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Journée internationale des droits des femmes

Des agricultrices égales des agriculteurs

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, la Commission des agricultrices de la FDSEA de Saône-et-Loire se rendait à Saint-Cyr, la veille du 8 mars, pour une visite de l’exploitation de Joëlle et Stéphane Goubard. L’occasion de passer de nombreux messages aux élus.

Par Cédric Michelin
Des agricultrices égales des agriculteurs

Le député de la Bresse (4e circonscription), Éric Michoux a vite appris que la Commission est là pour défendre les droits et le respect dus aux agricultrices. Lorsqu’il a commencé sa phrase par « femmes d’agriculteurs », de gentilles hués ont retenti dans la Maison du patrimoine à Saint-Cyr. Pas de quoi déstabiliser le député, mais juste ce qu’il faut pour rappeler à tous s’il le fallait, que l’égalité n’est pas encore parfaite sur bien des points entre Femmes et Hommes, y compris dans les expressions françaises.

Mais, ce n’est pas le seul champ d’inégalité. La présidente de la Commission, Hélène Doussot-Sassot le déplore : « nous ne sommes pas totalement reconnues pour tout notre boulot », alors que la douzaine d’agricultrices engagées au niveau départemental, « a à cœur de communiquer » en direction du grand public pour mettre en avant le beau métier d’agricultrice et d’agriculteur. Une présence féminine pourtant bienvenue dans de nombreux événements : Rallye du Grand Charolais, Carrefour des carrières à Tournus (700 enfants ont participé au Forum), l’opération Fermes ouvertes (2.000 enfants sensibilisés), le trophée des Lauriers d’or, une nouvelle pièce de théâtre (Nanas des champs) et la participation à Octobre Rose avec une Marche Rose aux Bizots juste avant, fin septembre. « Cela fait dix gros événements pour une douzaine d’adhérentes », cherchait à recruter la Commission. Dernière recrue de choc, Joëlle Goubard qui faisait découvrir son exploitation en bovins allaitants et grandes cultures à la Commission, aux élus venus nombreux, avec notamment la sénatrice Marie Mercier, la déléguée à l’égalité au Département, Nathalie Damy et son collègue, Jean-Claude Bécousse du canton de Tournus.

D’ailleurs, le samedi 8 mars, pour la Journée internationale des droits des femmes, le conseil départemental lançait une exposition photo pour « mettre en avant des femmes inspirantes du département » et lancer un débat avec trois femmes « contemporaines » dont la présidente des Agricultrices.

Pour la Commission des Agricultrices, même si « le quotidien a beaucoup évolué, le stress mental a des conséquences dramatiques », expliquait Hélène Doussot-Sassot. Attaques de loups, crises sanitaires ou « paperasserie » s’accumulent en plus de tout le reste à faire. « C’est épuisant, mais on aime notre métier. On veut juste bosser dans de bonnes conditions ». Tout comme les Hommes donc. Alors, comment expliquer que 100.000 agricultrices en France – un « agriculteur » sur quatre donc – soient invisibilisées dans l’esprit collectif ? En Bourgogne-Franche-Comté, les statistiques soulignent une installation autour de 40 ans « après une autre carrière ou après avoir eu des enfants », principalement dans des productions ovine, caprine ou en viticulture (un quart des installations des agricultrices), suivis par les cultures (18 %) et en bovins (18 %). En Gaec, associée à son cousin, Justine Petiot est justement éleveuse de charolaises et est la benjamine de la Commission. « On ne travaille plus comme avant, on a le double, voire le triple de bêtes et de surfaces, avec tellement de déclarations à faire, qu’on a la boule au ventre de mal faire », avant de retrouver sa famille et son petit garçon de 2,5 ans. Angèle Gauthier, aujourd’hui à la retraite, se félicite en tout cas de sa liberté à exprimer ses forces et ses faiblesses, alors qu’à son époque, elle « n’était pas écoutée. Je n’avais pas trop mon mot à dire ». L’inégalité se poursuit même après, avec une retraite de « 650 € par mois ». Le double pour son mari. Elle aurait mérité autant que lui et tous les deux bien plus, autre combat syndical.

Dans les cours de ferme, cela doit se traduire par le même respect pour toutes et tous. Mais aussi par des évolutions des techniques agricoles ou pour faire avancer les équilibres vie privée, vie professionnelle. Des avancées qui profiteront à toutes et à tous en plus.

Marche Agri’Rose : un chèque remis à l’association Toujours Femme

La Commission des Agricultrices a remis le chèque des bénéfices récoltés lors de la Marche Agri’Rose à l’association Toujours Femme. 400 marcheurs et 50 cyclistes s'étaient élancés pour la bonne cause. La présidente de l’association, Catherine Rochet remerciait chaleureusement la Commission, tous les bénévoles, la mairie, les partenaires (Crédit Agricole, Groupama, la Confrérie charolaise d’Autun-Creusot, MSA, Bourgogne du Sud, Cave de Lugny, Proxy Montcenis) et l’association des arts Biz’Otin. L’association Toujours femme a besoin de ses dons généreux pour accompagner les femmes ayant ou ayant eu un cancer du sein puisque la « souffrance psychologique » peut perdurer même après la rémission. « C’est plus de 2.000 heures d’accompagnement par an ». Si 250 femmes adhèrent, il est possible de bénéficier de « soins » même sans adhérer. De véritables « copines qui ont partagé des épreuves », entendait-on dans la salle pour souligner les liens forts qui les unissent. Et pour maximiser ses chances d’éviter un cancer du sein, « dépistez-vous Mesdames. C’est important de les détecter tôt pour avoir plus de chance de guérir ». L’association est aussi là pour faire de la prévention.