaut d’être distingué par le Ministère du commerce et de l’artisanat de l’époque. Troisième représentant de la dynastie James, Jean-Claude reprend la boutique en 1978. Durant les trois décennies qui suivent, la maison va accroître sa réputation en perpétuant avec succès ses spécialités ancestrales – la coutellerie et l’armurerie.  Aujourd’hui, la renommée de la maison James dépasse largement les frontières départementales. Une reconnaissance qui a pourtant été acquise « à l’ancienne », sans jamais céder un pouce sur le terrain du professionnalisme ni sur la qualité du service rendu au client.

Du « sur mesure »



Là où d’autres se sont mués en revendeurs d’armes « standard », la maison James a su conserver son côté artisanal qui lui permet de répondre au plus près des attentes de ses clients. Dans son atelier, l’entreprise assure la remise en état et l’entretien des armes. Parmi ses spécialités, elle effectue le montage des optiques de lunettes sur les fusils. Grâce à une machine mise au point par Henri James, la maison propose aussi d’adapter les crosses de fusils à la morphologie des tireurs. Du « sur mesure »  en quelque sorte qui n’est pas sans rappeler l’artisanat d’autrefois. Une particularité qu’assume parfaitement Jean-Claude James. D’ailleurs, même lorsqu’il s’est agit d’agrandir le magasin il y a quatre ans, l’héritier de la dynastie s’est refusé à rejoindre la zone industrielle « par peur d’y perdre son âme ».
Intègre, l’armurerie a su préserver un niveau de compétence très pointu dans son domaine. Elle est l’une des rares de sa corporation à s’être fait une spécialité de la vente d’armes d’occasion ; des fusils généralement haut de gamme que la maison garantit.

Ecoute et courtoisie



Pour Jean-Claude James, la satisfaction du client prime sur tout le reste. Une exigence qui s’exprime dès que l’on franchit la porte du magasin. Rien à voir avec la froideur ou l’agressivité désobligeante des commerces de grandes villes. Ici, courtoisie, écoute et honnêteté dominent. En quarante ans d’activité, Jean-Claude James a vu évoluer les mentalités dans le commerce. Aujourd’hui, la seule chose qui compte, c’est de vendre. Peu importe si le client n’est pas satisfait ou si l’objet ne fonctionne pas ! Ces dérives, l’armurier autunois les déplore. D’ailleurs dans sa boutique, elles n’ont pas droit de cité et l’homme veille à ce qu’il en soit ainsi. Chez James, le service au client est vécu comme un véritable « accompagnement ». « Lorsqu’un client achète un nouveau fusil, nous le faisons revenir pour essayer son arme. Nous réglons l’arme et le faisons tirer pour le rassurer. Pendant les réparation, nous prêtons même des fusils de courtoisie », confie Jean-Claude James.

Dynamisme et innovation



Dans une région aussi rurale que l’Autunois-Morvan, c’est une fierté d’avoir une entreprise aussi prestigieuse. Située à proximité de magnifiques terrains de chasse que sont les massifs du Morvan, de la Côte-d’Or et du Nivernais, la maison James attire une très importante clientèle de chasseurs, auxquels il faut ajouter de nombreux agriculteurs, pour lesquels, la coutellerie vend et aiguise les peignes de tondeuses.
Dynamique, l’entreprise n’hésite pas à s’exposer au salon de l’armurerie de Rambouillet. Elle s’est également créé un site internet qui lui vaut la visite en magasin de clients venus de toute la France. Aujourd’hui, l’armurerie – coutellerie continue d’innover. En 2007, Jean-Claude créait « l’Express Traqueur One », une arme spécialement conçue pour les traqueurs. Il y a quelques années, la maison lançait « le Galvacher ». Il s’agit d’un couteau de poche, inspiré du traditionnel couteau de charretier jadis très répandu dans la région.

Les fusils d’arts en prime



Plus récemment, l’armurerie James vient de créer une ligne de trois magnifiques fusils d’art. Baptisée Odyssée, cette trilogie est l’œuvre de Pauline Zacharie, jeune armurière de 24 ans ayant intégré l’entreprise autunoise en 2007. Pauline est la première femme en France titulaire d’un brevet des métiers d’arts, section armurerie. En la recrutant, Jean-Claude James lui a permis de concrétiser son projet de création. Pour la maison James, c’était aussi l’occasion de s’inscrire dans une vision plus artistique de l’arme. Crosses en noyer, aciers sculptés ornés de pierres précieuses, décorations de nacre, dentelles ou de cuir, le tout présentés dans de luxueux écrins… Les trois objets sont assurément magnifiques. Visiblement très fier de ces créations, Jean-Claude James rêve de les exposer à l’étranger et de trouver, pourquoi pas, quelques riches et prestigieux acquéreurs. Mais, fidèle à lui-même, l’armurier autunois ne veut pas que cette incursion dans le luxe n’entame l’image de son enseigne. A soixante ans passés et en digne représentant d’une dynastie de commerçants morvandiaux, Jean-Claude James veut garder les pieds sur terre et continuer à « accompagner » ses clients, quels qu’ils soient, comme l’ont fait avant lui Antonin et Henri.

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