Colza associé
De premiers résultats intéressants
Des itinéraires techniques innovants sont actuellement expérimentés, sur blé et colza, pour répondre à des enjeux agronomiques et environnementaux. La culture du colza associé fait partie de ces nouvelles techniques. Elle est testée en Bourgogne. La campagne 2009-2010 nous livre ses premiers résultats partiels.
Le colza associé consiste à semer avec le colza une ou plusieurs autres plantes. Cette technique est actuellement expérimentée par les chambres d’Agriculture de l’Yonne, de la Côte d’Or et de la Nièvre notamment, dans le cadre d’un réseau national baptisé Picoblé. Animé par le Cétiom, ce réseau est constitué de différents partenaires comme l’Inra, les instituts techniques et plusieurs chambres d’Agriculture.
Mais pourquoi associer d’autres plantes au colza ? L’objectif est que la ou les plantes associées puissent aider l’agriculteur dans la conduite de sa culture de colza et ceci à trois niveaux.
1) Le système racinaire de la plante associée va fissurer le sol et permettre au colza de mieux s’implanter. La qualité d’implantation d’un colza s’observe à l’entrée de l’hiver : idéalement son pivot doit atteindre une longueur de 15 cm et son diamètre au collet mesurer 8 mm. Ces valeurs ne sont pas toujours atteintes et le "travail" des racines de la plante associée peut améliorer l’enracinement du colza, en particulier dans les techniques de semis direct. Dans ces systèmes, nous favoriserons les associations de couverts avec des systèmes racinaires complémentaires (lentilles avec effet superficiel et féverole avec effet plus en profondeur).
2) Le deuxième effet attendu est la concurrence vis-à-vis des adventices. Si les plantes associées au colza se développent correctement, elles vont couvrir le sol et devenir des concurrentes des adventices que ce soit pour la lumière, l'eau ou les éléments fertilisants. Cet effet peut être particulièrement intéressant pour les colzas semés à grand écartement (45-50 cm). Les plantes associées, semées à la volée, juste avant le semis de colza vont se développer dans l’inter-rang et vont ainsi aider le colza à étouffer les mauvaises herbes. Mais l’efficacité de l’association dépend du type d’adventices. A priori, sur une forte population de graminées, l’efficacité ne sera pas suffisante. De même en présence de gaillets ou de nombreux géraniums, l’efficacité risque d’être très aléatoire. Les expérimentations en cours aideront à choisir les plantes associées les plus efficaces.
3) Enfin, le dernier effet attendu concerne l’azote. Les plantes associées absorbent de l’azote à l’automne. Ces plantes - qui doivent être gélives - sont détruites par le gel. La minéralisation de leurs résidus doit alors permettre de restituer au colza une partie de l’azote qu’elles ont absorbé. Si ce sont des légumineuses, on peut même espérer récupérer de l’azote supplémentaire si les nodosités ont le temps de se mettre en place.
Des objectifs clairs
Les expérimentations du réseau Picoblé visent à vérifier ces postulats et à définir :
? les couverts les plus intéressants, lesquels doivent être gélifs, ne pas être trop concurrents au colza, si possible capables de fixer de l’azote de l’air comme les légumineuses et posséder un système racinaire qui fissure bien le sol. La féverole semble particulièrement bien remplir ce rôle.
? la technique d’implantation à privilégier : elle doit être rapide, économique et économe en énergie. En règle générale, les couverts associés sont semés en même temps que le colza (mélange dans la trémie). L’implantation des couverts à grosses graines (féverole par exemple) peut être réalisée, soit à la volée avant le semis du colza, soit en utilisant un système de trémie séparée.
Pour cette première année, les essais ont consisté à mettre en place des bandes de cultures associées (sarrasin, trèfle, féverole, pois, lentilles), puis à semer le colza. Les premiers résultats sont encourageants, mais ils montrent aussi que la technique n’est pas aisée à mettre en œuvre.
Attention aux choix du couvert et à la dose de semis
À Saint-Privé*, les plantes associées au colza et comparées entre elles ont été le sarrasin, le pois de printemps, la féverole et le trèfle d’Alexandrie. Les plantes les plus développées comme le pois et le sarrasin ont concurrencé le colza. Des densités de semis un peu trop fortes ont été, en partie, responsables de cette concurrence.
Compte tenu du faible enherbement de la parcelle, l’effet lutte contre les mauvaises herbes n’a pas pu être mesuré. La chambre d’Agriculture de la Nièvre a testé la lentille fourragère dans un milieu fortement infesté en géranium. Même si les résultats finaux ne sont pas satisfaisants, la lentille semble présenter des effets allélopathiques qui ont diminué la population de géranium (-20 %). Cette espèce présente également l’avantage d’avoir une bonne levée en condition sèche.
Un impact du couvert sur l’enracinement du colza a été observé via la mesure du diamètre au collet et de la longueur des pivots. Pour cette première année, le pois a eu tendance à pénaliser le développement racinaire du colza (semis à trop forte densité). Les autres couverts ont eu plutôt un effet positif sur l’enracinement.
A l’entrée de l’hiver, l’essai montre que la biomasse du colza seul est équivalente à celle du colza avec trèfle, légèrement supérieure à celle du colza avec féverole et nettement supérieure à celles du colza avec pois ou sarrasin.
A floraison (voir figure n°1), les pesées de matière sèche montrent la tendance du trèfle associé à dynamiser la croissance du colza. Le colza associé au pois de printemps reste le moins développé. Il reste à mesurer l’incidence de cette différence de matière sèche sur le rendement.
L’évaluation de la technique du colza associé passe encore par l’intégration de nombreux autres critères comme le mode d’implantation. Cela fera l’objet des prochaines expérimentations qui seront renouvelées dès l’année prochaine.
* Site mis en place par la CA 89 et co-suivi par l’Inra de Versailles
Mais pourquoi associer d’autres plantes au colza ? L’objectif est que la ou les plantes associées puissent aider l’agriculteur dans la conduite de sa culture de colza et ceci à trois niveaux.
1) Le système racinaire de la plante associée va fissurer le sol et permettre au colza de mieux s’implanter. La qualité d’implantation d’un colza s’observe à l’entrée de l’hiver : idéalement son pivot doit atteindre une longueur de 15 cm et son diamètre au collet mesurer 8 mm. Ces valeurs ne sont pas toujours atteintes et le "travail" des racines de la plante associée peut améliorer l’enracinement du colza, en particulier dans les techniques de semis direct. Dans ces systèmes, nous favoriserons les associations de couverts avec des systèmes racinaires complémentaires (lentilles avec effet superficiel et féverole avec effet plus en profondeur).
2) Le deuxième effet attendu est la concurrence vis-à-vis des adventices. Si les plantes associées au colza se développent correctement, elles vont couvrir le sol et devenir des concurrentes des adventices que ce soit pour la lumière, l'eau ou les éléments fertilisants. Cet effet peut être particulièrement intéressant pour les colzas semés à grand écartement (45-50 cm). Les plantes associées, semées à la volée, juste avant le semis de colza vont se développer dans l’inter-rang et vont ainsi aider le colza à étouffer les mauvaises herbes. Mais l’efficacité de l’association dépend du type d’adventices. A priori, sur une forte population de graminées, l’efficacité ne sera pas suffisante. De même en présence de gaillets ou de nombreux géraniums, l’efficacité risque d’être très aléatoire. Les expérimentations en cours aideront à choisir les plantes associées les plus efficaces.
3) Enfin, le dernier effet attendu concerne l’azote. Les plantes associées absorbent de l’azote à l’automne. Ces plantes - qui doivent être gélives - sont détruites par le gel. La minéralisation de leurs résidus doit alors permettre de restituer au colza une partie de l’azote qu’elles ont absorbé. Si ce sont des légumineuses, on peut même espérer récupérer de l’azote supplémentaire si les nodosités ont le temps de se mettre en place.
Des objectifs clairs
Les expérimentations du réseau Picoblé visent à vérifier ces postulats et à définir :
? les couverts les plus intéressants, lesquels doivent être gélifs, ne pas être trop concurrents au colza, si possible capables de fixer de l’azote de l’air comme les légumineuses et posséder un système racinaire qui fissure bien le sol. La féverole semble particulièrement bien remplir ce rôle.
? la technique d’implantation à privilégier : elle doit être rapide, économique et économe en énergie. En règle générale, les couverts associés sont semés en même temps que le colza (mélange dans la trémie). L’implantation des couverts à grosses graines (féverole par exemple) peut être réalisée, soit à la volée avant le semis du colza, soit en utilisant un système de trémie séparée.
Pour cette première année, les essais ont consisté à mettre en place des bandes de cultures associées (sarrasin, trèfle, féverole, pois, lentilles), puis à semer le colza. Les premiers résultats sont encourageants, mais ils montrent aussi que la technique n’est pas aisée à mettre en œuvre.
Attention aux choix du couvert et à la dose de semis
À Saint-Privé*, les plantes associées au colza et comparées entre elles ont été le sarrasin, le pois de printemps, la féverole et le trèfle d’Alexandrie. Les plantes les plus développées comme le pois et le sarrasin ont concurrencé le colza. Des densités de semis un peu trop fortes ont été, en partie, responsables de cette concurrence.
Compte tenu du faible enherbement de la parcelle, l’effet lutte contre les mauvaises herbes n’a pas pu être mesuré. La chambre d’Agriculture de la Nièvre a testé la lentille fourragère dans un milieu fortement infesté en géranium. Même si les résultats finaux ne sont pas satisfaisants, la lentille semble présenter des effets allélopathiques qui ont diminué la population de géranium (-20 %). Cette espèce présente également l’avantage d’avoir une bonne levée en condition sèche.
Un impact du couvert sur l’enracinement du colza a été observé via la mesure du diamètre au collet et de la longueur des pivots. Pour cette première année, le pois a eu tendance à pénaliser le développement racinaire du colza (semis à trop forte densité). Les autres couverts ont eu plutôt un effet positif sur l’enracinement.
A l’entrée de l’hiver, l’essai montre que la biomasse du colza seul est équivalente à celle du colza avec trèfle, légèrement supérieure à celle du colza avec féverole et nettement supérieure à celles du colza avec pois ou sarrasin.
A floraison (voir figure n°1), les pesées de matière sèche montrent la tendance du trèfle associé à dynamiser la croissance du colza. Le colza associé au pois de printemps reste le moins développé. Il reste à mesurer l’incidence de cette différence de matière sèche sur le rendement.
L’évaluation de la technique du colza associé passe encore par l’intégration de nombreux autres critères comme le mode d’implantation. Cela fera l’objet des prochaines expérimentations qui seront renouvelées dès l’année prochaine.
* Site mis en place par la CA 89 et co-suivi par l’Inra de Versailles