De vrais atouts…
colza s’impose peu à peu au détriment de celui de soja. Avec bien des
avantages, notamment économiques, mais pas seulement…
La campagne agricole du soja a connu en 2012-2013 deux événements majeurs : la sécheresse de l’été 2012 aux Etats-Unis qui a pénalisé la production du premier exportateur mondial, et l’appétit de la Chine qui s’est encore accentué. A lui seul, le premier importateur mondial représente les 2/3 des volumes mondiaux échangés en soja et ses besoins s’accroissent au rythme régulier de 5 millions de tonnes de graines par an, soit 5 % des échanges mondiaux actuels. Dans ce contexte, tiré par une demande chinoise toujours plus forte, le prix du tourteau de soja a connu durant l’année 2013 un niveau très soutenu et a subi une forte volatilité. Un pic a ainsi été atteint en juillet 2013 à Chicago (543 $/shT), soit 38 % plus cher que sa position en avril de la même année (391,7 $/shT) pénalisant alors les performances économiques des élevages, notamment en France où les filières animales sont confrontées à une crise majeure.
Le tourteau français de colza compétitif face au soja importé
Le ratio de prix entre le tourteau de colza et celui de soja était en novembre 2013 à 56 %. La hausse importante du prix du tourteau de soja au début de l’été 2013 a entrainé une baisse du ratio attestant d’une compétitivité accrue du tourteau de colza à cette période, laquelle s’est maintenue tout au long de l’automne 2013. Rappelons que le tourteau de colza est compétitif face à celui de soja pour les bovins laitiers, et ce dès que le ratio des prix passe sous les 80 %.
[WEB]Insérer ici le Graphe Compétitivité[/WEB]
De plus, les filières animales qui recherchent une origine non OGM pour leurs aliments doivent s’acquitter d’une prime supplémentaire sur le tourteau de soja de 70 à 90 €/tonne, ce qui représente un surcoût de 15 % par rapport au tourteau de soja standard. Elles doivent aussi composer avec une raréfaction de l’offre, notamment en provenance du Brésil qui a considérablement réduit ses exportations de soja non OGM.
La protéine d’origine française, produite à partir de colza répondant aux certifications non OGM, possède ainsi un avantage décisif pour la compétitivité des élevages français, notamment au travers de son niveau de prix face au soja d’importation.
Une offre en tourteau de tournesol High pro qui progresse
En 2013, en France, plus de 800.000 tonnes de tourteaux de tournesol décortiqué ont été consommées sur un total de tourteaux de tournesol de 1,3 million de tonnes. Avec un taux de protéine élevé (36 % contre moins de 30 % pour le tourteau de tournesol classique), ce tourteau offre une digestibilité facilitée qui permet son incorporation dans les aliments pour porcs et volailles. Il est en croissance notable du fait des importations en provenance de la zone Mer Noire, mais également du fait des investissements réalisés par l’industrie de la trituration qui a développé en France la production de tournesol High pro pour mieux servir la nutrition animale.
Remplacer le tourteau de soja par ceux de colza ou de tournesol est rentable
Une étude de formulation d’aliments composés a comparé une usine autorisant l’introduction des tourteaux de colza et tournesol à une usine ne les autorisant pas et ce, dans quatre contextes de prix de l’année 2013 : mars, juin, septembre et novembre.
L’étude conclut sur un gain moyen réalisé dans le cas de l’utilisation des tourteaux de colza et de tournesol de 9.000 € par an en moyenne par élevage.
Plus précisément, elle calcule une économie potentielle de :
- 3.500 € pour un élevage bovin de 100 vaches laitières (6 kg/vache/jour) ;
- 11.000 € pour un élevage porcin de 300 truies naisseur engraisseur (7 tonnes d’aliment pour la truie et sa suite) ;
- 13.000 € pour un élevage de 320.000 poulets (3,6 kg d’aliment par poulet).
Les professionnels ne s’y trompent pas
Depuis dix ans, la consommation de tourteau de soja a baissé de plus de 30 % passant de près de 5 millions de tonnes consommées par an à moins de 3,5 millions sur la dernière campagne et la consommation de tourteau de colza a doublé pour atteindre 2,3 millions de tonnes. Quant à la consommation de tournesol, elle a doublé depuis cinq ans, atteignant plus de 1,3 million de tonnes.
Néanmoins, dans l’avenir, l’optimum économique des élevages français passera par un renforcement de l’incorporation du colza et du tournesol car trop d’éleveurs négligent ou sous-utilisent ces matières premières essentielles à leurs performances technico-économiques.
Les tourteaux de colza et tournesol constituent de fait un atout décisif pour l’élevage français.
Des efforts croissants
La
Fédération des producteurs d’oléagineux et de protéagineux, la Fop, a à
cœur de défendre les producteurs français et donc bien sûr la
structuration de filières permettant de valoriser au mieux les débouchés
de leur production. Depuis trente ans, en étroite collaboration avec
les interprofessions, ces derniers ont contribué - grâce à la création
de Sofiprotéol, établissement financier et industriel de la filière - à
structurer une véritable filière de l’amont à l’aval de la production
oléoprotéagineuse. L’activité industrielle de Sofiprotéol est ainsi
organisée en deux grands pôles qui lui permettent de couvrir les
différents débouchés des graines oléoprotéagineuses françaises :
- le pôle végétal qui va de la trituration des graines oléagineuses
(Saipol) à leur valorisation au travers de l’huile alimentaire et des
condiments (Lesieur et Lesieur Générale Condimentaire), du diester
(Diester
Industrie) et enfin de l’oléochimie (Oléon Novance) ;
- et le pôle animal avec en particulier Glon Sanders, qui renforce la présence de Sofiprotéol dans le monde animal.
Avoir l’histoire en tête…
En 1973, l’embargo sur les exportations américaines de soja entraîna une
subite flambée des cours qui fit clairement apparaître au grand jour la
dépendance de l’Europe en matière de protéines végétales.
Depuis, les producteurs n’ont eu de cesse de rétablir ce déséquilibre en
relançant la production de plantes riches en protéines (au travers
notamment des différents plans Protéine…) et la production de tourteaux
au travers des cultures oléagineuses. Doucement, mais sûrement et pas
encore suffisamment certes, ces efforts ont payé puisque aujourd’hui, en
France, le déficit en protéines végétales se situe autour de 40 à 45 %
alors qu’il était supérieur à 70 % dans les années 1970.
Des efforts à amplifier
Pour la Fop, les efforts engagés doivent être amplifiés. Et les faits lui donnent raison :
- une étude comparative réalisée dans le contexte de prix de l’année
2013 (mars, juin, septembre et novembre) entre une usine de fabrication
d’aliment du bétail autorisant l’introduction des tourteaux de colza et
de tournesol à une usine ne les autorisant pas. Cette étude conclut que
l’usine autorisant l’introduction de ces tourteaux a réalisé un gain
substantiel en 2013. La Fop attire toutefois l’attention sur la
temporalité de l’étude, le contexte de prix des tourteaux étant très
variable, ce qui est valable pour une période donnée peut tout à fait ne
pas l’être dans les mois qui suivront…
- le pôle animal de Sofiprotéol a réalisé depuis dix ans des efforts
conséquents pour s’affranchir des importations de tourteaux de soja.
Trois graphiques illustrent l’évolution de la consommation de tourteaux
du pôle animal. Ils montrent clairement que la consommation de tourteaux
de soja est passée de 64 % en 2004 sur une consommation totale de
tourteaux de 225.000 tonnes, à 28 % en 2013 sur une consommation en
hausse, à 445.000 tonnes.
Ces informations démontrent l’engagement direct de la filière
oléoprotéagineuse française dans le renforcement des synergies entre le
monde animal et le monde végétal.