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Nouveaux méteils

De réels atouts

Pour gagner en autonomie protéinique, les méteils, on en parle, mais
quels résultats, quels enseignements pour les exploitants qui ont
introduit cette nouvelle technique ? Bilan des essais méteils 2015-2016,
pilotés par Acsel Conseil Elevage.
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Le semis de méteils très riches en protéagineux, récoltés au stade très immature, se développe, notamment dans le département voisin de l’Ain. Une technique qui répond à un triple objectif : du rendement, de la protéine et un effet agronomique structurant.
En Dombes, cette pratique est-elle apparue depuis trois ans chez les éleveurs en quête d’autonomie protéique et agronomique. Les méteils traditionnels - avec une part importante de céréales (80 à 120 kg/ha) - présentent peu d'intérêt dans ces conditions, car ils ne répondent pas aux objectifs. Ils sont moins productifs que le maïs et de valeur alimentaire inférieure à l’herbe. Pour valoriser des inter-cultures d’hiver en remplacement du ray-grass italien, ces éleveurs ont donc pensé à semer de nouveaux méteils apportant plus de rendement et plus de protéines et qu'ils peuvent récolter tôt pour ensuite installer un maïs.

Un mélange protéagineux


Ces nouveaux méteils sont constitués de 80 % de protéagineux et 20 % de céréales. Nous recommandons 15 à 20 kg/ha d'avoine, 40 à 60 kg/ha de féverole, 20 à 25 kg/ha de vesce et 40 à 60 kg/ha de pois fourrager. Pour les implantations de cet automne, nous proposons un ajout de trèfles squarrosum.
Pois et vesce sont les composantes principales du rendement azoté. Connues pour être des espèces versantes, elles peuvent s’appuyer sur un tuteur solide et riche en MAT, la féverole, ainsi que sur la céréale. Celle-ci a aussi le rôle de couverture du sol dans la phase d’installation ainsi que dans les zones où les protéagineux rencontreraient des difficultés.
Semés à l’automne, ces mélanges sont récoltés avant le maïs suivant. Cependant, pour être compétitifs vis-à-vis de l’achat de tourteau (soja ou colza), il est nécessaire de maximiser le rendement en azote : il faut semer dans des bonnes conditions, mais pas trop tôt pour limiter les risques de gel et récolter à l’optimum d’azote, c'est-à-dire au stade floraison/premières gousses du pois.
A la récolte, l'objectif est d'atteindre 30 % de matière sèche à l'ensilage, pour éviter les jus, lesquels réduisent la teneur en protéines du méteil et pour assurer une bonne conservation. Ces méteils n'étant qu'à 15 % de MS à la fauche, il faut donc les sécher avant de les ensiler. Aussi, le méteil est-il fauché à plat pour maximiser la surface de contact avec l'air, puis laissé au champ deux à trois jours. L'idéal est d'avoir au moins 10 cm de hauteur de coupe. Le fourrage se retrouve ainsi posé sur les chaumes. On évite alors le contact avec le sol. On améliore la ventilation du fourrage et on facilite le séchage. Le méteil est andainé le troisième ou quatrième jour et ensilé dans la journée avec l’ajout d’un conservateur.

Des valeurs alimentaires variables


Une cinquantaine d’analyses de méteils protéagineux ont été réalisées par le laboratoire Cesar de Ceyzériat en 2016. Les prélèvements ont été faits aux champs et les espèces ont été triées et analysées. Pour quatre parcelles, des échantillons espèces par espèces ont été prélevés à 10 jours d’intervalle autour du stade optimum de récolte. Des prélèvements ont également été faits sur les silos ou bottes enrubannées.
Dans le groupe d'éleveurs de la Dombes, en 2016 avec la sortie d’hiver très pluvieuse, deux périodes de récolte ont été observées.
La première période (fin avril, début mai) avec un stade tout début floraison du pois a permis des rendements entre 2,6 tonnes de MS (parcelle très malade, rémanence herbicide, problème d’hydromorphie du sol…) et 7 tonnes de MS pour une valeur MAT de 19 % de moyenne et 0,75 UFL.
La deuxième période (du 15 au 23 mai), avec un stade plus ou moins avancé selon les parcelles (entre floraison du pois et formation des gousses), a permi des rendements de 4 à 9 tonnes de MS pour une MAT de 16 % et 0,63 UFL.
Ces méteils récoltés tôt sont riches en protéines, mais assez pauvres en énergie, ce qui amène les éleveurs à compléter la ration avec du maïs grain humide broyé ou des épis entiers ensilés. Au lieu d'apporter un fourrage riche en énergie et de le compléter par un concentré azoté, ils apportent un fourrage riche en protéines et le complètent par un aliment riche en énergie.
A l’échelle de la parcelle, le bilan est intéressant avec deux récoltes qui fournissent 15 à 20 tonnes de MS/ha de fourrage sur un an. Les éleveurs cultivent en effet un maïs précoce après l’ensilage du méteil.
Les résultats moyens espèces par espèces au stade optimal montrent que les céréales diluent la MAT, mais permettent d’augmenter la digestibilité de la matière organique, une année où les féveroles se sont développées tout l’hiver en se lignifiant en excès… La valeur UFL est quant à elle détériorée par la proportion de féveroles dans le mélange. Les prélèvements réalisés 10 jours après le stade optimum montrent une réelle baisse de la valeur protéique de toutes les espèces présentes dans les essais mais surtout pour les céréales diluant ainsi encore plus la valeur MAT du mélange.
Nourrir avec de la protéine, compléter avec de l’énergie ! Nous aborderons prochainement la valorisation des méteils dans des rations hivernales.






Une valorisation à étudier


Pour ces méteils riches en protéagineux, le coût total des semences est certes élevé, environ 160 € par hectare, mais avec un travail du sol gratuit.
La rentabilité de la culture passe par la maîtrise des charges. Face à un coût de semence plus élevé qu’un ray-grass italien ou un mélange ray-grass italien trèfle, l’implantation du méteil doit se faire sans passages d’outils coûteux en fioul et en temps de travail… Sur ce dernier point, il est important de noter que les méteils riches en protéagineux correspondent tout à fait à une approche de simplification du travail du sol et de relance de l’activité biologique : un couvert hivernal entre deux maïs, constitué par des plantes à développement racinaire important et complémentaire, qui apporte de l’azote au système via la fixation symbiotique, qui joue un véritable travail agronomique. Un couvert qui permet de semer sans désherber des maïs au strip till…
Pour l’hiver 2016-17 plusieurs éleveurs sont allés au bout de leur réflexion et auront à disposition exclusivement des méteils et mélanges prairiaux ensilés ainsi que du maïs épi ou grain humide.
Le choix ayant été fait de supprimer l’ensilage Maïs plante entière pour faire manger un maximum de fibre et d’azote sans encombrer la vache avec de la canne de maïs qui elle servira de nourriture à la vie biologique des sols.





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