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Interview de Jérôme Despey

Des aléas plus fréquents et touchant des vignobles entiers

Suite aux aléas climatiques qui ont touché au printemps, puis en été, une partie importante du territoire français, les vendanges ont commencé avec beaucoup d’avance et surtout, la récolte à venir s’annonce comme la plus faible depuis 1945. Jérôme Despey fait le point sur cette année exceptionnelle à plusieurs niveaux.


 

Par Publié par Cédric Michelin
Des aléas plus fréquents et touchant des vignobles entiers

En quoi l’année 2017 est-elle particulière pour la viticulture ?

Jérôme Despey : Cette année 2017 est exceptionnelle en tous points. Premièrement, au niveau de la précocité des vendanges, qui ont débuté dans les principales régions avec 15 jours à trois semaines d’avance. Ce phénomène est lié à la canicule qui a eu lieu fin mai, au moment de la fleur, dans de nombreuses régions, et la maturité du raisin a également été accrue avec les épisodes de chaleur qui ont ponctué les mois de juillet et d Août. Je suis viticulteur depuis 30 ans dans l’Hérault, jamais je n’avais commencé les vendanges un 10 août !

L’exceptionnalité de cette récolte se confirme aussi, malheureusement, par l’ampleur des dégâts qu’a causés le gel du printemps et qui a touché l’Aquitaine, la Charente, le Val de Loire, l’Est et quelques départements d’Occitanie. La sécheresse a ensuite eu des conséquences dans le Sud-Est, de la Provence jusqu’au Beaujolais, le tout impactant fortement la récolte, estimée à 37,2 millions d’hectolitres, soit la plus faible depuis 1945. Cette alternance de chaud et de froid a par ailleurs entraîné un phénomène de coulure. On n’a pas eu le nombre de grains escompté sur les grappes, et le poids des baies est également plus faible que prévu. Partout où l’on a vendangé, on se rend compte que là où l’on pensait avoir un peu moins, on a finalement beaucoup moins que prévu.

Cela fait plusieurs années que la production est fortement impactée par les aléas climatiques. Quelles leçons faut-il en tirer ?

J. D. : Je regrette vivement le manque d’ambition sur le développement de l’assurance. Aujourd’hui, en moyenne, seuls 20 % du vignoble sont assurés. Ces dernières années, on constate que les aléas sont de plus en plus fréquents et ont des impacts de plus en plus importants et peuvent toucher des vignobles entiers quand avant, la récolte s’équilibrait entre les différentes parcelles. L’argument du coût qui serait trop cher pour les viticulteurs ne tient pas. Nous avons travaillé au niveau de la filière pour mettre en place un contrat socle, des catégories, et aujourd’hui avec la subvention de 65 % sur le contrat socle, l’acceptabilité y est. En revanche, deux points posent problème : le seuil de déclenchement, que nous voulons abaisser de 30 % à 20 %, et le calcul à partir de la moyenne olympique, que nous voulons remplacer par le rendement butoir prévu dans le cahier des charges. Le Ministre nous recevra le 14 septembre. Nous voulons obtenir des réponses sur ces questions. Mais il existe aussi d’autres outils de prévention du risque auxquels le viticulteur peut recourir : volume complémentaire individuel, épargne de précaution. Il n’est plus possible de rester dans cette situation, sans se protéger du risque, d’autant plus qu’en dehors des pertes de fond, les viticulteurs ne peuvent plus être indemnisés par le fonds de calamité agricole, car les dégâts sont assurables.

Des aléas plus fréquents et touchant des vignobles entiers

Des aléas plus fréquents et touchant des vignobles entiers

En quoi l’année 2017 est-elle particulière pour la viticulture ?

Jérôme Despey : Cette année 2017 est exceptionnelle en tous points. Premièrement, au niveau de la précocité des vendanges, qui ont débuté dans les principales régions avec 15 jours à trois semaines d’avance. Ce phénomène est lié à la canicule qui a eu lieu fin mai, au moment de la fleur, dans de nombreuses régions, et la maturité du raisin a également été accrue avec les épisodes de chaleur qui ont ponctué les mois de juillet et d Août. Je suis viticulteur depuis 30 ans dans l’Hérault, jamais je n’avais commencé les vendanges un 10 août !

L’exceptionnalité de cette récolte se confirme aussi, malheureusement, par l’ampleur des dégâts qu’a causés le gel du printemps et qui a touché l’Aquitaine, la Charente, le Val de Loire, l’Est et quelques départements d’Occitanie. La sécheresse a ensuite eu des conséquences dans le Sud-Est, de la Provence jusqu’au Beaujolais, le tout impactant fortement la récolte, estimée à 37,2 millions d’hectolitres, soit la plus faible depuis 1945. Cette alternance de chaud et de froid a par ailleurs entraîné un phénomène de coulure. On n’a pas eu le nombre de grains escompté sur les grappes, et le poids des baies est également plus faible que prévu. Partout où l’on a vendangé, on se rend compte que là où l’on pensait avoir un peu moins, on a finalement beaucoup moins que prévu.

Cela fait plusieurs années que la production est fortement impactée par les aléas climatiques. Quelles leçons faut-il en tirer ?

J. D. : Je regrette vivement le manque d’ambition sur le développement de l’assurance. Aujourd’hui, en moyenne, seuls 20 % du vignoble sont assurés. Ces dernières années, on constate que les aléas sont de plus en plus fréquents et ont des impacts de plus en plus importants et peuvent toucher des vignobles entiers quand avant, la récolte s’équilibrait entre les différentes parcelles. L’argument du coût qui serait trop cher pour les viticulteurs ne tient pas. Nous avons travaillé au niveau de la filière pour mettre en place un contrat socle, des catégories, et aujourd’hui avec la subvention de 65 % sur le contrat socle, l’acceptabilité y est. En revanche, deux points posent problème : le seuil de déclenchement, que nous voulons abaisser de 30 % à 20 %, et le calcul à partir de la moyenne olympique, que nous voulons remplacer par le rendement butoir prévu dans le cahier des charges. Le Ministre nous recevra le 14 septembre. Nous voulons obtenir des réponses sur ces questions. Mais il existe aussi d’autres outils de prévention du risque auxquels le viticulteur peut recourir : volume complémentaire individuel, épargne de précaution. Il n’est plus possible de rester dans cette situation, sans se protéger du risque, d’autant plus qu’en dehors des pertes de fond, les viticulteurs ne peuvent plus être indemnisés par le fonds de calamité agricole, car les dégâts sont assurables.