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Villes et campagnes bourguignonnes

Des agricultures contrastées

En Bourgogne, la disparition d’exploitations agricoles est plus importante dans les pôles urbains qu’en périphérie et dans l’espace rural.
Cependant, les structures restantes voient leur surface augmenter. Malgré une forte diminution des effectifs en dix ans, maraîchage et horticulture sont toujours bien représentés en ville. Bénéficiant de la proximité des consommateurs, la commercialisation en circuit court y est deux fois plus fréquente que dans les autres territoires. Compte-tenu de ces spécificités, l’agriculture urbaine nécessite proportionnellement plus de main d’œuvre et fait plus souvent appel au salariat. Peu spécifique, l’agriculture périurbaine est très semblable à celle des espaces ruraux proches.
Par Publié par Cédric Michelin
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Le territoire bourguignon se répartit en trois ensembles caractérisés par leurs liens avec la ville en matière d’emplois. En 2010, la Bourgogne compte ainsi 16 pôles urbains sur 76 communes offrant au moins 5.000 emplois. Leurs couronnes, territoires dont les résidents vont dans ces pôles pour leur travail, couvrent 675 communes. Le territoire peu influencé par la ville concerne finalement 68 % de la surface régionale et 35 % de la population.

Les exploitations urbaines



En 2010, les pôles urbains sont le siège de 4 % des exploitations. Ces structures urbaines valorisent 3 % des surfaces et représentent 5 % de l’emploi agricole. Au cours de la dernière décennie, une exploitation urbaine sur trois a disparu, soit une proportion plus importante qu’au niveau régional (23 %). Au cours de la même période, la surface totale exploitée est stable (+ 0,5 %). Le recensement agricole ne permet toutefois pas de localiser les surfaces qui sont ramenées à la commune du siège des exploitations. Les surfaces peuvent donc appartenir à différents ensembles territoriaux.
L’évolution de cette surface n’est pas homogène : elle progresse dans la moitié des pôles et diminue dans l’autre moitié. La plus forte baisse est enregistrée pour le pôle de Dijon (- 13 %) alors que la progression la plus importante concerne le pôle de Paray-le-Monial (+ 38 %). Conséquence de cette restructuration, les exploitations se sont agrandies : en 2010, elles exploitent en moyenne 63 hectares contre 42 en 2000. Elles sont cependant plus petites que la moyenne régionale (87 hectares). L’activité dominante est l’élevage d’herbivores, pratiqué par un tiers d’entre elles. Malgré la disparition de près de 60 % des exploitations mixtes polyculture-polyélevage depuis 2000, il n’y a pas de spécialisation dominante et le triptyque bourguignon élevage allaitant, grandes cultures et viticulture concerne six exploitations sur dix. Les villes se caractérisent surtout par l’importance du secteur maraîchage horticulture : un quart des exploitations spécialisées dans cette activité y sont situées. Toutefois, elles ont été nombreuses à cesser leur activité au cours de la dernière décennie : une sur deux a disparu contre une sur quatre au niveau régional.
La proportion d’exploitations de faible dimension économique (moins de 25.000 € de production brute standard, PBS) est plus élevée dans les pôles urbains : un tiers des exploitations sont dans ce cas, contre un quart dans la région.
Malgré leur petite taille, les exploitations des villes nécessitent plus de main d’œuvre : on compte 2,3 UTA par exploitation urbaine en moyenne contre 1,7 dans la région. La main d’œuvre est moins familiale et le salariat plus développé que dans les autres territoires. Les exploitants des villes sont plus âgés que la moyenne : 51 ans contre 49. 61 % des exploitations urbaines comptent au moins un exploitant âgé de 50 ans ou plus. Parmi ceux-ci, plus de la moitié ne connaissent pas leur successeur et un sur cinq affirme que son exploitation va disparaître. Les exploitants urbains ont une formation générale plus poussée : 24 % d’entre eux ont au moins le niveau baccalauréat contre 18 % des ruraux. Par contre, ils sont plus nombreux à n’avoir aucune formation agricole : 42 % contre 37 % pour la moyenne régionale. Les femmes sont un peu plus nombreuses à la tête d’exploitations urbaines (19 % contre 17 % ailleurs). L’agriculture urbaine bénéficie de la proximité des consommateurs. Ainsi, les exploitations des villes sont proportionnellement deux fois plus nombreuses à vendre en circuit court (19 % contre 10 %). La commercialisation de légumes est la plus fréquente. La
vente à la ferme constitue le principal mode de commercialisation en circuit court, dans 46 % des cas.
Cependant, les agriculteurs urbains en circuit court fréquentent plus souvent les marchés, 38 % contre 26 % pour les autres exploitations en circuit court. Les agriculteurs urbains ne se distinguent pas en matière de production biologique, à hauteur de 4 %.

Les exploitations de la périphérie et de l’espace rural



Trois exploitations bourguignonnes sur dix ont leur siège situé en couronne urbaine. La surface agricole ainsi mise en valeur représente 27 % de la surface régionale. Toutefois, ces exploitations périurbaines sont celles qui ont le plus souffert de la perte de terres agricoles : la surface totale qu’elles mettent en valeur a diminué de 1,5 % en dix ans, deux fois plus qu’au niveau régional. Elles exploitent en moyenne 83 hectares, contre 64 en 2000. L’activité économique dominante de ces fermes réside dans les productions végétales, grandes cultures pour 32 % et viticulture pour 26 %. L’élevage
d’herbivores ne concerne que 25 % d’entre elles contre 39 % au niveau régional. C’est dans ce territoire que la proportion d’exploitations de grande dimension économique (PBS supérieure à 100.000 €) est la plus forte : 46 %, contre 41 % dans la région.
L’espace bourguignon à dominante rurale regroupe les deux tiers des exploitations et des emplois agricoles. Ces structures exploitent en moyenne 90 hectares. C’est dans ce territoire que se concentrent près de 80 % des exploitations spécialisées dans l’élevage d’herbivores, en particulier de bovins allaitants. C’est également là que la part d’exploitations viticoles ou maraîchères est la plus faible.
Les exploitations périurbaines et rurales ont des caractéristiques proches. En dix ans, près d’un quart d’entre elles ont disparu, manifestant ainsi une même résistance à l’érosion. L’âge moyen (49 ans) des exploitants est identique, tout comme le nombre moyen d’actifs par exploitation (1,7 UTA). La structure de la main d’œuvre est très voisine : environ 70 % du travail est réalisé par la famille et 20 % par des salariés permanents. Dans les deux
territoires, une exploitation sur dix commercialise via des circuits courts, surtout par la vente en ferme.

Légumes et fleurs des villes



Un producteur de légumes frais sur cinq est situé en ville. Si ces producteurs urbains ne mettent en valeur que 5 % des surfaces en légumes, ils exploitent 31 % des surfaces cultivées sous serre ou sous abri haut et 7 % des surfaces en plein air consacrées au maraîchage. Les principaux légumes cultivés sont la salade (14 % des surfaces régionales), l’oignon et la tomate (28 %). 39 % des producteurs de légumes urbains sont spécialisés dans cette activité.
Les autres producteurs sont essentiellement spécialisés en horticulture (38 %) ou en grandes cultures (11 %). Trois pôles urbains concentrent l’essentiel des exploitations maraîchères : Chalon-surSaône (30 %), Louhans (29 %) et Dijon (12 %). Situés à proximité des consommateurs, les maraîchers urbains sont nombreux à écouler leur production via des circuits courts (79 %). La vente sur les marchés constitue leur principal mode de commercialisation (42 %) devant la vente à la ferme (22 %) et en paniers (10 %). Cependant, les maraîchers urbains sont proportionnellement moins nombreux à être engagés en agriculture biologique que ceux du reste du territoire : 8 % contre 18 %.
L’horticulture est également une particularité de l’agriculture urbaine. 35 % des producteurs bourguignons sont installés dans un pôle urbain. Ils exploitent 38 % des surfaces ornementales en plein air ou sous abri bas. La quasi-totalité d’entre eux sont spécialisés dans cette activité (95 %) tandis que les trois quarts commercialisent des produits de leur exploitation via des circuits courts.
Les agglomérations de Chalon-sur-Saône surtout, et de Louhans, regroupent la moitié des producteurs, mais aucun pôle urbain bourguignon n’en est totalement dépourvu. Au cours des 10 dernières années, les horticulteurs urbains ont été plus touchés que les autres par des arrêts d’activité : leur nombre a ainsi diminué de 43 % contre 27 % dans le reste du territoire bourguignon.

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