De l’importance d’une lutte collective
important foyer de flavescence dorée de la vigne a été détecté, maladie
dont la lutte est réglementée tant en France qu’en Europe. Pour la
profession comme pour l’administration, l’heure est à la mobilisation
pour contenir la propagation, et résoudre le foyer.
Contenir la maladie
Si elle n’a aucune conséquence sur la qualité des vins - c’est important et il faut le rappeler -, la maladie est à prendre avec sérieux. Sa lutte est ainsi réglementée tant au niveau français qu’européen, mais surtout la Bourgogne fait partie des vignobles français officiellement indemnes. L’objectif professionnel est donc clair : tout doit être fait pour conserver ce statut, au regard de l’avantage économique (la lutte a un coût) et environnemental (il s’agit d’une lutte insecticide) qu’il apporte.
Dans le cadre de la prospection annuelle en place depuis plus de dix ans et coordonnée par la Draaf Bourgogne, en collaboration avec la profession, mais aussi avec les distributeurs, un premier cas de flavescence dorée avait été identifié en 2004 sur une jeune vigne à Saint-Gengoux-le-National. la contamination avait pour origine l’utilisation d’un porte-greffe infesté par le phytoplasme de la flavescence dorée. La mise en œuvre précoce de la lutte obligatoire, avant que la cicadelle vectrice du phytoplasme - insecte naturellement présent en Bourgogne - n’ait assuré la dissémination de la maladie, a permis d’assainir le foyer après deux années de lutte obligatoire.
Depuis 2004, trois autres foyers - ayant tous une origine similaire (contamination par le porte-greffe) - et d’intensité équivalente, ont été détectés : en 2005 à Puligny-Montrachet (21), en 2006 à Meloisey (21) et en 2009 à Rosey Bissey-sous-Cruchaud. Les deux foyers ont été éradiqués, le dernier qui sera encore en lutte obligatoire en 2012 est en passe de l’être.
En 2011, outre le foyer de Plottes, la surveillance de la Draaf a permis de détecter un autre cas sur la commune de Montagny-lès-Buxy ayant, lui, une origine identifiée puisqu’il s’agit d’un pied contaminé par son porte-greffe et situé dans une jeune vigne de dix ans.
Pour ce qui est de Plottes - où la présence très importante de symptômes de jaunisse dans une parcelle de 53 ares -, plus de 50 % des pieds sont contaminés et les symptômes apparaissent très marqués. Des parcelles voisines sont également touchées et les analyses ont confirmé l’existence d’un foyer « d’une ampleur inégalée pour la Bourgogne ».
Un enjeu de taille
« L’éradication de la maladie sur l’ensemble de la Bourgogne demeure un objectif accessible, d’autant plus que, désormais, le risque de nouvelle introduction, via les plants greffés-soudés, est quasiment nul, depuis que ces derniers font obligatoirement l’objet d’un traitement à l’eau chaude », insistait Claude Magnien de la Draaf Bourgogne (ex SRPV), à l’issue de son exposé sur la maladie, sur son vecteur et sur la situation réelle du foyer de Plottes.
Le matin, en présence d’un parterre moins nombreux de viticulteurs, et aux côtés de Robert Martin, président de l’Union viticole de Saône-et-Loire et membre de la chambre d’agriculture, François Philizot, préfet, a tenu à insister sur l’enjeu lié à la réussite de cette lutte collective, mais aussi individuelle. « L’enjeu est important. Il nous faut prendre le problème à bras-le-corps. Nous devons tous être attentifs ; il impose une discipline collective et individuelle ».
Des symptômes à surveiller
Claude Magnien a présenté la flavescence dorée, maladie dont les symptômes sont communs au bois noir. Il s’agit en effet d’une jaunisse de la vigne, trouvant son origine dans l’action d’un phytoplasme, bactérie sans paroi qui se développe dans la sève de la plante. Seule l’analyse du pétiole des vignes par un laboratoire permet de différencier la flavescence dorée du bois noir.
Il est à noter que les symptômes ne sont visibles qu’à partir de la véraison, et se manifestent par :
- un non-aoûtement partiel ou total des bois, conférant alors un port retombant au pied ;
- un enroulement et une décoloration partielle – voire totale – des limbes des feuilles, en particulier des nervures (jaune pour le chardonnay, rouge pour le pinot et le gamay) ;
- quant aux inflorescences et aux baies, elles disparaissent, se flétrissent et ne pourront donner lieu à récolte.
Ces symptômes ne sont pas imputables à la seule flavescence dorée, puisque communs au bois noir, maladie peu endémique et à ce titre moins dangereuse que la flavescence. Par ailleurs, l’expression de ces symptômes – s’ils s’aggravent d’année en année – peut être différente selon les années.
Une maladie grave, car très épidémique
Au sein d’un vignoble, à partir de quelques pieds atteints, la flavescence dorée peut être dispersée très rapidement par la cicadelle de la flavescence dorée, insecte inféodé à la vigne et naturellement présent sur tout le vignoble bourgogne.
Les répercussions de la maladie sont importantes :
- perte totale de la récolte sur les pieds atteints ;
- dégâts s’aggravant d’année en année ;
- dépérissement des ceps ;
- forte évolution de l’épidémie.
D’où, dans les vignobles contaminés, la prise d’un arrêté préfectoral lequel rend obligatoire la lutte contre le vecteur – en conventionnel comme en production bio – et l’arrachage des ceps atteints, voire des parcelles fortement contaminées. Et ce, dans un périmètre de lutte qui inclut obligatoirement - et a minima - l’ensemble des communes sur lesquelles un cas a été détecté, élargi aux communes limitrophes. Les résultats attendus des dernières analyses permettront de définir sans tarder et avec précision ce périmètre.