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Acteurs du biocontrôle

Des acteurs du biocontrôle craignent de subir un coup d’arrêt

La prochaine séparation entre vente et conseil en phytos va-t-elle marquer un coup d’arrêt pour le biocontrôle ? Cette question a animé les débats le 21 janvier au colloque de l’IBMA (entreprises du biocontrôle).

Par Publié par Cédric Michelin
Des acteurs du biocontrôle craignent de subir un coup d’arrêt

« L’obligation de séparation des activités de vente et de conseil (en phytos, NDLR) s’applique bien aux distributeurs de produits de biocontrôle », a confirmé Virginie Alavoine, chef de service des actions sanitaires en production primaire à la DGAL (ministère de l’Agriculture), créant la surprise pour certains congressistes. Prévue au 1er janvier 2021, cette mesure inscrite dans la loi Egalim va-t-elle stopper l’élan du secteur ? Les 6e Rencontres de l’IBMA ont montré une inquiétude chez des intervenants.

Une difficile séparation

Baptiste Breton, directeur technique de la coopérative La Tricherie, a dit redouter « un coup d’arrêt à la dynamique de développement du biocontrôle ». Sa collecte est en partie achetée par un industriel de l’agroalimentaire qui lui réclame du blé CRC (culture raisonnée contrôlée) et HVE (haute valeur environnementale). D’où une interrogation à partir du moment où le conseiller et le vendeur de phytos seront deux interlocuteurs distincts : « Comment vérifier la conformité des applications » vis-à-vis du cahier de charges ?

Pour Sandrine Hallot, directrice du pôle Métiers à la FNA (négoce), l’avenir des groupes dits « 30.000 » est en jeu. Cette démarche Ecophyto 2, sur l’accompagnement de 30.000 exploitations dans la transition vers l’agroécologie à bas niveau de phyto, est « beaucoup portée par le négoce » et aussi les coopératives. Problème, elle relève du conseil qui est mis en balance avec la vente de phytos. La séparation des deux activités soulève « un problème de cohérence » avec l’objectif de promouvoir le biocontrôle, considère Sandrine Hallot.

Des marges de progression

De nombreux voyants semblent toutefois au vert pour le secteur. Même les grandes cultures se mettent au biocontrôle. C’est là que la marge de progression est la plus grande, avec moins de 5 % des itinéraires techniques concernés dans le réseau Dephy contre près de 100 % en cultures pérennes, d’après les chiffres du chef de projet Nicolas Chartier. A La Tricherie, Baptiste Breton note lui un prix « légèrement plus cher » mais compensé par une plus-value. La coopérative paye en effet 200 € la tonne pour le contrat en blé CRC et HVE. « D’accord pour produire mieux, mais il faut rémunérer l’agriculteur », déclare le directeur technique.